Cherté de la vie : On vivote désormais

Le spectre de la vie chère caractérisée par une hausse généralisée des prix des produits et un pouvoir d’achat de plus en plus faible, contraignent désormais, le consommateur lambda à vivoter, c’est-à-dire, à vivre petitement. Une situation très préoccupante et contre laquelle des actions concrètes doivent être menées pour soulager les consommateurs qui ne savent plus à quel saint se vouer.

Dans les marchés, les prix ne se disputent plus, car ils sont fixés non au gré du commerçant, mais en raison du prix d’achat initial. Même s’il faut admettre la boulimie de quelques commerçants véreux, ce qui ne manque d’ailleurs pas, ces prix ne répondent qu’aux critères du bénéfique du commerçant.

Depuis le mois de Ramadan, certains produits ont vu leur prix stabilisé. À l’instar du sucre (800Fcfa le kilogramme) ou encore l’huile qui est vendue à 1000F le litre depuis un certain moment.

Par contre, les produits comme le mil (1100F la mesure du bol), le maïs (1000F la mesure du bol) et le haricot (1750Fcfa la mesure du bol) ont connu depuis la période de Ramadan, une hausse significative des prix. Même si le sac de 25 kilo du riz importé varie entre 14.500Fet 17.000F, il faut reconnaître que pour la majeure partie des produits de consommation, les prix ont véritablement flambé, impactant sérieusement le panier de la ménagère.

‹‹ Désormais, seuls les fonctionnaires, ceux-là qui perçoivent le salaire à chaque fin du mois, qui arrivent à joindre les deux bouts ››, lance Hamza, commerçant au marché Habou Tagui de Niamey. Et d’ajouter que ‹‹ pour les autres, l’on n’achète que ce que l’on peut ››.

Vivoter avec ses maigres moyens

Pour M. Sidi Fodi Hamidou du Réseau des Associations des Consommateurs du Niger (RASCONI), la présente situation est tout simplement la résultante du laxisme des autorités. ‹‹ Cette impuissance dénote de l’incapacité de l’État à mettre de l’ordre dans le commerce. On n’aurait dû sanctionner les indélicats dès le début ››, regrette-t-il.

Le défenseur des consommateurs trouve justement que la hausse des prix des produits ne s’explique guère si c’est toujours l’ancien stock qu’on sert à la population.

L’un dans l’autre, il est important que l’État intervienne pour défendre les consommateurs déjà croupis sous la crise économique. S’il est beaucoup plus aisé pour la classe moyenne, les fonctionnaires par exemple et autres agents de l’État, de tirer leur épingle du jeu, il n’en est malheureusement pas le cas pour la majeure partie de la population qui ressent dans sa chair, le phénomène de la vie chère.

Aller à l’autosuffisance alimentaire

C’est un truisme de dire que souveraineté rime avec autosuffisance alimentaire. D’ailleurs, l’on ne saurait parler de l’une sans l’autre. La récente décision prise par le président béninois, Patrice Talon, au sujet de l’exportation de céréales vers le Niger, aura certainement, à court terme, un impact négatif sur le prix des produits concernés. En décidant d’interdire l’exportation notamment du maïs, vers le Niger, les prix risquent de connaître une fois encore, une augmentation sur les marchés. Aujourd’hui, avec la mesure du bol de maïs à 1000 FCFA, cela crève déjà les yeux du consommateur lambda. Une probable augmentation ne ferait qu’empirer les choses.

En définitive, cette situation pose surtout la problématique de l’autosuffisance alimentaire dans notre pays. La souveraineté tant souhaitée doit nécessairement passer par l’autosuffisance alimentaire. Même si l’on ne pourrait pas produire tout chez soi, il est tout de même essentiel d’assurer le minimum vital.

Le dernier exploit du président du Burkina Faso, le capitaine Ibrahim Traoré, celui de doter le monde agricole en équipements et en intrants agro-pastoraux, est une belle illustration. Des tracteurs, des motoculteurs, des motopompes, des engrais etc. sont remis aux agriculteurs burkinabè, afin d’atteindre l’autosuffisance alimentaire, à travers l’accroissement de la production de façon substantielle. Un exemple à suivre pour booster la production nationale et faire face au phénomène de la vie chère. Comme le préconise d’ailleurs Sidi Fodi Hamidou du RASCONI, il faut ‹‹ retourner à la terre, subventionner les engrais et remplir les OPVN afin de casser les prix et qu’il ait assez de nourriture pour les pauvres ››.

Koami Agbetiafa

Niger Inter Hebdo  147 du Mardi 14 mai 2024