Hama Zada, ex Dg de la Sopamin et actuel ministre de la communication

SCANDALE TAANADI-SOPAMIN : L’étau se resserre autour de Hama Zada ?

Sans surprise, le délibéré du 9 Mars dernier a condamné Ibrahim Aboubacar, le Directeur d’exploitation de la microfinance Taanadi à deux ans de prison dont un assorti de sursis. Ce procès soulève mille et une questions sur la responsabilité des uns et des autres. Qu’en est-il des trois milliards de la Sopamin hypothéqués ? Qui va les payer ?  L’opinion publique attend la réponse de l’Agence judiciaire et des avocats de l’Etat.

 

Le 2 Mars dernier, l’audience sur la scabreuse affaire Taanadi/Sopamin s’était tenue et le dossier est mis en délibéré pour ce mercredi 9 Mars 2022. L’auteur principal, à savoir l’ex DG de Taanadi étant décédé, il est difficile de reconstituer les faits. Une aubaine pour Hama Zada ? Mais une chose est sûre, ceux qui étaient dans la salle à l’audience du 2 Mars dernier, ont chacun fait son opinion sur ce scandale où l’Etat risque d’être grugé à travers un jeu de cache-cache entre les responsables de la Sopamin et ceux de Taanadi.

Quel rôle aurait joué le ministre de la Communication et des Relations avec les Institutions, Mahamadou Zada, alors Directeur général de la Société du Patrimoine des Mines du Niger (SOPAMIN) dans l’AFFAIRE TAANADI-SOPAMIN ? C’est la question que se pose plus d’un citoyen après le buzz qu’ont suscité, en son temps, la correspondance du Directeur général de Taanadi (une coopérative qui fait de la micro-finance) et un écrit de Kaocen Maiga sur les réseaux sociaux, traitant la SOPAMIN de « vache à lait de Hama Zada ». Des charges pèseraient-elles contre ce membre du gouvernement au moment où le Chef de l’Etat, Mohamed Bazoum, entend instaurer une gouvernance vertueuse ? La question mérite d’être posée.

En Août 2021, on peut lire à la manchette de Niger Inter Hebdo : « SCANDALE TAANADI-SOPAMIN : UNE ÉPÉE DE DAMOCLÈS AU-DESSUS DE LA TÊTE DU MINISTRE HAMA ZADA ? » Le 2 Mars dernier, le Directeur d’exploitation de Taanadi vient d’écoper de 3 ans de prison ferme et 500 000F d’amende. L’interrogatoire de ce dernier conforte la thèse selon laquelle une éventuelle escroquerie aurait été savamment concoctée par l’ex DG de la SOPAMIN avec la complicité des responsables de la micro-finance Taanadi.

Nul doute qu’il ne faudrait pas s’attendre que Mahamadou Zada soit jugé le mercredi prochain. Il ne le sera pas puisqu’il n’a pas été renvoyé et ne peut être jugé. Qui plus est, il jouit aujourd’hui de privilège de juridiction. L’auteur principal, à savoir l’ex DG de Taanadi étant décédé, il est difficile de reconstituer les faits. Mahamadou Zada peut ne pas être inquiété à cette étape. Mais dans cette affaire, la montagne risque d’accoucher d’une souris, à savoir le risque de se contenter d’un menu fretin qu’est la condamnation du Directeur d’exploitation qui n’est qu’un scieur de bois dans cette affaire à haut risque pour le trésor public. Le réquisitoire du procureur le 2 Mars dernier en dit long : « Personne ne peut dire qu’il n’y a pas de lien entre l’établissement frauduleux des documents et le virement des fonds de la Sopamin ».

L’Etat risque de perdre plus de trois milliards…

Dans cette AFFAIRE TAANADI-SOPAMIN, plus de trois (3) milliards de FCFA de la SOPAMIN pour un DAT (Dépôt à terme) seraient en cause. Cette importante somme ne serait pas retrouvée dans les livres de la coopérative TAANADI, ce qui a fait couler beaucoup d’encre et de salive. Comment une somme aussi importante a été confiée à une coopérative de micro-finance par Hama Zada quand on se rappelle des déboires de Dame Réki Djermakoye de ASUSU. SA avec la même SOPAMIN ?

Contacté par nos soins, l’acteur de la société civile, Elh Idi Abdou s’insurge en ces termes : « Le scandale TAANADI/SOPAMIN confirme la légèreté qui caractérise la gestion des deniers publics dans notre pays. Une légèreté telle que n’importe qui peut gruger l’État. Sinon, comment comprendre qu’une société d’État puisse effectuer des dépôts d’un montant global de trois (3) milliards de francs CFA auprès de TAANADI SA sans que l’on s’assure de la crédibilité et de la fiabilité du système financier en question », nous a-t-il confié.

En son temps, l’on se souvient aussi que dans une correspondance, la Direction générale de la SOPAMIN, assurée par Hama Zada, informait l’opinion publique des mesures prises à l’encontre de ASUSU. SA : « Le même jour, nous avons écrit à ASUSU pour lui notifier qu’après avoir constaté que les voies régulières de recouvrement de nos fonds n’ont pas abouti, nous nous trouvons dans l‘obligation de recourir aux mesures nécessaires et légales pour l’amener à s’exécuter et ce, dans le respect strict de nos droits et de ses obligations. Nous avons mis en ampliations nos tutelles technique et financière ainsi que notre avocat ».

A propos de TAANADI, l’activiste Elh Idi Abdou considère que la crédibilité de cette coopérative de micro-finance était remise en cause depuis belles lurettes. « Et voilà en 2019, les dirigeants de TAANADI, placés sous mandat de dépôt suite à une plainte du Projet ‘’filets sociaux’’ ». C’est toujours le contribuable nigérien qui en pâtit de ces dépôts pour le moins hasardeux. « Le gouvernement en général et le ministère des finances en particulier sont interpellés s’agissant des agissements qui semblent caractériser le fonctionnement de ce genre de systèmes financiers », a martelé Elh Idi Abdou.

Les citoyens se posent mille et une questions sur cette rocambolesque affaire où selon les mauvaises langues, plus de trois milliards de FCFA de la SOPAMIN seraient hypothéqués.

En substance, Elh Idi Abdou pense qu’il faut un traitement rigoureux à cette affaire : « Rien ne saurait expliquer ce qui s’est passé et toutes les dispositions doivent être prises afin que l’État soit mis dans ses droits. Le traitement judiciaire de cette affaire doit être exemplaire tel qu’il en dissuadera tous les esprits malsains qui font de l’État, une source d’enrichissement illicite. Les biens publics sont sacrés, il appartient à la justice de les rendre effectivement sacrés », s’est-il indigné.

La présomption d’innocence est la règle, mais dans la nouvelle dynamique de la gouvernance du Niger, il urge de tirer au clair la gestion de la SOPAMIN par le Sieur Hama Zada. D’aucuns se demandent du moment où cette affaire avait été révélée avant les dernières élections, par quelle osmose Hama Zada a été coopté par son parti et accepté pour être dans le gouvernement par les plus hautes autorités du pays ? Ce qui jure d’avec le principe mis en avant par le Président de la République Mohamed Bazoum qui voudrait que « les cadres soient nommés sur la base de leur compétence et moralité ».

L’affaire TAANADI comme l’affaire Ibou Karadjé constituent sans conteste une sorte de ballon d’essai pour jauger l’engagement du Chef de l’Etat à lutter contre la corruption et l’impunité.

Il faut aider le président Bazoum à nettoyer les écuries d’Augias. De scandales en scandales, il faudrait admettre que la dilapidation des biens publics et la corruption sont devenues un fléau endémique dans notre pays où quelques-uns peuvent détourner allègrement des millions et même des milliards de Fcfa et passer entre les mailles du filet.

Elh. M. Souleymane