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Rapport Général Public 2021 de la Cour des Comptes : Le silence assourdissant du ministre Idi Illiassou Mainassara

 

Le ministère de la santé publique est l’une des entités administratives la plus épinglée pour mauvaise gestion des biens publics par le Rapport Général Public 2021 de la Cour des Comptes, rendu public au mois d’avril dernier. Dans un point de presse qu’il a animé le 23 avril dernier, présentant la synthèse dudit rapport, le Premier président de la Cour des Comptes, le Pr Narey Oumarou a relevé « la persistance des disfonctionnements dans la plupart des entités contrôlées, notamment le non-respect et la non application des textes en vigueur, des irrégularités dans l’exécution des dépenses publiques, des cas de mauvaise gestion des biens publics, etc. ».

Pour le cas du ministère de la santé publique, il ressort des différentes vérifications effectuées par la Cour des Comptes sur les marchés publics du Programme de réponse au Covid-19, que cette pandémie a servi de prétexte à toutes sortes d’abus : « surfacturation, fausse mise en concurrence, contrats passés par entente directe sans mise en concurrence et sans que les conditions ne soient réunies… ». S’agissant ainsi de l’acquisition de certains équipements dans le cadre dudit Programme, le Rapport Général Public 2021 de la Cour des Comptes a relevé des achats à des « coûts jugés non raisonnables ». A titre illustratif, « des matelas d’une (1) place ont été acquis à 416 400 francs CFA l’unité et des bols à café ont été achetés à 10 084 francs CFA l’unité ».

Autant d’irrégularités dans les dépenses publiques qui ont occasionnées, au niveau de plusieurs entités contrôlées, des « manques à gagner d’un montant de 5, 42 milliards de francs CFA ». Pour le compte du ministère de la santé publique, ce manque à gagner se chiffre à « 661, 12 millions de francs CFA sur six (6) marchés relatifs à l’achat de produits pharmaceutiques, de consommables médicaux et des matériels, l’équipement des chambres et les travaux de réaménagement du Village Chinois, l’acquisition de véhicule de supervision station wagon 4×4 et de motos tout terrain ».

Pour seule réponse donnée à la Cour par le ministère de la santé publique en lien avec ces manquements relevés, est que « la mission semble avoir perdu de vue le contexte dans lequel les commandes ont été faites. Les produits n’étant pas fabriqués sur place, les frontières étaient fermées et les usines à l’extérieur également, la demande était nettement supérieure à l’offre dans un climat de panique générale où les pays n’étaient pas en position d’imposer aux fournisseurs un quelconque conformisme de prix » faisant joindre à cette réponse, « la facture du fournisseur ». Des arguments qui n’ont pas convaincu la Cour des Comptes, d’où le maintien de ses constats.

L’opinion publique aussi n’est pas convaincue des justifications apportées par le ministère de la santé publique. Nombreux sont également les nigériens qui restent encore « sidérés » par la grosse gabegie orchestrée au ministère de la santé publique sur les fonds publics dans le cadre de la lutte contre la pandémie de la Covid-19 où « des bols à café ont été achetés à 10 084 francs CFA l’unité et des matelas d’une (1) place à 416 400 francs CFA l’unité ».

En dépit de ces graves soupçons de « surfacturation et de détournements des fonds publics », le premier responsable de cette entité incriminée, aux moments des faits, à savoir le ministre actuel en charge de la santé publique, Dr Idi Illiassou Mainassara garde un silence assourdissant comme si de rien n’était. L’homme n’a pas daigné donner des « explications » aux nigériens sur ces faits gravissimes.

Pour le commun des nigériens, toutes les irrégularités révélées par le Rapport Général 2021 de la Cour des Comptes ne sont que des « malversations financières » pour lesquelles une action en justice doit être enclenchée afin que les personnes mises en cause répondent de leurs forfaitures devant la justice. C’est dans cette optique qu’une plainte émanant d’un collectif des organisations de la société civile nigérienne a été déposée le 9 mai 2022 sur le bureau du procureur de la République, Près le Tribunal de Grande Instance Hors Classe de Niamey, aux fins de « dénonciation des crimes économiques commis dans plusieurs entités administratives et institutions de la République ».

Au nom de l’égalité de tous les nigériens devant la loi, de l’intérêt du peuple nigérien et dans le cadre de la lutte contre la corruption, le détournement des deniers publics et autres mauvaises pratiques dans la gestion des fonds publics, promise par le Chef de l’Etat dès sa prise de fonction, il importe donc que la justice soit mise en branle pour faire la lumière sur l’ensemble des cas de « mauvaise gestion des fonds publics » décelés dans le Rapport Général 2021 de la Cour des Comptes.

Oumar Issoufa