Daoui Ahmet Baringaye, Président de l'OJT

Daoui Ahmet Baringaye répond aux questions brulantes d’actualité

« Ma conviction est que la sécurité ne sera garantie que le jour où les jeunes de tous bords, de tous horizons et à l’unisson, rejetteront la violence sous toutes ses formes comme mode de revendication ou d’expression tout simplement », déclare Daoui Ahmet Baringaye

Daoui Ahmet Baringaye est Président de l’Organisation de la jeunesse Tarayya (OJT), une organisation de masse du Parti Nigérien pour la Démocratie et le Socialisme (PNDS Tarayya). Dans l’entretien qui suit, il revient sur la récente Assemblée générale de l’OJT, la situation sécuritaire nationale et le projet de redéploiement des Forces Barkhane et Takuba au Niger.

Niger Inter Hebdo : L’Organisation de la jeunesse Tarayya (OJT) que vous présidez a tenu une Assemblée générale au siège national du PNDS, à quelques semaines du premier anniversaire de l’an 1 au pouvoir du président Mohamed Bazoum. Avez-vous un mot d’ordre à l’endroit de vos camarades ?

Daoui Ahmet Baringaye : Oui, vous avez tout à fait raison. Notre Assemblée générale (AG) est intervenue justement presque un an après l’accession de S.E.M. Bazoum Mohamed à la présidence de la République de notre pays. Le moins qu’on puisse dire est que notre silence a été long et il est grand temps en effet que nous sortions de cette léthargie. L’AG poursuivait donc principalement cet objectif-là. Et l’occasion m’avait paru opportune pour transmettre aux camarades les remerciements de nos responsables politiques pour la qualité de leur mobilisation durant tout le processus électoral, ceci d’une part et d’autre part, leur transmettre leurs encouragements pour le combat de communication que les jeunes mènent à travers les réseaux sociaux notamment.

Je leur avais aussi transmis les salutations fraternelles du Président de la République, Chef de l’Etat, S.E.M. Mohamed Bazoum. Et après avoir rendu un hommage mérité à l’ancien Président de la République, S.E.M. Issoufou Mahamadou pour tous les services nombreux et multiformes rendus à la Nation lorsqu’il en avait la charge pendant les 10 ans passés et pour nous avoir rendus si fiers, nous militants du PNDS, en rendant possible la 1ère alternance démocratique de notre histoire politique, j’ai appelé les camarades jeunes à continuer à être naturellement fiers de notre appartenance à un si grand parti.

Je les ai encouragés à continuer à rester mobilisés derrière le parti et à apporter au Président de la République, Mohamed Bazoum le même soutien qu’ils avaient su apporter au Président Issoufou. S’il devait avoir un mot d’ordre, alors c’est bien celui-là.

Niger Inter Hebdo : Vous avez également demandé à vos camarades de s’intéresser davantage à la question sécuritaire. Pouvez-vous expliciter votre pensée ? 

Daoui Ahmet Baringaye : La sécurité est l’un de ces phénomènes dont les conséquences affectent plus l’avenir que le présent, même si on en vit les affres aujourd’hui. Par ailleurs, qu’il s’agisse de ceux qui l’animent sur le terrain de la guerre avec les armes du côté des criminels, de ceux qui l’alimentent ou la dénoncent sur les réseaux sociaux du côté des citoyens et de ceux qui la combattent avec les armes du côté des Forces de Défense et de Sécurité, Forces auxquelles il me plaît de rendre hommage ici, dans tous les cas, vous trouverez en toile de fond, les jeunes.

Dès lors, la question sécuritaire si même il est vrai qu’elle concerne toutes les couches sociales, elle concerne particulièrement les jeunes. Et c’est pour cela que j’ai demandé aux jeunes de s’y intéresser en s’y impliquant mais bien évidemment en refusant systématiquement le côté de la destruction pour s’engager du côté de la construction. J’ai alors exhorté mes camarades à se mettre résolument au travail de sensibilisation et de conscientisation à l’endroit de nos concitoyens. J’ai estimé qu’il n’y a pas mieux que les jeunes pour parler aux jeunes. Ma conviction est que la sécurité ne sera garantie que le jour où les jeunes de tous bords, de tous horizons et à l’unisson, rejetteront la violence sous toutes ses formes comme mode de revendication ou d’expression tout simplement.

J’ai donc appelé mes camarades à s’approprier le message du Président de la République lors de son adresse à la Nation du 25 février 2022 et à se déployer sur l’ensemble du territoire national en y devenant un des relais populaires.

Niger Inter Hebdo : L’actualité, c’est également le projet de redéploiement de Barkhane et Takuba au Niger. Quelle lecture faites-vous de cette situation en tant Président de l’OJT ?   

Daoui Ahmet Baringaye : En tant que jeune et citoyen, la sécurité de mon pays m’importe au plus haut point. Je considère aussi que c’est une question délicate et complexe qui exige beaucoup de recul, de lucidité et de retenue. Elle exige que nous puissions faire preuve de beaucoup de modestie dans notre appréciation de choses pour faire confiance aux experts et à ceux qui, du fait de leur responsabilité en ont la charge.

C’est pourquoi, moi je m’approprie la vision du Président de la République ainsi qu’il l’avait déclinée dans son message en date du 25 février passé ; un message qui est en vérité, un magistral cours de géopolitique.

Il est important de rappeler ici la réalité unique de notre pays : une immense étendue territoriale de 1. 267 000 km2 au milieu de trois grands foyers de tension (frontière Libye, frontière Nigéria et frontière Mali). Malgré cette situation pour le moins complexe, le Niger reste encore débout. Cette situation résulte d’une vraie vision portée par des dirigeants responsables. En effet, très tôt après la chute du guide libyen, chute contre laquelle d’ailleurs le Président Issoufou avait mis en garde le Président français Sarkhozy au regard de ses conséquences certaines et prévisibles sur la stabilité de nos Etats, nos autorités avaient pris l’option de renforcer notre armée en recrutant davantage des hommes mais aussi en les équipant. A l’époque, je me souviens que ceux qui accusent aujourd’hui nos dirigeants d’être les vassaux de la France criaient au scandale en « ironisant qu’au moment où le peuple avait faim, le Président Issoufou, lui, préfère acheter des armes ».

Plus tard, ce sont les mêmes qui criaient à l’insuffisance des armes pour l’armée. Ce rappel me paraît très important afin que l’opinion comprenne la boussole qui guide nos dirigeants. C’est celle d’une vision qui considère que la sécurité des nigériennes et des nigériens passe au-dessus de toute considération. Ils sont dans une vision responsable de la sécurité, consistant à accepter en quelque sorte que les nigériens, en dehors d’Allah, ne comptent que sur leurs dirigeants pour assurer leur sécurité et se faisant, leur développement.

Les autorités du Niger ont bien compris que le défi sécuritaire reste au-dessus de tout autre défi, car comme on aime le dire, « sans sécurité, rien n’est possible ». C’est pour cela qu’ils y investissent 15 à 16% du budget national depuis des années. Il y a donc lieu de saluer les efforts de nos autorités ainsi que la bravoure de nos soldats.

Il se trouve que la menace terroriste est une menace toute particulière et de la même façon que le terrorisme se mondialise dans son organisation, ses actions et ses effets, c’est de cette même façon que la réponse à lui apporter ne peut être que mondiale.

En tout cas, à mon humble avis, la coopération militaire s’avère nécessaire. C’est pourquoi, on a besoin des partenaires. Des partenaires qui ne feront pas la guerre à notre place bien évidemment mais qui accompagneront nos armées dans des domaines où celles-ci présentent des insuffisances comme les technologies de renseignements, les moyens de transports, les équipements de pointe et la formation. C’est bien cela, la vison du Président Bazoum.

Dans ce cadre, il y a lieu d’ailleurs d’observer qu’en termes des partenariats, la foi de nos autorités est dans des solutions locales. C’est pourquoi, le Président Issoufou et le Président Bazoum, alors ministre des affaires étrangères d’abord et ministre de l’intérieur ensuite, étaient tous les deux à l’avant-garde de la création de la Force Mixte Multinationale qui fait ses preuves dans le bassin du lac Tchad contre Boko Haram et de la création de la Force du G5 Sahel.

C’est pourquoi, le probable redéploiement de la Force Barkhane dans notre pays et précisément dans la zone des 3 frontières, pour moi, doit être compris comme l’expression forte de la vision de nos autorités consistant à considérer que face à cette situation humainement insupportable et moralement inacceptable, aucun sacrifice n’est à économiser mis à part la caricature, le déni, la désinformation, le mensonge, la spéculation inutile, l’irresponsabilité et la fausse fierté. Bien sûr les armes et les partenaires ne suffiront pas. A cet égard, il faut féliciter le Président de la République qui a décidé d’inscrire cette question dans une démarche démocratique et républicaine en demandant au Premier ministre Ouhmoudou Mahamadou d’engager la responsabilité de son gouvernement devant les seuls représentants légitimes du peuple que sont les députés nationaux.

C’est pourquoi, je continue à dire aux jeunes de ne pas se tromper du combat. Aujourd’hui, le combat va au-delà de cet anti-impérialisme français. Il s’agit d’abord du combat de notre survie en tant que Nation et ensuite de la place de notre Nation dans le monde. Alors, faisons encore confiance à nos dirigeants et à nos généraux et prions tous ensemble pour que les décisions qu’ils prennent et qu’ils auront à prendre puissent être à la hauteur du défi sécuritaire qui tourmente notre pays. Qu’Allah inspire davantage nos dirigeants et accompagne nos vaillants soldats à la victoire.

Niger Inter Hebdo : vous avez exprimé une mention au Président Mohamed Bazoum pour avoir confié des responsabilités à vos camarades jeunes. Avez-vous un appel à l’endroit de ces jeunes ?

Daoui Ahmet Baringaye : Avant de répondre à votre question, permettez-moi justement de rendre un vibrant hommage au Président de la République, S.E.M. Mohamed Bazoum pour l’intérêt qu’il porte à la jeunesse mais aussi pour la confiance et la foi qu’il a en elle.  Cette attitude relève de sa conviction même lorsqu’il était à la tête du parti où il avait lancé la dynamique de la relève générationnelle. La suite était connue puisque la direction de sa campagne pour l’élection présidentielle était dirigée et animée essentiellement par les jeunes.  C’est dire qu’en ce qui nous concerne, rien ne nous surprend si aujourd’hui, tenant les rênes du pouvoir, le président Bazoum décide de confier des grandes responsabilités d’Etat aux jeunes. Au nom de l’ensemble des jeunes réunis au sein de l’OJT, je tiens à lui exprimer toute notre reconnaissance.

Pour revenir à votre question, à la place d’un appel à l’endroit de nos camarades promus aux responsabilités, c’est plutôt des vœux que je forme en disant qu’Allah SWT puisse les accompagner dans leurs missions ; qu’il (Ndlr : Allah SWT) fasse qu’ils restent dignes de la confiance en eux placée par le Chef de l’Etat et qu’ils honorent tous les jeunes par leurs comportements responsables et par leur réussite. En cela, nous sommes confiants et nous pouvons compter sur leurs compétences.

Réalisée par Elh. M. Souleymane

Niger Inter Hebdo N°60 du Mardi 22 Mars 2022