Des spécialistes analysent les contre-performances de l’école nigérienne suivant deux (2) paramètres, notamment : la qualité de la formation des formateurs et l’insuffisance des infrastructures éducatives du fait de la forte croissance démographique. Ce dernier paramètre est particulièrement important parce que chaque année, il faut construire des milliers de salles de classes pour résorber l’important flux d’élèves et d’étudiants.
C’est pourquoi, la construction des salles de classes est un enjeu majeur, tant pour réduire significativement le nombre de classes en matériaux précaires, estimé à plus de 30.000, mais aussi et surtout, pour offrir aux apprenants et à leurs enseignants, des conditions d’études et de travail idoines. Ces salles de classes doivent être construites dans les normes requises pour garantir la sécurité du personnel enseignant et de leurs élèves. Il n’est pas rare d’apprendre que des salles de classes se sont effondrées du fait de la pluie ou parce qu’elles étaient mal faites par des tâcherons véreux, voire inexpérimentés.
Le gouvernement et les organes de contrôle comme la Haute Autorité de Lutte contre la Corruption et les Infractions Assimilées (HALCIA) doivent veiller comme à la prunelle de leurs yeux afin que les contrats soient passés dans la transparence et suivant les états de services des entrepreneurs, et que les travaux soient exécutés dans les règles de l’art.
En déclinant sa vision holistique de l’éducation nationale, le président de la République, Mohamed Bazoum a dit aux partenaires de l’école pourquoi « nous n’avons pas le droit à l’échec dans ce secteur ».
Depuis lors, le gouvernement, sous la houlette du Chef de l’Etat, a multiplié les initiatives pour l’accès de tous à une éducation de qualité. C’est ainsi que l’initiative « Zéro classe en paillote » a vu le jour. Il s’agit de remplacer progressivement les salles de classes en paillottes par des salles en matériaux définitifs. A ce sujet, le gouvernement a engagé un vaste programme de construction d’infrastructures scolaires. « Pour la réalisation de ce programme, des ressources importantes sont inscrites au budget en cours et des requêtes ont été adressées aux partenaires techniques et financiers », a annoncé le Premier ministre, Ouhoumoudou Mahamadou, à l’occasion de la table ronde « zéro classe paillotte », organisée le 6 juillet dernier.
Pour matérialiser cette promesse, le ministre de l’Education nationale a lancé, le 5 novembre 2022, le programme de construction de 2.331 salles de classes en matériaux durables pour un délai d’exécution de trois mois. Une nouvelle favorablement accueillie par l’opinion publique mais qui risque d’être réduite à néant par l’affairisme et le clientélisme de certains de nos compatriotes.
Une source nous a confié que : « L’opération est mal barrée. On commence par des plans au rabais et avec des tâcherons affairistes ». Et une autre de renchérir : « Certains tâcherons n’ont aucune compétence pour construire des classes, même 4 murs et un toit. Ils ne savent pas le faire. Ils savent simplement racketter l’Etat ».
Déjà, des activistes se sont emparés du sujet en accusant le parti au pouvoir de s’approprier ces marchés au profit de ses militants. Il y a lieu que le ministre de l’Education nationale fasse la lumière sur ces accusations d’une extrême gravité.
A notre humble avis, un bon militant du parti au pouvoir ou parti allié, bénéficiaire d’un marché de construction de classes, doit être animé par un double devoir, pour mieux tenir son engagement. Le devoir de servir sa patrie d’abord et celui de servir son parti ou son obédience politique en accomplissant loyalement son devoir contractuel vis-à-vis de l’Etat et par conséquent, des plus hautes autorités qui lui ont fait confiance.
Il faut aider le président Bazoum à sauver l’école nigérienne. C’est ainsi seulement que l’éducation sera une affaire de chacun et de tous.
Elh. M. Souleymane
Niger Inter Hebdo N°89 du mardi 22 Novembre 2022