« Porter à la connaissance de l’opinion publique les avancées enregistrées par notre pays dans la lutte contre la corruption ainsi que les perspectives envisagées », tel est l’objectif visé par la Haute autorité de lutte contre la corruption et les infractions assimilées (Halcia) à travers le point de presse animé le vendredi 17 août dernier par son président, M. Gousmane Abdourahamane.
Ainsi, au titre de la répression, la Halcia a annoncé avoir enregistré au titre de l’année 2019, « plus de 180 plaintes et dénonciations portant sur des infractions diverses dont les plus récurrentes sont : les fraudes fiscales ; les fraudes douanières ; les fraudes aux concours de recrutement ; la corruption ou complicité de corruption ; l’abus de fonction ; les infractions au code des marchés publics ; les détournements des deniers publics ». Dans plusieurs de ces dossiers, a indiqué le président de la Halcia, son institution « travaille en parfaite synergie avec les autres organes de contrôle de l’Etat, notamment l’Inspection Générale d’Etat et l’Inspection Générale des Finances ».
Pour certains des dossiers, comme celui de la fraude des hydrocarbures où l’Etat du Niger a perdu plusieurs dizaines de milliards de Fcfa, la collaboration va au-delà avec des institutions sœurs de la sous région, telles que l’Autorité Supérieure du Contrôle d’Etat et de Lutte contre la Corruption du Burkina Faso et l’Office Central de Lutte contre l’Enrichissement Illicite du Mali.
Sur la fraude des hydrocarbures, la Halcia s’est particulièrement intéressée au volet « Exportation et Transit des hydrocarbures produits par la SORAZ en 2017 et en 2018 ». Ses investigations, précise-t-elle, ont surtout concerné les axes Torodi-Kantchiari (Burkina Faso) où il a été enregistré pendant cette période, quelque « 11082 camions citernes déclarés à l’exportation du carburant vers le Burkina Faso et Mali ».
Sur ce nombre, la Halcia a découvert que « le contenu de 904 citernes a été frauduleusement reversé sur le territoire national, ce qui a engendré à l’Etat un préjudice de l’ordre de 5 milliards Fcfa ». S’agissant de l’axe Matameye-Nigeria, « 5883 citernes sont déclarées à l’exportation vers le Nigeria et 633 d’entre elles n’ont pas été prises en charge par le bureau de douanes de Matameye et le poste de contrôle de la SONIDEP de Dan Barto, soit environ 3,5 milliards de droits compromis au détriment de l’Etat » a ajouté le président Gousmane Abdourahamane.
Une fraude rendue possible selon la Halcia, grâce à « la réutilisation des numéros de déclarations ayant déjà servi à exporter des hydrocarbures sur tant sur les différents axes ». Sur ce seul volet, « c’est près de 11 milliards de FCFA de perte que l’Etat a subie », relève la Halcia, en plus d’autres manques à gagner concernant « le transit des hydrocarbures ». A ce dossier, s’ajoutent des « constatations opérées au niveau des dédouanements des véhicules » où il a été découvert « 235 faux dédouanements, pour un manque à gagner pour l’Etat de près de 500 millions ».
Outre ces cas de fraudes, les investigations de la Halcia ont concerné d’autres affaires telles que : le concours de recrutement des greffiers par le ministère de la justice ; le concours de recrutement des inspecteurs centraux au profit de la Direction Générale des Impôts ; le recrutement des enseignants ; le concours de recrutements des agents par la CENI; les concours de recrutement des agents des douanes ; les examens du BEPC et du Baccalauréat 2019 au niveau de la Ville de Niamey. Pour certains de ces dossiers (le concours de recrutements des agents par la CENI et celui des agents des douanes), « les investigations se poursuivent », selon le président Gousmane.
Cette sortie de la Halcia a aussi été une occasion pour entretenir l’opinion sur deux autres dossiers d’actualité brulante, à savoir « l’opération de permis biométrique et l’organisation du Hadj » qui ont fait l’objet de saisine d’office. Bien que les investigations soient en cours, la Halcia a tout de même édifié les nigériens sur certains aspects de ces dossiers. Pour le permis biométrique, au stade actuel de l’enquête, annonce la Halcia, « presque tous les documents relatifs à cette convention ont été mis à la disposition des enquêteurs.
Une dizaine des réquisitions ont été adressées aux services concernés en vue de faire certaines vérifications. Une dizaine de responsables ont été également entendus ».
Et selon les premières constatations, il a été relevé que « des agents de l’Etat ont été mis à la disposition de la société délégataire en violation des dispositions de l’article 165 du décret portant modalités d’application de loi sur le statut général de la Fonction publique de l’Etat ; des proches de certains hauts responsables du ministère concerné seraient impliqués dans le processus d’exécution de cette convention ; des sociétés ont été créées, apparemment pour la circonstance ; la procédure de passation du marché semble elle-même entachée d’irrégularités ».
Au terme de son exposé, le président de la Halcia a rassuré l’opinion que son institution mène ses investigations en toute indépendance et en toute impartialité, conformément aux prérogatives qui lui sont dévolues par la loi.
« Nous n’obéissons à aucun groupe d’influence politique ou économique et les plaintes ou dénonciations que nous recevons sont traitées sans exclusive aucune et avec professionnalisme », a-t-il conclu.
Oumar Issoufa