Violences faites aux enfants : Cas des handicapés victimes de discrimination

Alors que 15% de la population mondiale vivent au moins, avec un handicap, l’UNICEF estime à 1 sur 10, le nombre d’enfants handicapés qui subissent des privations selon plusieurs indicateurs de bien-être, portant notamment sur la santé, l’éducation et la protection, comme l’indique son rapport de novembre 2021, sur les enfants handicapés. Une situation de discrimination contre laquelle M. Alzouma Traoré Ibrahim, chargé des programmes à SOS FEVVF préconise le renforcement de l’environnement protecteur des droits des enfants handicapés, ainsi que le soutien nécessaire dont ils ont besoin dans la société.

Entendre par violence à l’égard des enfants, toutes les formes de mauvais traitements physiques et ou affectifs, de sévices sexuels, de négligence ou de toute autre forme de négligence ou d’exploitation à des fins commerciales ou autres entraînant un préjudice réel ou potentiel pour la santé de l’enfant.

Le handicap par contre, est une situation qui peut ne pas être congénitale, mais aussi accidentelle, c’est-à-dire qui peut survenir au cours de l’existence d’une personne.

Selon M. Alzouma Traoré Ibrahim, chargé des programmes à SOS Femmes et Enfants Victimes de Violences Familiales (FEVVF), les enfants handicapés subissent généralement les mêmes violences, tout comme les autres enfants, telles que les violences physiques mais aussi des violences psychologiques liées à certaines formes de violences, notamment le mariage des enfants, les violences sexuelles pouvant déboucher sur des traumatismes réels sur le mental de l’enfant, mais aussi la négligence.

En dehors de ces cas de figure, les enfants souffrant d’un handicap, sont victimes d’une certaine discrimination, liée à leur situation de handicap. ‹‹ On ne leur considère pas comme étant normaux et cela porte atteinte à leur intégrité psychologique ››. Et d’ajouter que, cette discrimination, voire stigmatisation se caractérise aussi par le fait que les enfants handicapés ou les enfants des personnes handicapées ne sont pas inscrits à l’école, notamment dans des écoles spécialisées.

Le comble, c’est au sein même de la sphère familiale où commence la discrimination de l’enfant handicapé, avant de rejaillir dans la communauté.

Mettre fin à la discrimination des enfants handicapés

Les enfants handicapés ou les enfants des personnes handicapées sont également des êtres humains et par conséquent, ils ont aussi besoin d’être considérés et traités comme des personnes normales et entières.

Au niveau de l’ONG SOS FEVVF où la question de la lutte contre les violences basées sur le genre et protection des droits des enfants fait partie de ses activités, la situation des enfants vivant avec un handicap retient justement l’attention. Soucieuse du bien-être des personnes handicapées et en partenariat avec Oxfam Niger, SOS FEVVF est en train de mettre en œuvre  un projet au profit des enfants handicapés, pour montrer que ces personnes aussi doivent jouir des mêmes droits que les autres enfants. ‹‹ Cela part d’un constat au niveau des différentes communautés où les enfants handicapés vivent une situation particulière d’exclusion ››, déplore M. Alzouma Traoré Ibrahim qui ajoute que ‹‹ des fois on a tendance à oublier même que dans chaque programme, on devrait tenir compte des différentes catégories de personnes, notamment celles qui ne jouissent pas des mêmes facultés que nous, mais qu’ils ont les mêmes droits que les autres personnes ››.

À cet effet, plusieurs activités ont été initiées à l’endroit des enfants handicapés, notamment le petit commerce afin qu’ils puissent être autonomes et des activités lors des journées commémoratives leur permettant de montrer de quoi ils sont capables à apporter à la société.

À travers le projet mené par SOS FEVVF, le soutien aux élèves et étudiants en situation d’handicap n’est pas du reste, notamment dans le département de Say (région de Tillabéri) en matière d’appareils adaptés, leur permettant de suivre  convenablement les cours à l’école ou à l’université, souligne M. Alzouma Traoré Ibrahim qui rappelle que ‹‹ les principes directeurs de la gestion des cas, fait qu’on doit travailler sans aucune discrimination. L’handicap ne peut pas être une barrière ››. En guise d’exemple, il évoque le cas d’une famille où les deux parents ainsi que leurs quatre enfants sont tous des handicapés. Un cas critique qui a suscité le soutien de SOS FEVVF. ‹‹ Les enfants ont été inscrits à l’école, ont réussi leur cursus et vivent aujourd’hui paisiblement sans pour autant avoir recours à faire la mendicité, comme la plupart des personnes handicapées qu’on rencontre dans la ville de Niamey ›› nous  a-t-il confié.

Pour briser le joug de la stigmatisation des enfants vivant avec un handicap vis-à-vis de la société, synonyme d’une violence à leur endroit, le chargé des programmes au sein de SOS FEVVF, préconise avant tout, le renforcement de l’environnement protecteur des droits des enfants en général, et des enfants handicapés en particulier, ensuite, l’identification de ces  enfants handicapés pour voir dans quelle mesure leur apporter un quelconque soutien, leur permettant de vivre convenablement, comme des enfants normaux.

En définitive, face à l’ampleur des privations de toute sorte, subies par les enfants handicapés, l’Organisation des Nations Unies pour l’Enfance (UNICEF), en appelle à plus d’inclusion des enfants et des jeunes handicapés dans les prises de décisions. La meilleure façon de promouvoir leur épanouissement et de leur donner une chance égale au sein de la société.

Koami Agbetiafa

Niger Inter Hebdo N°87 du mardi 8 Novembre 2022