Feu Soumeylou Boubèye Maiga

Tribune : Soumeylou Boubèye Maiga fût !

Le lundi 21 mars, 13h 20 à Tunis. Je venais de sortir de l’ambassade du Mali où j’ai eu des échanges fructueux, fraternels avec le personnel notamment Madame l’ambassadeur, Diakité Fatoumata N’Diaye, toujours soucieuse de la promotion de la femme et de l’enfant.

Quelques instants après, je prends mon téléphone. Je tombe sur un tweet de Malick Konaté, annonçant la mort de l’ancien Premier ministre. Mon appareil est tombé de mes mains sans que je m’en rende compte. Je crie aussitôt :  » Allah Akbar! La transition en est responsable « . Mon chauffeur, Kassogué, un malien bien connu au sein de la Communauté m’interroge:  » Que se passe-t-il ? » Ils ont laissé Boubèye mourir ai-je répondu.

Immédiatement, j’ai senti des migraines, et une très grande tristesse qui allait couper mon souffle. Je ne cessais de répéter  » Allahou Akbar!

Pourtant son médecin traitant, un colonel- major, avait averti que si l’on évacuait pas Boubèye, son pronostic vital serait engagé. Le pouvoir n’a point réagi.

Sa famille, à travers notre excellent confrère, Tiegoum Boubèye Maiga, a donné une grande interview à Djoliba TV pour tirer sur la sonnette d’alarme au sujet de l’état de santé de son grand-frère. Le pouvoir y est resté indifférent.

L’épouse du défunt, Binta Yattassaye, a, à son tour, vivement interpellé le Président de la transition, Assimi Goita. Encore l’indifférence.

Finalement, Soumeylou Boubèye Maiga est mort comme  » un chien ». Sans soins appropriés, encore qu’ailleurs, même les chiens sont traités. Ce qui fait dire au Président nigérien, Mohamed Bazoum, que SBM est mort comme Modibo Keita.

En effet, il est décédé en détention préventive, suite à un rapport de contrôle du Bureau du Vérificateur Général. Il a même bénéficié d’un non-lieu par la justice malienne.

Pour des raisons hautement politiciennes, le dossier a été ouvert de nouveau. Il a, ensuite, été placé en détention préventive par les autorités de la transition, issues du  » double coup d’Etat  » pour reprendre Macron.

L’ancien Premier ministre a eu une vie pleine avant la mort: Patron de la sécurité d’Etat, plusieurs fois ministre sous Alpha Oumar Konaré, Amadou Toumani Touré, Ibrahim Boubacar Keita. Il se battait pour être président de la République, en raison de sa vision, de son projet de société, de son patriotisme, de son engagement militant.

Soumeylou Boubèye Maiga a eu une vie avant la mort : il était un mythe pour nous de la génération AEEM. Tout ce qui se passait dans les années 1991 – 1997, à tort ou à raison, on l’attribue à SBM.

Après, nous avons eu l’honneur de le côtoyer et de nous rendre compte qu’il n’était pas le diable que nous avions peint.

Calme, avec un sourire jovial, SBM a fait ce qu’il pouvait pour le pays, en contribuant fortement à la stabilisation du régime Alpha, ATT et IBK. Il n’hésitait pas à aller au charbon pour le Mali.

Aussi, a t-il reçu la plus haute distinction honorifique du pays: Grand officier de l’ordre national du Mali. C’est bien ce Monsieur qu’on a laissé croupir dans une cellule avec des bandits de grand chemin, dans des conditions infra-humaines, alors qu’encore une fois de plus, il n’était qu’en détention préventive. Donc, ni jugé a fortiori condamné.

C’est bien ce grand commis de l’Etat qu’on a préféré laisser mourir, sans soins appropriés. Nous ne cesserons de le dire !

Où est l’humanisme ? Où est la morale ? Où se trouve la pitié ?

La transition, notamment son Président, Chef de l’Etat, est tenu pour responsable sur le plan humanitaire. Rien ne saurait justifier le refus de le laisser partir se soigner et revenir se défendre devant la justice malienne parce qu’il était convaincu de son innocence.

En définitive, nous disons, en bon musulman, que Dieu en a décidé ainsi.

Que le Paradis soit sa dernière demeure !

Dors en paix cher béro !

Wa- Salam !

 

El Hadj Chahana Takiou