Entretien : « L’évènement qui vient de se tenir à Paris est un succès », dixit Monsieur Désiré GUEDON, Administrateur de la BAD

 

Monsieur Désiré GUEDON est Administrateur de la Banque Africaine de Développement (BAD) en charge du Niger, du Bénin, du Burkina Faso, du Cap Vert, des Comores, du Gabon, du Mali, et du Sénégal. Il a participé à table ronde des bailleurs de fonds pour le financement du Plan de Développement Economique et Social (PDES) 2022-2026 du Niger. A cette occasion, la BAD a contribué à hauteur de 2,3 milliards d’euros (1550 milliards de FCFA). Dans l’entretien qui suit, Monsieur Désiré GUEDON donne ses impressions sur le PDES du Niger et apprécie la vision du Président Bazoum et son gouvernement à travers cette initiative.

Niger Inter :  Le bureau que vous dirigez représente 8 pays au Conseil d’Administration de votre institution. A ce titre, vous venez de participer à la Table ronde du Niger, quels sont vos impressions au sortir de cet évènement ?

Monsieur Désiré GUEDON : La Table Ronde pour le financement du PDES du Niger a été l’occasion pour le Président Mohamed Bazoum et son équipe de présenter sa vision du développement du Niger pour les quatre prochaines années. Cette vision est claire, précise et bien articulée ; le Plan d’Action Prioritaire (PAP) qui en découle est structuré autour des trois axes que sont (i) le Développement du Capital Humain, (ii)la Consolidation de la Gouvernance Paix et Sécurité ainsi que (iii) la Transformation Structurelle de l’Economie. Ces trois axes sont cohérents avec la Déclaration de Politique Générale du Gouvernement et résument convenablement les attentes des Partenaires Techniques et Financiers. C’est selon moi la raison pour laquelle l’évènement qui vient de se tenir à Paris a eu un tel succès.

Niger Inter : C’est donc une réussite selon vous ?

Monsieur Désiré GUEDON : Cela ne fait aucun doute. La large délégation gouvernementale, la représentativité des Bailleurs de Fonds, la présence de nombreuses Organisations Internationales sont tous un testament de l’attractivité de ce PDES. Les engagements le démontrent bien. Recueillir des annonces et engagements à hauteur de 22,7 milliards d’euros, pour un besoin de 10,3 milliards, dans un environnement international aussi morose n’était pas une sinécure. Les recueillir en direction d’un pays dont la sous-région rencontre des défis aussi nombreux l’était encore moins. Le Président Mohamed Bazoum et son équipe ont su rassurer leurs partenaires et leur communiquer un optimisme contagieux. En ce qui concerne la Banque Africaine de Développement nous avons au fil des années développé un partenariat important avec le Niger. Raison pour laquelle nous avons tenu à venir faire part de notre soutien et réitérer notre engagement à accompagner son plan de développement à hauteur de 2,3 milliards d’euros (1550 milliards de FCFA).

Niger Inter : Qu’est ce qui fait selon vous la particularité du Niger ?

Monsieur Désiré GUEDON : Le Niger a plusieurs atouts qui jouent en sa faveur. Le premier et le plus important est qu’il a su maintenir la paix et la démocratie dans un environnement sous-régional dominé par la menace terroriste. Sans cette stabilité, aucun investissement, aucun travail, aucune rémunération, aucune prise en charge sociale ne serait possible. On ne saurait donc avancer le terme « développement » dans un tel paradigme. Le second atout du Niger est la croissance solide et soutenue du pays ces dernières années nonobstant les chocs exogènes tels que le Covid et le conflit Russie-Ukraine. Les perspectives pour le futur sont encore plus prometteuses. En 2022 la croissance devrait s’établir à 6,5%, passer la barre des 7% en 2023, et celle des 10% en 2024. Ainsi, le nexus sécurité-développement appuyé par des perspectives de croissance à deux chiffres portés par l’exploitation pétrolière et l’agriculture à l’horizon 2024 est, selon moi, l’atout le plus important du Niger.

En tant que Bailleurs de Fonds, nous désirons toujours plus de démocratie, de stabilité ainsi qu’une croissance forte et inclusive qui garantisse une juste distribution des dividendes. Le PDES 2022-2026 nous rassure dans la prise en compte effective de ces trois dimensions.

Niger Inter : Votre mot de la fin ?

Monsieur Désiré GUEDON : J’ai été honoré de participer au financement du plan de développement d’un pays qui affiche des ambitions légitimes pour son futur. Cependant, après la phase de la table ronde vient celle de la mise en œuvre. Des structures de mises en œuvre solides devront être mises en place avec un suivi-évaluation rigoureux. Etant donné le retour d’expérience du précédent PDES, nous pouvons nous permettre d’être optimiste.

Propos recueillis par EMS