Billet : Canal+ abuserait-il de ses abonnés ?

A l’occasion d’un échange interactif, un citoyen ivoirien se demande « Pourquoi un abonné voit ses chaînes interrompues faute de paiement et se voit aussi couper la chaîne nationale RTI, or ce dernier paye des redevances sur sa facture d’électricité ? ». Un autre de s’indigner : « Pour ma part, la qualité des émissions laisse à désirer. Aucune émission de type éducatif. Uniquement des émissions mal copiées sur l’Occident ». Autant de récriminations qu’on entend çà et là sur ce qui parait comme un excès de pouvoir de Canal+.

Certes, le groupe CANAL+, filiale de Vivendi, est un acteur majeur de la création et de la distribution de contenus dans le monde, avec près de 24 millions d’abonnés, une présence dans plus de 50 pays et 7 500 collaboratrices et collaborateurs sur tous les continents. Le groupe CANAL+ compte près de 10 millions d’abonnés en France et près de 7 millions en Afrique, apprend-on.

Parlant du groupe CANAL+ sur le continent africain, agence ecofin.com renseigne : « Il est le premier opérateur de télévision d’Afrique francophone et il est le premier actionnaire de MultiChoice, leader de la télévision payante en Afrique anglophone et lusophone. CANAL+ en Afrique, c’est une présence dans 25 pays dont 15 filiales et plus de 30 partenaires locaux, ce qui permet au Groupe de contribuer à la création d’emplois avec plus de 15 000 emplois directs et indirects sur le continent. CANAL+ est le premier opérateur de télévision payante en Afrique francophone et produit, édite et diffuse des séries, films et émissions dont plus de 2000 heures de contenus africains conçus pour répondre aux exigences des téléspectateurs ».

Selon lemonde.fr  : « Pour séduire cet ensemble mouvant, l’entreprise française a lancé ces dernières années, une véritable offensive dans les pays africains francophones : création en 2014 d’une chaîne de divertissement panafricaine, A+ ; rachat, la même année, du groupe Thema et de ses chaînes thématiques très appréciées sur le continent, telles que Nollywood TV, Novelas TV et Gospel Music TV ; partenariat en 2015 avec le distributeur et producteur nigérian Iroko ; lancement en 2017 d’une chaîne consacrée au sport en Afrique, A+ Sport… ».

Cet élargissement et cette « africanisation » tous azimuts de l’offre de contenus se sont accompagnés d’une baisse progressive des prix des décodeurs et des abonnements. Objectif : satisfaire tous les goûts et tous les portefeuilles. « A+, par exemple, est accessible dès l’abonnement d’entrée de gamme, à 5 000 FCFA [environ 7,50 euros] par mois, explique Damiano Malchiodi, qui dirige la chaîne à Abidjan. C’est une chaîne populaire qui vise un public familial et qui est diffusée aujourd’hui dans une vingtaine de pays sur le continent », précise lemonde.fr.

Au Niger, en plus du fait que l’abonné coupé n’a pas accès aux chaînes nationales, les clients dénoncent également le manque de filtres pour empêcher aux mineurs d’accéder aux contenus indécents et obscènes. De plus en plus, des abonnés se plaignent des contenus qui pourraient impacter négativement leurs enfants. Une mère de famille nous a confié toute sa gêne de regarder les émissions de Canal+ avec les plus petits. La même dame s’insurge sur un feuilleton de dessin animé destiné aux enfants sur Canal+ qui diffuse de plus en plus des contenus qui font la promotion de l’homosexualité.

Comment rappeler Canal+ à l’ordre ou du moins à tenir compte de nos valeurs culturelles et religieuses ? Canal+ ignore-t-il les exigences de la loi sur l’audiovisuel au Niger ? Si tel est le cas, nous disons que nul n’est censé ignorer la loi. Il incombe à l’autorité de protéger la jeunesse en faisant respecter la loi par tous ceux qui diffusent ou éditent des contenus de nature à troubler les bonnes mœurs. En attendant, les abonnés vont continuer à payer, y compris des contenus non désirés. A quand justement le respect de tous les droits du consommateur ? La question reste posée.

Abdoul Aziz Moussa

Niger Inter Hebdo N°110 du mardi  16 mai 2023