La crise au Niger : Placer le débat dans son contexte pour lui donner un sens

Dans la vie, s’il est important d’analyser les situations quand elles se présentent, il est tout aussi important d’observer les réactions des gens face à ces situations. En effet, dans la situation de crise que traverse notre pays depuis bientôt cinq mois, les satisfactions, les attentes, les amertumes, les nostalgies et les frustrations ne peuvent ne pas exister dans la population, mais ce sont surtout les réactions des citoyens qui attirent l’attention. Pendant que certains réagissent avec lucidité et retenue, d’autres sont dans la grossièreté et à la démesure.

Quoi qu’il en soit, s’il y a une chose que rien ni personne ne peut émousser, surtout si nous tenons réellement à l’honneur de la patrie, c’est notre dévouement à la patrie. D’ailleurs, nous avons coutume de dire que le Niger nous appartient tous et nous l’aimons. Par conséquent, pour bien faire face à la situation dans laquelle nous sommes présentement, nous devons la vivre avec optimisme et nous efforcer de ne pas l’analyser subjectivement. Ce qui n’est pas toujours évident avec certains de nos concitoyens. Pour preuve, pendant cette période de sanctions inhumaines de la CEDEAO et ses complices qui veulent étouffer notre pays; au moment où les masses populaires font preuve de résilience et se sacrifient pour relever les défis, certains individus mus par leurs intérêts égoïstes souhaitent ouvertement l’effondrement du pays, comme en attestent leurs différentes interventions dans certains médias ainsi que leurs posts et leurs commentaires sur les réseaux sociaux.

Par ailleurs, bien que nous soyons dans une situation de crise, il n’en demeure pas moins que le niveau du débat doit être élevé. En fait, c’est aussi dans le débat que les citoyens se distinguent à travers leurs interventions qui reflètent leurs niveaux de sagacité et de sagesse. C’est pourquoi, ceux qui peuvent l’enrichir avec leurs réflexions, leurs analyses et leurs commentaires ne doivent pas laisser les espaces de débat être envahis par des des railleries, des intimidations, des invectives et des diatribes. Quant aux nombreux citoyens qui sont politiquement affiliés, ils doivent aussi comprendre et accepter que nous ne sommes pas dans le schéma classique de la majorité versus l’opposition ou un parti contre un autre. La confrontation des idées qui découle tout naturellement de cette configuration a aussi son contexte qui est incontournable et nécessaire, et ce moment de confrontation viendra inévitablement.

Certes, les analyses ainsi que les discussions ne peuvent pas et ne doivent pas être circonscrites, mais pour le moment, si tant est que nous comprenons les enjeux, nous pouvons beaucoup plus centrer le débat sur comment contribuer à créer les conditions d’une transition sereine et satisfaisante ainsi qu’un retour raisonnable au contexte démocratique et republicain. C’est surtout sur ça qu’il est nécessaire de nous focaliser. C’est la raison pour laquelle nous avons le devoir de respecter les valeurs qui fondent la république et qui cimentent notre vivre-ensemble en nous abstenant de faire la promotion des anti valeurs. Il va sans dire que le débat est nécessaire, instructif et édifiant, mais il faut le faire sans fixation, sans exagération, sans haine et sans amalgame. Dans une phraséologie qui leur est propre, certains Nigériens martèlent constamment des propos destinés à faire diversion et à déplacer le débat afin de défendre leurs intérêts particuliers.

N’oublions pas que même les intérêts particuliers ne peuvent être assouvis que dans un pays paisible et uni. Par conséquent, les gouvernants et les gouvernés sont tous interpellés, ils doivent faire preuve de plus de vigilance.

Zakaria Abdourahaman