Front patriotique pour souveraineté : La moutarde commence à monter au nez !

L’irritation est très nettement perceptible dans les rangs du Front patriotique pour la souveraineté (FPS) où c’est la grogne qui commence à monter au sein même de l’équipe dirigeante. Le samedi 13 avril dernier, les activistes de ce Front ont chômé, refusant toute participation à une importante marche à l’appel de la synergie des organisations de la société civile qui demande le démantèlement et le départ de la base militaire américaine installée au Niger.

Les principaux leaders de cette organisation ainsi que beaucoup de leurs cadres ont botté en touche lors de cette manifestation qui a mobilisé acteurs de la société civile, associations religieuses, syndicats des travailleurs, Union des étudiants et les Forces de défense et de sécurité qui, côte à côte, ont battu le pavé de la capitale Niamey, pour demander le départ de la base de drones installée à Agadez, au Nord du Niger.

Ce qui se chuchotait de bouche à oreille est apparu au grand jour. On n’est pas encore au divorce, mais ce qui est sûr, il y a un air de mécontentement et de frictions. Toute chose déjà perceptible, surtout quand on se réfère aux écrits d’un des dirigeants très influent de ce Front, un activiste fortement infiltré par des acteurs politiques de l’opposition Lumana qui publiait sur son compte Facebook qu’ils ne sont des « comités de soutien de personne ».

Mais la note sera un peu plus corsée et plus explicite quand le même activiste va publier que sans eux (les activistes du Front patriotique), « le CNSP ne va pas exister ». Depuis la place de la grande manifestation du samedi 13 avril dernier où il participait aux côtés des manifestants, le Colonel Ibro Amadou Bacharou, membre du CNSP et Chef d’état-major particulier du président du CNSP, a déclaré ceci : « Nous militaires des Forces armées du Niger, si quelqu’un pense que c’est grâce à lui que le CNSP exige, ou si celui qui nous dicte ce que nous devons faire, il doit réfléchir et se poser des bonnes questions et se trouver des bonnes réponses. Ce que nous avons fait, l’acte que nous avons posé le 26 juillet (2023), personne ne nous a instruit, personne ne nous a poussé à le faire. Et si la personne pense qu’elle ne peut pas être avec, qu’elle va prendre son chemin, qu’elle le fasse, mais si c’est pour nous contrarier, elle nous trouvera sur son chemin ».

Quand ce message en langue nationale du Colonel Ibro est tombé le samedi en fin de journée, tout le monde y a vu une réplique cinglante aux discours ambiants du Front patriotique pour la souveraineté (FPS) et distillés à chacune des sorties médiatiques de ses leaders ou sur leurs pages sur les réseaux sociaux.

En effet, depuis plusieurs mois, le FPS s’est comporté comme une excroissance protubérante du Conseil national pour la sauvegarde de la patrie (CNSP). Les dirigeants du Front, en majorité des militants notoires du parti Lumana de l’ancien Premier ministre Hama Amadou, multiplient les déclarations où ils annoncent ce que doit être le programme ou l’agenda de la transition, multipliant les insinuations jusqu’à donner l’impression que ce sont eux les tuteurs de la transition. Que se sont eux qui doivent être l’autorité morale du CNSP ou de la transition. Cette version très hérétique s’est fracassée le samedi dernier avec cette déclaration du Colonel Ibro qui a eu l’effet d’un grand coup de massue sur la fourmilière Lumana.

Et l’onde de choc est partie au-delà des frontières nationales. Hier dimanche 14 avril, un grand activiste Lumana, un soutien inconditionnel de Hama Amadou, a annoncé la fin de son combat politique. L’espoir est en berne un peu partout dans les officines clandestines de Lumana. Pourtant, le Colonel Ibro n’a rien inventé et il aurait même pu faire l’économie de sa déclaration si les frontistes avaient eu l’intelligence de déchiffrer le discours du patron de la transition qui a été relayé en boucle depuis le début de la transition. « Nous ne seront pas les tapettes de personne… » Ce propos du Général Tiani Abdourahmane vaut pour tout le monde, les forces impérialistes et leurs relais en exile qui pourraient penser dicter une conduite à la transition du Niger mais aussi des acteurs politiques notamment de l’ancienne opposition au régime renversé de Bazoum Mohamed qui ont voulu récupérer le putsch du 26 juillet pour en faire un théâtre de règlement de comptes politiques.

 Ibrahim Elhadji dit Hima