Le mardi 16 juin 2020, la maison des Jeunes et de la culture Diado Sékou de Niamey a abrité la cérémonie de lancement des activités entrant dans le cadre de la célébration de la Journée de l’Enfant Africain (JAE) sous le thème : « assurer l’accès à un système judiciaire mieux adapté aux enfants de l’Afrique ». Y ont pris part, la Ministre de la Promotion de la Femme et de la Protection de l’Enfant, Mme El Back Zeinabou Tari Bako, la Représentante de l’Unicef au Niger, Dr Félicité Tchibindat, le représentant du Ministre de la Justice, les ONG Grandir Dignement et SwissContact.
Dans l’allocution qu’elle a prononcé pour le lancement des activités entrant dans le cadre de cette commémoration de la JAE, la Ministre de la Promotion de la Femme et de la Protection de l’Enfant a, de prime abord, souligné l’importance du sujet du jour car, il s’agit, selon elle « de porter une attention particulière sur l’avenir des enfants, ces êtres innocents, immatures, dont nous avons tous la charge d’assurer le bien-être ».
Expliquant le contexte historique qui a conduit à l’instauration de cette journée, Mme El Back Zeinabou Tari Bako a indiqué que « la célébration de la journée dédiée à l’enfant africain est instituée en juillet 1990 par l’Organisation de l’Unité Africaine (OUA) pour rendre hommage aux enfants massacrés par le régime de l’apartheid, le 16 juin 1976 à Soweto en Afrique du Sud ».
Sur la question de la justice pour mineur qu’elle a abordé, on apprend que notre pays a enregistré de grandes avancées. Sur ce plan, il faut retenir que beaucoup de mesures alternatives à l’incarcération ont été expérimentées et, d’ailleurs, en 2014, une loi portant création, organisation, attributions et fonctionnement des juridictions pour mineurs a été adoptée. D’après la Ministre de la Promotion de la Femme et de la Protection de l’Enfant, cette loi a été élaborée en parfaite conformité avec la Convention relative aux Droits de l’Enfant (CDE) et à la Charte Africaine des Droits et du Bien-être de l’Enfant (CADBE).
De son côté, la Représentante de l’Unicef au Niger, Dr Félicité Tchibindat, a souligné le nombre important des enfants qui sont en détention aux Niger. En effet, il y en a jusqu’à 400 qui vivent dans des conditions peu enviables et sont, pour la plupart, à leur âge d’adolescence, un « âge de tous les bouleversements, des paradoxes. C’est l’âge où on prend les risques. En même temps, c’est un moment de très grande vulnérabilité. C’est un temps où on construit une identité. On la construit à la fois avec les autres et contre les autres », a expliqué Dr Félicité Tchibindat.
Ces situations, les enfants les vivent et la Représentante de l’Unicef en appelle à tous à les connaître et comprendre. Sans cela, toute action en direction des jeunes serait vaine.
Par ailleurs, il faut retenir que « les réponses ne peuvent pas êtres exclusivement judiciaire face à une infraction commise. Elles doivent venir de tous, services publics et communautés », a-t-elle fait remarquer. Il convient de songer à des mesures d’alternatives, de réparation et de substitution. « C’est à la fois une pédagogie de responsabilité et une sensibilisation du préjudice subi par les victimes, c’est aussi une confrontation aux règles de la société et à la nécessité de les respecter. C’est à cela que nous devrons œuvrer, dans le contexte auquel nous sommes confrontés, dans celui auquel font face les jeunes aujourd’hui, les adolescents », a-t-elle indiqué.
Dr Félicité Tchibindat a, enfin, terminé son allocution en louant « les efforts du Gouvernement du Niger et de ses agents au niveau central, régional et local, des communautés, de la société civile, des bailleurs de fonds et de tous les acteurs visibles ou anonymes qui œuvrent chaque jour pour améliorer le sort des enfants en conflit avec la loi ».
Avant la cérémonie de lancement des activités entrant dans le cadre de la célébration de la Journée de l’Enfant Africain, les personnalités qui y sont impliquées ont effectué une visite au quartier des mineurs à la prison civile de Niamey afin de s’imprégner des formations qui leurs sont offertes et un film documentaire qui retrace le parcours d’un jeune ayant bénéficié d’alternatives à la détention, a, ensuite été diffusé.
Plus tard, le jeudi 18 juin 2020, une conférence-débat fut organisée à Dosso sur la question de la justice pour enfant en mettant l’accent sur les mesures alternatives à la détention et la réinsertion communautaire.
S’agissant des efforts qui se font sur le terrain, un projet pilote est en cours dans les régions de Niamey, Maradi, Zinder et Agadez afin de promouvoir les alternatives à la détention et assurer une meilleure prise en charge des mineurs en conflit avec la loi. Ce projet vise à renforcer les mesures de réinsertion afin de lutter contre la récidive.
Bassirou Baki Edir