Front politique : Le printemps de l’intox

Les écuries politiques ne sont pas encore lâchées par les autorités militaires de la transition mais déjà il y a des jockeys qui piaffent d’impatience. Impatience de se lancer dans la conquête du pouvoir qui passe aussi par la multiplication des coups tordus.

Le faux départ de Hama Amadou

Dans la lancée de son retour au pays celui qu’on appelle làbas au sein du Moden Lumana l’Autorité Morale a déjà donné le ton. Il sera candidat pour le compte des futures élections présidentielles de sortie de la transition. C’est ce que l’autorité morale de Lumana a lâché sans pour autant préciser s’il sera candidat au titre de son parti ou d’une autre formation en gestation ou s’il sera candidat indépendant. Fort de sa notoriété politique, le leader de l’opposition sortante sait que sa dimension politique peut l’autoriser à participer comme candidat indépendant ce qui pourrait lui permettre de ratisser dans plusieurs partis politiques où il compte des sympathisants.

Toutefois cette annonce n’est pas sans comporter plusieurs fausses notes. D’abord le Niger n’est pas en période de vie politique depuis l’irruption de l’armée qui a mis un terme au processus démocratique et a suspendu les partis politiques. Aussi toutes réunions, toutes activités ou annonces des partis politiques sont interdites. L’autre maldonne dans cette annonce c’est qu’elle prend de court le parti Lumana qui n’a pas eu le temps de mener de consultations en son sein pour produire un candidat qui sera retenu comme candidat du parti aux présidentielles. Mais la grosse faute de cette annonce c’est qu’elle ne respecte pas un minimum de critères de vertu morale. Le Niger fait face à une situation sociopolitique des plus critiques, la population ploie sous les conséquences les plus atroces des mesures des sanctions avec fermetures des frontières et interdictions d’importations de produits alimentaires et mêmes des produits médicaux des soins d’urgence.

La population vit encore sous la menace d’une intervention militaire des armées de la CEDEAO appuyées par la France. Dans une météo aussi lourde de menaces l’heure est très mal indiquée pour déclarer une candidature aux élections politiques. Les seules annonces pour l’instant, et qui sont très bien accueillies, sont celles des généreux citoyens et patriotes qui apportent leurs contributions aux fonds de solidarité gérés par Madame Ibrah Reky Djermakoye pour aider au relèvement des actions de l’État. Un vrai homme d’État doit se soucier de la vie de la population avant les considérations électoralistes.

Et à ce sujet l’adage dit bien : « l’homme politique se soucie de sa vision de sa communauté sur les 20 années à venir, et le politicien se préoccupe des prochaines élections ».

Les intrigues politiciennes

Si l’heure n’est pas à l’action politique, elle n’est surtout pas à la production de l’intox et la manipulation des communautés. Les plus jeunes qui sont sur tous les remparts pour la sauvegarde du Niger parlent de « labu sanni no » ou encore « zancen kasa ne ». Ces concepts des jeunes manifestants en soutien des autorités militaires de la transition sonnent comme un appel à la cohésion et à l’union. Une cohésion qui sera mise à rude épreuve par des « candidats précoces » très pressés de rentrer dans leur jeu favori de l’intrigue et de l’intoxication. Pressés de prendre de l’avance, les patrons de l’intox visent principalement le PNDS Tarayya qui apparaît comme un parti épouvantail pour les autres partis de l’échiquier politique national. Pour ouvrir une autoroute large pour tous les partis politiques ils ont besoin d’allumer des querelles de factions qui déboucheraient sur la dislocation du PNDS. Un premier test dans ce sens est déjà matérialisé par cette intox sur Kalla Ankouraou qu’ils balancent dans les réseaux sociaux comme candidat aux élections présidentielles à venir au titre du PNDS Tarayya. Ainsi peut-on lire sur des posts de certains activistes que Kalla Ankouraou est candidat PNDS Tarayya aux présidentielles avec l’implication de Issoufou Mahamadou (qu’ils appellent T3 dans leurs publications) et Pierre Foumakoye Gado est écarté et jeté en prison. Donc Foumakoye Gado trahi. Cette allusion à la trahison est une ligne d’attaque permanente de l’entourage Bazoum contre Issoufou Mahamadou. Sur d’autres développements ils indiquent que Kalla qui serait en train de mobiliser les députés de Maradi et les notables de la région pour son soutien serait lui même victime de la trahison parceque Issoufou Mahamadou travaille en réalité pour la candidature de son fils Abba. Ce sont là autant d’éléments de langage des milieux politiques proches de Bazoum, le discours de la trahsion. Sur d’autres posts on annonce la candidature de Kalla Ankouraou tout en s’interrogeant, comment le PNDS Tarayya peut-il revenir au pouvoir sans le président Bazoum Mohamed, sans Ouhoumoudou Mahamadou, sans Hassoumi Massaoudou. Des publications ou intoxications qui toutes portent des indices clairs sur le profil de leurs auteurs.

En effet c’est depuis quelques temps que des cyber activistes proches de l’ancienne opposition politique ont affublé l’ancien Président de la République Issoufou Mahamadou du sobriquet « T3 ». Ce premier indice pourrait renvoyer directement aux militants Lumana comme origine de ces publications. Il y a aussi potentiellement les acteurs proches de Bazoum Mohamed qui pour la plupart ont été cooptés des partis de l’opposition et n’ont aucune sympathie ni pour le PNDS Tarayya encore moins pour Issoufou Mahamadou. Les deux bords politiques, c’est-à-dire ceux proches de Hama Amadou et ceux du camp Bazoum Mohamed, ont appris déjà avant le putsch du 26 juillet à travailler la main dans la main dans le sens d’un rapprochement pour des actions groupées contre le Président Issoufou Mahamadou et contre le PNDS Tarayya. Aucun doute que ces deux réseaux ne reprennent avec encore plus d’intensité leurs concertations pour allumer des foyers de crises au sein du PNDS Tarayya qu’ils voudraient pulvériser avant l’ouverture des prochaines élections. C’est ce travail là et cette collaboration entre les deux officines politiques qui sont en train de se mettre en place.

Et pour les parrains de cette intox ou de cette intrigue ils montrent qu’ils n’ont aucune attache avec la morale politique ou la vertu pour déclencher des jeux partisans et parfois malsains avant l’heure. Hama qui a annoncé sa candidature officiellement dans une interview à son retour de la France. Et maintenant cette soi-disant candidature qu’on veut donner au PNDS et cette fois-ci pour corser davantage les ingrédients de la crise au sein du parti de Issoufou Mahamadou.

Ibrahim Elhadji dit Hima