Extraction d’huile d’arachide et de Tigadigué à Dosso, un secteur à réorganiser

Dosso, 14 juil. (ANP) -Sous un arbre, devant les locaux d’un Collège d’Enseignement général, un groupe de femmes s’active à retirer de l’arachide tout ce dont elle renferme de substances. Pendant que certaines s’occupent de la grillade, d’autres font de l’extraction d’huile ou de la fabrication du ‘’Tigadigué’’ ; cette pâte d’arachide très prisée par les usagers de la route de passage à Dosso. A l’occasion des réunions, séminaires et autres grandes rencontres, les vendeuses du Tigadigué n’hésitent pas à offrir leurs produits aux visiteurs.

Il faudrait se rendre sur les lieux pour comprendre comment se fait ce travail harassant par ces braves femmes qui passent toute la journée sous l’emprise des mortiers et du feu. Non loin d’elles, deux moulins, l’un pour le décorticage de l’arachide et l’autre pour moudre le produit obtenu, ont été installés, ce qui facilite un tant soit peu leur travail. Mais avant d’en arriver là, il faudrait se procurer la matière première ; l’arachide. Pour se ravitailler, les femmes parcourent les différents marchés de la Région notamment Ouna, karguibangou, Bella, Moko, pour ne citer que ceux-là.

En cette période d’hivernage, le prix du sac varie de 11.000 à 12.500 FCFA. La deuxième étape a trait elle au décorticage. Le moulin aidant, l’opération coûte 250 francs par sac ; suivra ensuite la grillade. Une fois ce travail achevé, l’arachide sera ramenée au deuxième moulin pour être broyée à raison de 600 francs le sac. La pâte obtenue servira à la fabrication du Tigadigué. Sur un sac d’arachide, on peut obtenir 15 à 20 boîtes de Tigadigué. Pour l’extraction d’huile, l’arachide une fois décortiquée, sera broyée au moulin et la pâte obtenue sera versée dans le mortier pour être malaxée, remuée avec le pilon. Au fur et à mesure que dure l’opération, l’huile est extraite ; cela peut durer des heures. Le sac d’arachide peut produire 8 à 10 litres.

Ainsi, après avoir achevé d’extraire l’huile, la pâte qui en restera, sera coupée en petits morceaux qui seront grillés pour en faire du tourteau (kouli-kouli en langue locale). Toute la production est vendue sur place sauf lors des rencontres où les commandes sont lancées. Le kouli-kouli lui est écoulé au niveau des marchés environnants. Le litre d’huile est vendu à 1.000 francs voire 1.100FCFA. Le Tigadigué est vendu lui entre 700 et 750 francs la boîte.

Comme difficultés que rencontrent ces braves femmes, l’on note une insuffisance de matériel. Ceux qui existent sont vieillissants auquel s’ajoute le manque d’organisation dans cette activité dans la mesure où chacune exerce à son propre compte.

Ces produits sont très appréciés contrairement à ceux de certaines régions qui subissent des mélanges tout au long de la préparation, selon une clientèle. Pendant les périodes où le commerce d’huile est florissant, le chiffre d’affaires peut atteindre 50.000 FCFA

Au Nombre des extractrices d’huile d’arachide sur les nombreux sites de la commune de Dosso, figure Amina Souley, responsable du Groupe du CEG2 avec plus de 10 ans d’expériences. Cette femme a tout gagné de cette activité nous a –t-elle confié. Lors du mariage de sa fille se souvient-elle, une bonne partie de l’équipement a été acquis grâce à la vente d’huile et du Tigadigé. Aujourd’hui cette femme continue cette activité malgré le poids de l’âge.

Cependant Amina Souley se plaint du matériel purement artisanal qu’elle utilise dans le cadre de cette activité. Pourtant, le projet augmentation de revenus monétaires des femmes de Dosso avait à son temps procédé à la formation et à la sensibilisation des femmes exerçant ce métier et les a même équipées de matériels modernes de production. Hélas, indique Amina Souley, tout cela est tombé à l’eau, car d’une vingtaine de femmes au départ dans son Groupe, il ne reste qu’une dizaine elles-mêmes travaillant séparément.

Pour y remédier, Amina Souley souhaite de la Direction régionale de la Promotion de la Femme ou tout de projet ou organisme, la construction d’un hangar qui les mettra à l’abri des intempéries, la dotation en matériels modernes de production et leur réorganisation en associations.

MA/ AMC/ ANP Juillet 2017