Retrait du Niger de la CEDEAO : Des interrogations sans réponses !

Le dimanche 28 janvier 2024, la République du Niger annonce dans un communiqué lu à la télévision nationale, son retrait de la Communauté Economique des Etats d’Afrique de l’Ouest (CEDEAO). Une annonce qui a surpris plus d’un observateur, car les deux parties étaient engagées dans des pourparlers dont le dernier épisode date seulement du 25 janvier dernier. Rien ne présageait pourtant d’une issue aussi radicale.

Brusque, surprenante, radicale, tels sont les qualificatifs qui reviennent dans toutes les analyses pour qualifier la décision du Niger. La surprise passée, il convient tout de même de noter qu’une telle décision relève de la souveraineté de chaque Etat membre. Il peut quitter ce regroupement créé en 1975, en toute souveraineté comme toute autre instance. C’est du reste prévu par les traités de l’organisation. Du traité fondateur à l’acte modifié, tous ont fait une place et indiqué la procédure y afférente.

Qu’elle soit respectée ou pas, la procédure enclenchée a des conséquences non négligeables. Sur le plan économique, le Niger a pour principal fournisseur le Nigéria qui constitue également la principale débouchée pour ses exportations. Pour le Mali, ce sont le Sénégal et la Côte d’Ivoire qui arrivent en tête des fournisseurs pendant que ce dernier pays constitue le principal acheteur des productions maliennes. Quant au Burkina Faso, c’est surtout la Côte d’Ivoire qui est à la fois son principal fournisseur des produits et services mais aussi acheteur.

Le Niger a ses plus fortes diasporas en Côte d’Ivoire, au Nigéria, au Ghana. Le Mali et le Burkina disposent tous deux d’une très grande diaspora en Côte d’Ivoire. Ces échanges sociaux dénués pour la plupart de formalités administratives lourdes seront assujetties à des normes nouvelles et qui varieront d’un pays à un autre, selon les termes des accords qui seront trouvés.

Ces échanges sont facilités par la libre circulation des personnes et des biens, garantie par les instruments de la CEDEAO. Que faire maintenant ? Il s’agit pour ces trois Etats de trouver des accords bilatéraux avec ces pays, afin de permettre la poursuite des échanges entre eux. Quelles en seront les nouvelles conditions ? Quand est-ce que ces nouveaux instruments verront le jour ?

Le Niger a-t-il mesuré les conséquences de cet acte ? Oui, présume-t-on.

En attendant de voir plus clair dans les ambitions de nos dirigeants, les populations elles, sont divisées. D’une part se trouve les partisans d’une ligne dure qui promeuvent une autarcie qu’ils appellent souveraineté. D’autre part, les populations qui seront les plus impactées. Celles-ci se trouvent, au Niger, dans les régions de Dosso, Tahoua, Maradi, Zinder, Diffa et Agadez dans une certaine mesure. Ces populations nigériennes vivent déjà le martyr en raison des limitations des échanges dues aux sanctions que subi le Niger depuis l’interruption du processus démocratique, consécutif aux événements du 26 juillet 2023. Que dire de la rupture annoncée ?

Ces populations sont-elles sacrifiées sur l’autel d’un rapprochement idéologique ? Ne sont-elles point au centre des préoccupations des autorités ? Leur bonheur est-il incompatible avec la marche du Niger nouveau ?

Ce sont là quelques interrogations qui ne cessent de tarauder les esprits et qui ne trouvent point de réponses dans l’action du gouvernement de la République pour laquelle ils ont enduré et supporté tant de privations et de souffrances.

Oumou Gado