Editorial : De la nécessité de nettoyer les écuries d’Augias…

‘’Nettoyer les écuries d’Augias’’, cette expression, empruntée à la mythologie grecque, signifie au sens propre (comme au figuré), faire un grand nettoyage en employant des méthodes radicales, selon l’encyclopédie en ligne. En effet, le nettoyage des écuries d’Augias était l’un des douze travaux d’Hercule. Pour cela, il détourna les fleuves Alphée et Pérée afin de leur faire traverser les écuries. Le résultat fut spectaculaire : Hercule a pu nettoyer les déchets de 30 ans de 3000 bœufs !

De scandales en scandales depuis l’érection de la 7ème République, la situation interpelle le chef de l’Etat pour donner une suite à l’opération Maiboulala. Cette semaine au Gabon, pour donner confiance aux citoyens, Ali Bongo est en train de faire le grand ménage au sein de la haute administration à travers ‘’l’opération scorpion’’. Dans la même lancée, notre voisin Idriss Déby du Tchad vient de livrer à la justice le Secrétaire général de la Présidence, de surcroit un ancien Premier ministre pour corruption aggravée.

Au Niger même, l’on se souvient, pour soigner l’image de marque du Gouvernement, des pontes du régime à savoir Ouhoumoudou Mahamadou et Kalla Ankourao (à l’époque respectivement ministre des finances et ministre de l’équipement) ont été démis de leurs fonctions.

Entretemps, beaucoup d’eau a coulé sous les ponts. Les affaires des plus scabreuses ont été révélées par la presse, la Haute autorité de lutte contre la corruption et infractions assimilées (HALCIA). De proche en proche, l’impunité ou le laxisme dans la répression de la prévarication entache de plus en plus le Gouvernement de Brigi Rafini.

A bien d’égards, si on n’y prend garde, l’image du Gouvernement en place est en passe d’être à jamais écornée. A preuve, le nième scandale, cette semaine, vient de mettre en évidence la putréfaction avancée du système de sorte que le scrupule et le sens de l’Etat ont déserté les consciences de certains membres du Gouvernement.

Quand l’on s’intéresse véritablement à lutter contre le phénomène de la corruption au Niger, on se rend à l’évidence que la corruption n’a pas de couleur politique. Il y a qu’hier comme aujourd’hui elle sévit sur le pays : les individus s’enrichissent en appauvrissant l’Etat et par ricochet aggravent les conditions de vie déjà très insupportables de notre peuple.

En réponse à un internaute (en janvier 2017) sur twitter, qui voudrait savoir qu’en est-il de l’opération Maiboulala, le Président de la République a répondu en ces termes : « L’opération se poursuit. La corruption est une véritable plaie pour notre société. Des efforts sont faits. Le Niger est passé de la 134e à la 99e place dans le classement de Transparency International. »

Cette réponse du Président Issoufou rappelle une autre. En effet, face à la presse en 2015, répondant à la question d’un confrère sur la lutte contre la corruption, le Président Issoufou a dit : « Je n’abandonne pas ce combat, mais je le fais avec plus de patience et d’intelligence. » En d’autres termes, face à la réalité, le Président s’est rendu compte à l’évidence qu’il faudrait changer de stratégie.

En commençant à sévir dès le début de son second mandat, le président Issoufou voudrait dire aux nigériens qu’il n’est jamais tard pour bien faire. Et en le faisant, il entend tenir ses promesses. Le peuple est témoin que le chef de l’Etat a toujours clamé que le ‘’Niger n’est pas pauvre mais mal géré’’. C’est justement pour réparer ces impairs de gestions que ‘’Maiboulala’’ doit sévir indistinctement de la coloration politique des indélicats.

En effet du moment où le président Issoufou joue son dernier mandat, l’on se demande pourquoi cherche-t-il à prendre des risques mesurés ? N’est-ce pas dans cette optique que le président du PNDS M. Mohamed Bazoum avait annoncé dans Jeune Afrique que le second mandat du président Issoufou serait ‘’propice à la lutte contre la corruption ‘’ ? Certes face à certaines réalités, il est plus aisé de dire que de faire. Cela est d’autant vrai que la corruption est un phénomène comme un serpent de mer. De temps en temps, on en parle au rythme de l’actualité. Mais en attendant le constat est clair : l’Etat s’appauvrit mais des individus s’enrichissent au détriment du peuple.

A la vérité, autant des citoyens s’engagent à dégager les immondices dans la ville de Niamey, autant la putréfaction est réelle au niveau des mœurs. Il faut peut-être une union sacrée pour bouter la corruption. Mais avec la foi, on peut déplacer des montagnes, dit-on. Et le président sait qu’il jouit du soutien total du peuple nigérien dans cette lutte implacable contre le pourrissement du pays. Il faut simplement aider Issoufou à nettoyer les écuries d’Augias !

Elh. M. Souleymane