Société civile post 26 juillet 2023 : Un loup à tête d’agneau

Depuis le 26 juillet 2023, une activité nouvelle a fait son apparition. Elle a la vie dure : l’activisme de la place de l’escadrille. Cet activisme animé et recouvert sous un faux manteau de patriotisme n’est guère différent des mouvements opportunistes qui n’ont en commun avec les nouvelles autorités que le fait que celles-ci aient balayé le pouvoir d’alors.

Animé par des figures connues pour leur appartenance politique et/ou leur accointance avec des formations politiques, ces activistes se sont autoproclamés « patriotes ». Une appellation qu’ils refusent de partager avec quiconque n’est pas dans leur « camp ». Le patriotisme serait subitement devenu une marque déposée ; l’apanage des individus dont l’histoire est perlée d’actes qui n’ont rien de patriotiques.

Nul besoin de les ressasser ; l’opinion nigérienne ne les a guère oubliés. Croire qu’elle a la mémoire courte constitue la plus grande erreur sur laquelle semblent miser nos zozos ou disons nos patriotes frelatés pour reprendre l’expression désormais consacrée et rendue populaire par leurs soins, il y a peu.

Mus par la haine qu’ils vouent à tout ce qui se rapproche du PNDS mais également leurs agendas cachés, ils ont réussi à emprisonner la parole et la liberté d’opiner dans notre pays. Ils font depuis deux mois la pluie et le beau temps, distribuant les rôles jusqu’aux mots prononcés dans la sphère publique. Ils ont atteint leur pleine puissance en obtenant du CNSP, le limogeage sans ménagement du directeur de la police de Niamey pour avoir convié les « yan Banga » à ne pas entraver la circulation sur cet axe important et surtout pour avoir daigné cherché à protéger des citoyens contre les viols et abus en tous genres qui ont cours sur les lieux de leurs attroupements. Qu’il est drôle ce patriotisme qui n’a cure de la sécurité et la dignité des citoyens. Tout se passe comme si dans le monde des patriotes frelatés, les victimes sont tenues responsables de ce qui leur arrive. Cela constitue la preuve si besoin est que leur agenda diffère de celui de la transition.

Leur agenda est intimement lié à celui de leur gourou et son parti. Aucun leurre ne peut faire perdre à l’opinion qu’ils y prennent leurs ordres. Cet agenda qui n’a rien de républicain semble sortir au clair à la faveur du temps qui s’écoule inéluctablement. Les masques tombent et plus aucun, des multiples artifices échafaudés, n’arrive à cacher les véritables motivations de cette société si vile.

En dénote, l’acharnement sur la personne de l’ancien président de la République, Issoufou Mahamadou, perçu par ces « patriotes » comme l’unique principal obstacle à la réalisation de l’ambition de leur gourou. Dans cette entreprise, ils ont trouvé des alliés : les proches du président déchu, Mohamed Bazoum. Une alliance qu’on pensait improbable jusqu’il y a peu, mais qui semble aujourd’hui être scellée pour le pire. Une alliance avec pour seul lien, le désir de détruire le PNDS-Tarayya et son leader historique.

Tache qu’ils espéraient facile au vu du contexte ayant réduit au silence les partis politiques. En plus de l’acharnement médiatique allant jusqu’à l’appel au meurtre sur les ondes de radio nationale, ils ont cru utile d’ester en justice contre Issoufou Mahamadou par devant les tribunaux nationaux et même la cour pénale internationale. Tout se passe comme si plus rien ne compte pour les patriotes frelatés plus que de voir détruit Issoufou Mahamadou, sa famille et son parti politique. Ce que leur gourou n’a réussi à faire toute sa vie continue à le hanter jusqu’au crépuscule de celle-ci. Et il y tient apparemment plus qu’à soigner ses rapports avec son Créateur. Nous sommes tombés bien bas.

Mourtala Issa

Niger inter hebdo – N° 121 du 10 octobre 2023