Billet : La redevabilité en panne à la CNT !

 

« La redevabilité correspond au contrôle du pouvoir qui s’exerce au sein de l’Etat et de la société, avec l’obligation pour le responsable d’expliquer ses décisions et le devoir pour les instances de contrôle d’honorer les bonnes prestations et de sanctionner les abus de pouvoir », indiquent les experts.

Rendre compte est un principe fondamentalement éthique. Il est tout aussi une valeur de gouvernance démocratique. Vouloir s’y soustraire frauduleusement reviendrait à refuser de se faire régir par les règles de la bonne gouvernance. Malheureusement, c’est ce qui arrive à la Confédération Nigérienne de Travail (CNT), la deuxième Centrale syndicale représentative au Niger, selon les résultats des premières élections professionnelles.

En effet, tout laisse croire qu’à la CNT, sous la direction du Secrétaire général Mounkaila Halidou, le principe de redevabilité, qui est un principe central d’une gouvernance vertueuse, est en passe d’être remis en cause au sein de cette Centrale.

Le Secrétaire général a, se rappelle-t-on, confondu l’argent de la Centrale au sien propre. Un chèque de deux millions de francs CFA accordé à la CNT a pris une destination inconnue. Inconcevable pour certains syndicats parmi les 58 que compte la CNT. Ils ont commencé à donner de la voix en exigeant la transparence pour statuer sur cette affaire qui menace l’unité et la cohésion de cette organisation, apprend-on. Ce dossier qui pourrait relever de l’escroquerie, de l’abus de confiance et des biens sociaux risque d’atterrir sur la table du juge en cas d’obstruction d’un règlement à l’interne.

Quant au mis en cause, il table sur deux registres : d’une part, il joue au dilatoire espérant gagner du temps pour étouffer l’affaire ; d’autre part, il mise sur ses soutiens internes pour recoller les morceaux en faisant passer ce sulfureux dossier par pertes et profits.

Mais c’est sans compter avec la détermination des militants qui comptent porter l’affaire devant la justice conformément aux textes de la CNT pour préserver l’image de leur structure.

« Une chose est certaine, Mounkaila Halidou gère la CNT comme sa poche ; l’ensemble du BEN (NDLR : Bureau Exécutif National) en est conscient et le sait », nous a confié un cadre de la CNT.

Les militants n’entendent pas lâcher prise, ce d’autant qu’il s’agit en l’occurrence d’une affaire de droit commun ; un individu a abusé honteusement de sa position au sein de l’establishment de la CNT pour détourner de l’argent public. Cela est inacceptable. Il y a un minimum d’éthique à observer lorsqu’on se donne la vocation de donneur de leçons en exigeant des autres l’observance du principe de redevabilité alors qu’on ne manifeste le moindre scrupule pour faire main basse sur l’argent d’une organisation syndicale. Assurément, dans ce dossier, la CNT joue sa crédibilité et son devenir.

Tiemago Bizo

Niger Inter Hebdo du mardi 20 Septembre 2022