Le sommet des Chefs d’Etat et de Gouvernement de la Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), tenu le 24 février dernier, ainsi que celui de l’Union économique et monétaire ouest africaine (UEMOA) ont décidé de la levée des sanctions prises contre le Niger, suite aux évènements du 26 juillet 2023 ayant occasionné la chute du régime du président Bazoum Mohamed. L’essentiel des sanctions qui impactaient directement le vécu quotidien des millions de Nigériens a été levé.
Cette décision des organisations régionales a favorablement été bien accueillie par l’écrasante majorité de la population qui souffrait dans sa chaire, les effets desdites sanctions. En dépit de cet enthousiasme qu’exprimait la masse silencieuse des nigériens, certains activistes sociaux se sont vite montés au créneau pour chercher à saper cette joie des nigériens, estimant que le pays n’a aucunement pas besoin de cette levée des sanctions.
Pourtant, depuis que ces sanctions qualifiées d’« inhumaines, immorales, iniques et injustes » ont été prises à l’encontre du Niger, jusqu’au jour du sommet du 24 février dernier qui a consacré leur levée, ces acteurs sociaux ne cessaient d’évoquer ces sanctions dans leurs discours et autres déclarations de soutien aux autorités militaires du CNSP pour exiger leur levée.
Aujourd’hui qu’elles sont presque levées, en tout cas pour l’essentiel, ces mêmes acteurs reviennent pour dire que le Niger rejette cette levée des sanctions, oubliant que le peuple y souffrait énormément de cet embargo. Un peuple exposé à une hausse vertigineuse des prix de denrées de première nécessité ainsi qu’à leur accessible. A travers leurs canaux de communication, ces activistes vont jusqu’à proposer aux autorités du pays d’ignorer et de ne pas considérer cette levée des sanctions, sans pour autant rien leur proposer allant dans le sens de sortir la population des effets néfastes de toutes ces sanctions dans lesquels elle végétait depuis sept mois.
Un appel de pied qui sonne comme une invite à l’endroit des autorités de la transition pour le maintien de la population dans la souffrance. Toute chose que beaucoup des nigériens qui ont encore leurs têtes sur les épaules ont condamné et fustigé, tout en appelant ces mêmes autorités à des choix raisonnés après les dures moments vécus par les nigériens sous l’effet des sanctions que la CEDEAO et l’UEMOA leur ont imposé.
Cet appel émanant de ces nigériens qui redoutent encore des nouvelles épreuves, plus dures que celles vécues les mois passés voudrait tout simplement attirer l’attention des autorités de transition que tout ne pas à rejeter ou à ignorer dans cette levée des sanctions. Une allusion faite surtout aux mesures qui impactaient directement sur le vécu quotidien des nigériens, notamment l’accessibilité aux produits de première nécessité (devenus très chers), les médicaments, certains biens et services, mais aussi la libre circulation des personnes et des biens liée à la réouverture des frontières avec certains pays voisins dont nous partageons un destin commun dans plusieurs domaines de la vie.
D’où l’impérieuse nécessité pour les autorités actuelles du pays d’opérer des choix raisonnés à même de rassurer les populations que le Niger s’est véritablement engagé sur la voie de la reconquête de sa souveraineté, longtemps mise à mal par ceux-là que l’on considérait comme étant des partenaires au développement.
Ces choix raisonnés renvoient entre autres, à la redéfinition de certains partenariats bi et multilatéraux jugés peu profitables au Niger et à son peuple. Il ne s’agit pas là de rompre toute relation avec certains partenaires (considérés aujourd’hui par certains acteurs politico-sociaux comme infréquentables), mais de les réétudier afin qu’ils répondent aux réelles préoccupations et intérêts du peuple nigérien.
Etant resté longtemps dépendant de certains pays de la sous région pour son approvisionnement en produits de grande consommation, notamment les vivres et autres biens et services, le Niger, sous cette ère de l’affirmation de sa souveraineté, doit rapidement orienter ses réflexions sur comment acquérir son indépendance, tant alimentaire qu’énergétique, ce qui lui permettrait de réduire cette dépendance et pouvoir s’affirmer dans son combat pour un développement de son peuple.
Dans divers autres domaines de la vie sociale et politique, ces choix raisonnés s’imposent aux autorités qui ont aujourd’hui la charge de conduire aux destinées des 26 millions de nigériens. La tâche est véritablement énorme pour les décideurs actuels du pays qui ne doivent en aucun cas permettre à certains acteurs sociopolitiques à « agenda politique caché » de les dérouter des objectifs de la mission qu’ils se sont donnés. C’est en agissant de la sorte que le Niger pourrait acquérir sa véritable indépendance.
Oumar Issoufa