Marche contre Issoufou Mahamadou : Un échec cuisant

En attendant de faire le bilan des investissements financiers engagés dans l’affaire « Marche contre Issoufou Mahamadou », il faut dire à cette étape des choses que cette cabale lancée à l’appel de certains activistes de la société civile a été un total fiasco. Et ce n’est ni faute de préparation ni faute de moyens déployés, notamment financiers.

Un plan d’engagement financier important a été mis en œuvre, selon nos informations, pour réussir une manifestation qui devait mobiliser d’immenses foules pour aller prendre l’ancien Président de la République et le remettre à la justice comme l’ont indiqué les organisateurs de la manifestation. Le Dimanche 5 novembre, jour de la manifestation, c’était un désert de tartare qui s’est affiché autour des auteurs de la mobilisation, notamment Gamatié Mahamadou et ses compagnons d’infortune.

Échec et mat, serait-on tenté de dire au sujet de cette marche aux allures d’une intrigue politique, dirigée contre l’ancien Président Issoufou Mahamadou. L’équipe de Gamatié a voulu mobiliser mais elle a littéralement échoué. À la Place de la Concertation, point de départ de la marche, il y avait plus de journalistes et de cameramen que de manifestants. Un désastre que les organisateurs vont devoir expliquer à leurs bailleurs de fonds. Qu’est-ce qui n’a pas fonctionné ? L’argent injecté a-t-il été mal distribué ou ce sont les dirigeants qui manquent de carrure et d’envergure ?

Le principal meneur de ce fiasco a été révélé au grand public par le Mouvement patriotique MPCR de Nouhou Arzika. C’est ce dernier qui lui a arrangé une affaire dans le syndicalisme en lui donnant les rudiments de base de l’idéologie syndicale. Même si par la suite il allait s’éloigner de Nouhou Arzika et même se retourner contre lui. En témoigne une de ses récentes sorties où il s’est attaqué aux propos de son ancien leader avant que les lieutenants de Nouhou Arzika ne déclenchent un tir de barrage sur lui.

L’autre membre de cette équipe de Gamatié, c’est Abdou Lokoko. Lui, c’est un briseur de grève. C’est un vétéran et un pionnier pour ce genre de manœuvre. Vers la fin des années 90, Baré Mainassara est arrivé au pouvoir par un coup d’État. L’unique syndicat des enseignants, le SNEN, à l’époque était en grande lutte aux côtés d’autres organisations associatives pour la restauration de la démocratie. Abdou Lokoko va quitter le SNEN pour créer un petit syndicat. Et à chaque fois que le SNEN sort un moment d’ordre de grève, Abdou Lokoko vient annoncer qu’il n’y aura rien, que les cours se dérouleront notamment et qu’il appelle les enseignants à rejoindre leurs postes de travail. Kangai Koba, l’autre activiste de la marche du dimanche, n’a rien inventé dans les années 2000 quand à la tête, lui aussi d’une structure syndicale créée dans ce sens, il se fera connaître sur la scène nationale en s’évertuant à briser tous les mots d’ordre de grève que le SNEN va lancer sous le gouvernement de Hama Amadou. L’enseignement de Abdou Lokoko a fait école et a trouvé de nouveaux disciples avec les syndicalistes comme Kangay Koba. C’est donc des éléments de cette frange de la société civile qui s’est enrôlée dans cette marche contre Issoufou Mahamadou. Et bien sûr en liaison directe avec des acteurs politiques qui eux, financent le Job.

 Joindre l’utile à l’agréable

Cette alliance de l’utile et de l’agréable va dessiner les contours d’une alliance politique animée par des acteurs majeurs de la scène politique. Tous ces activistes ont un point commun : leur aversion pour Issoufou Mahamadou, leur rejet du PNDS Tarayya, le parti d’Issoufou Mahamadou. Mais pour que leur hostilité contre l’ancien Président de la République se cristallise, à travers un projet de manifestation, il a fallu l’intervention d’autres types d’acteurs qui, s’ils ne sont pas dans la manifestation, sont quand même les principaux bailleurs de fonds. Et c’est là qu’on retrouve des responsables politiques comme Alambeji Issa, ancien ministre de l’agriculture et Ibrahim Mamane, ancien DG de la SONIDEP, entre autres. Ces personnalités sont connues pour être des hommes de Bazoum, le Président de la République renversé par le putsch du 26 juillet dernier du général Tiani.

La collusion entre ces responsables politiques et les activistes de la société civile était notoire. Avant le putsch du 26 juillet, ces activistes recevaient déjà des appuis financiers constants pour leurs publications contre Issoufou Mahamadou et certains responsables du PNDS Tarayya comme Foumakoye Gado, président du parti, Madame Hadiza Ousseini, l’ancienne ministre des Mines, ou encore Kalla Ankourao, le SG du parti.

Cette guerre de l’ombre va s’amplifier davantage sur une ligne de démarcation qui sépare les partisans de l’intervention militaire Franco-CEDEAO et ceux d’une solution négociée au putsch du 26 juillet.  Et le top départ fut donné par Oumar Moussa, Daouda Takoubakoy ou encore Ange Barou pour des actions concertées contre l’ancien président Issoufou Mahamadou.

Ce sont ces proches du président renversé qui font office d’agents de liaison en coordination avec l’état-major de cette bataille politique qui a son cerveau au palais présidentiel où est gardé Bazoum Mohamed. Il est en contact permanent avec eux et vraisemblablement, c’est lui qui donne les instructions à suivre.

À la tête d’un trésor de guerre important, Ibrah Mamane et Alambeji  s’occupent quant à eux de la finance. C’est ainsi que tous les activistes qui ont manifesté une antipathie contre Issoufou Mahamadou ou d’autres militants Lumana ou d’autres partis de l’ancienne opposition qui sont dans leur manœuvre politique sont directement recrutés par l’entourage Bazoum.

Selon d’autres sources, c’est l’ancien activiste de la société civile, Bio Abdourahmane qui fait la navette pour dispatcher les appuis. Ancien cadre syndical, il a beaucoup évolué autour de la CDS Rahama de Mahamane Ousmane avant de se retrouver au PNDS Tarayya et offre ses services au Directeur général Ibrah dans le cadre de cette guerre off-shore qui a voulu connaître son point culminant à travers cette marche du 5 novembre dernier. Ce fut malheureusement un échec cuisant qui ne manquera pas de plonger les protagonistes dans une longue explication de contexte et surtout une explication des affections financières.

Ibrahim Elhadji dit Hima