Entretien à bâtons rompus avec Inoussa Saouna

Inoussa Saouna est acteur de la société nigérienne. Fondateur de l’ONG SOS tabagisme-Niger et d’autres organisations, il a participé activement à tous les combats de la société civile pour l’émancipation de notre peuple. Depuis six (6) ans il servait le pays comme préfet à Diffa puis dans la région de Dosso dans le Boboye. Dans cet entretien à bâtons rompus il donne son analyse de l’actualité.

Niger Inter: On assiste de plus en plus à la radicalisation du discours de certains acteurs sociopolitiques qui s’apparentent à des méthodes subversives de lutte. Quelle est votre appréciation de cette situation ?

Inoussa Saouna : Effectivement nous assistons depuis un certain temps à la radicalisation des positions, à l’exagération dans les discours que ce soit des acteurs politiques classiques comme également d’une certaine société civile qui affiche clairement ses accointances avec des acteurs politiques de sorte qu’on a plus affaire à des acteurs politiques qu’à des acteurs sociaux. Cet état de fait remonte aux élections de 2016. Un processus qui a été inclusif avec l’appui des partenaires extérieures. Mais on sait déjà la posture de l’opposition c’était de faire le dilatoire pour plonger le pays dans un vide institutionnel. Et déjà on le savait en son temps l’opposition avait comme bras armé les mêmes acteurs de la société dont les hauts faits en la matière sont connus de tous. Cette coalition qui ne date donc pas d’aujourd’hui avait utilisé tous les artifices pour discréditer le processus électoral. Rappelez-vous comment ils ont naïvement trompé le Jeune Maikoul ZODI à démissionner de son poste de Rapport Général de la CENI dans le but d’avoir un effet négatif sur le déroulement du processus. Flop sa démission n’a été retenue que par ses instigateurs. Très malheureusement tous ses desideratas étaient satisfaits et ils étaient bien obligés d’aller aux élections au risque de se discréditer à jamais. Fidèle à leurs mauvaises attitudes, ils avaient voulu boycotté le deuxième tour des élections présidentielles. Finalement ils avaient pris une autre posture à savoir celle de demander à leurs militants de ne pas aller voter avec leur candidat en lice, sous prétexte qu’il était entre les mains de la justice, chose évidente qui relevait de la compétence des juridictions.
Face à la défaite évidente, ces individus ont recours au mépris, à la haine contre le Président de La République Issoufou Mahamadou, son Gouvernement et toute autre personne qui le soutien. C’est ainsi que nous observons cette radicalisation de ces acteurs depuis le second mandat du président élu avec comme relais cette société civile qui souffle sur tout. Récemment encore le peuple a été témoin de leur opportunisme à vouloir instrumentaliser le mouvement estudiantin.
Je dis à ces gens-là de ne pas être amnésiques le régime en place comme eux en tant qu’opposition ou société civile tiennent chacun sa légitimé du cadre démocratique qu’il faudrait absolument préserver pour l’intérêt général.
Il est faut être sinueusement irresponsable pour encore souhaiter à notre pays un autre retour en arrière.

Niger Inter : la coalition opposition société civile appellerait à écourter le mandat du président Issoufou. Y-a-t-il une comparaison avec la situation de 2009 où le président Tandja avait opéré le tazarce ?

Inoussa Saouna : Aujourd’hui le contexte n’a rien de semblable à la situation de 2009 où le président Tandja à la fin de son mandat avait décidé d’abuser du pouvoir en démolissant toute l’architecture démocratique pour s’imposer. Dès lors nous étions dans une impasse. Nous étions face à un pouvoir illégitime aux antipodes aux aspirations du peuple nigérien. Et de facto toutes les forces doivent s’unir pour le combattre. C’est ce qui fut fait. Sous Tandja notamment à l’entame de la 6ème République, notre pays était totalement isolé de l’extérieur et c’était un gâchis, un grand recul pour le Niger et son peuple.

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L’opposition actuelle et son relais de la société civile ont un seul but la conquête du pouvoir sans attendre la fin du délai légal du Président Issoufou. Dans leur ignorance, ils pensent utiliser la crise économique ambiante et quelques soubresauts sociaux pour atteindre leurs objectifs. Mais ils se trompent d’époque et de contexte.
Je pense que se mettre dans une posture de vouloir délibérément discréditer les institutions de la République c’est du coup se placer dans une position hors la loi. Et on le sait, en pareille circonstance, le devoir des pouvoirs publics est de faire régner l’ordre et la discipline pour préserver la sécurité de l’Etat.
Je dis aussi à ces acteurs de la société civile qui s’engagent dans ce jeu sournois, ils ne font pas honneur à ce noble label de société civile. Pour moi dans un pays où toutes les institutions de la République fonctionnent normalement c’est faire montre d’assez d’ignorance pour chercher à convaincre le monde que votre mission consiste à restaurer la démocratie. A mon sens, c’est un appel de pieds à une conspiration et c’est manqué proprement de respect au peuple qui a accordé une partie de son vote à leurs amis politiques puisque jusqu’à preuve du contraire leurs élus siègent au parlement, l’émanation des élections de 2016.
C’est aussi une aberration de voir une opposition qui dispose plus que jamais de la liberté d’expression, du droit au chapitre à l’Assemblée nationale en occupant des responsabilités au sein de cette institution et vouloir faire de la subversion dans le pays.

Niger Inter : justement la coalition opposition et société civile prétend que le cadre démocratique serait en péril en invoquant l’acharnement et les arrestations des opposants et les défenseurs des droits de l’homme. Que pensez-vous de cette allégation ?

Inoussa Saouna : Le débat démocratique dans le respect des normes est une chose assez ordinaire. Il n’y a rien à redire qu’une opposition critique un régime politique ou un adversaire politique. Mais le hiatus c’est lorsque l’opposition et ses amis de la société civile inscrivent leur combat sous un agenda qui n’a rien à voir avec les principes républicains. Et pour mémoire, j’ai en exemple la situation du 15 mars 2005 où la société civile avait engagé un mouvement monstre contre la vie chère au Niger. Nous avons fait des manifestations de rue, des journées villes mortes mais à aucun moment nous n’avez entendu de la part de la société civile de l’époque un appel à mettre fin au régime de Tandja parce que nous sommes conscients que ça ne fait pas partie de notre mission, de notre rôle. Notre rôle en tant que société civile c’était de conscientiser le peuple nigérien de manière à faire pression sur les autorités de l’époque afin qu’elles changent de direction de la conduite des affaires du pays. Et j’avoue qu’à l’époque nous de la société civile nous n’étions de connivence avec aucun parti politique. Au contraire ce sont les partis politiques qui se sont coalisé contre nous.
Concernant la presse, nous avons aujourd’hui une des presses les plus libres de la sous région même si leur indépendance prête à confusion. Quand on parle de l’indépendance de la presse c’est un tout.
Je salue au passage cette presse qui travaille dans des conditions difficile et précaire. Même s’il faut admettre qu’il reste beaucoup faire. Les citoyens méritent une presse bien meilleure.
Je n’ai pas besoin d’insister que le contexte actuel est à mille lieues du contexte dévoyé que fut tazarce. Pour le reste, nous connaissons les acteurs en présence qui utilisent les mêmes moyens, le même langage pour semer la discorde dans le pays. Encore une fois, ils se trompent d’époque et de contexte.

Niger Inter : Vos collègues de la société civile eux aussi pensent que c’est parce que vous êtes aux mangeoires que vous continuez à défendre le pouvoir ?

Inoussa Saouna : Être acteur de la société civile n’est pas un métier même si certains en font une profession. Nous sommes des citoyens nigériens et à chaque fois que nous avons l’opportunité de servir notre pays même en tant qu’acteur de la société civile, il ne faut pas hésiter à le faire et c’est ce que j’ai personnellement fait. J’ai été sollicité par le président de la République pour servir mon pays en tant que préfet. Je l’ai fait avec dignité et honneur. Aujourd’hui je suis déchargé de cette fonction et je suis à l’aise pour pouvoir prendre ma place dans tous les combats de la République et la Nation.
Je pense qu’il n’y a pas de complexe à se faire. De la même manière qu’il y a des acteurs qui pensent le président Issoufou est un président qui est en train de bien travailler pour son pays autant il y a d’autres qui pensent le contraire. C’est tout à fait normal.
A la différence que nos amis qui travaillent avec l’opposition espèrent la chute du Président Issoufou dans le but de bénéficier des postes de responsabilité. C’est ça l’alpha et l’Oméga de tous ses aventuriers.
Cependant, il existe bien une partie de la société civile qui se bat pour des idées et des principes. Ceux-là doivent se démarquer de cette horde d’acteurs connus pour leur sournoiserie en toute circonstance. Il y va de leur crédibilité.

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Niger Inter : La coalition opposition société civile demande le départ immédiat du président Issoufou. Que pensez-vous ?

Inoussa Saouna : De quel droit peuvent-ils demander le départ du président de la République. Leur posture ne saurait prospérer en ce sens que leur combat s’inscrit aux antipodes du combat démocratique et républicain. L’opposition tout comme sa société civile sont tributaires de ce cadre démocratique qu’ils prétendent balayer sournoisement.
Tout dérapage de la part des acteurs doit attirer l’attention de tous pour ne pas remettre en cause l’essentiel à savoir le cadre démocratique qui nous permet de prévaloir nos prétentions en tant que citoyen. Sinon les pouvoirs publics sont tenus de prendre des mesures pour préserver l’essentiel.

Niger Inter : Nous assistons à des attaques via les réseaux sociaux et certains médias à la diffusion des messages sur des antivaleurs et des accusations infamantes à l’encontre des personnalités, ce qui jure avec les principes républicains. Quelle est votre appréciation de cet état des faits ?

Inoussa Saouna : Cette culture d’insultes, ces montages grossiers sur des personnalités de la République est une pratique que nous ignorons en 25 ans de démocratie. Cela découle à mon sens au désespoir et à la haine que certains voudraient ériger en principes de lutte politique. Récemment j’ai lu une publication sur facebook visant à ternir l’image du ministre Marou Amadou.
Ce montage grossier est ourdi par des individus que nous connaissons très bien et ces mensonges ont été cousus dans une officine bien connue par des gens qui ne sont pas à leur premier coup d’essai. Ces gens très malheureusement sont mus par la jalousie, la haine et la convoitise qui constituent des antivaleurs pour tout musulman. C’est assez satanique ce que ces individus peuvent faire pour atteindre certaines fins. Je conseille à ces gens égarés de considérer que c’est Dieu qui élève les uns sur les autres. Il faut donc savoir attendre son temps que de chercher à forcer le destin. C’est Dieu seul qui peut discréditer les gens pas des montages sataniques. J’appelle les uns et les autres à se ressaisir pendant qu’il est encore temps.

Niger Inter : Comment expliquez-vous le fait que d’aucuns mettent en avant des antivaleurs comme l’ethnie, la région comme armes de combat politique dans un pays qui aspire à la paix au regard de notre brassage culturel ?

Inoussa Saouna : Moi j’ai eu l’opportunité de vivre depuis six ans à l’extérieur de Niamey. De cette expérience que je viens de vivre comme cadre de commandement je peux dire que nous avons un pays exemplaire qui n’a aucun problème d’ethnocentrisme contrairement à ceux que certains voudraient diaboliquement nous faire croire. Personne ne peut mettre notre peuple dans cette posture. Mais malheureusement il y a des individus que nous connaissons qui font de l’ethnocentrisme et le régionalisme leur alpha et oméga en politique. Et ce, depuis leur tendre jeunesse ces gens sont animés par ce combat d’arrière garde qui vise à opposer les nigériens les uns contre les autres en voulant propager la haine et le désespoir au sein des communautés. Très malheureusement pour eux nous avons un peuple musulman solidaire et soudé. S’il y a quelque chose de commun pour le peuple nigérien c’est le métissage culturel, le cousinage, notre mode de vie et notre religion. C’est pourquoi avant que ce ne soit tard ces gens doivent revenir aux vraies valeurs. Et c’est ce que le peuple nigérien attend d’eux. A l’épreuve des faits, ce qui unit les nigériens est de loin plus important que ce qui les divise. C’est pourquoi je demande à ces prophètes de malheur au lieu de prêcher dans le désert autant revenir au bon sens pour contribuer au combat contre la pauvreté, à la construction de notre pays comme pour son développement intégral comme attente incompressible du peuple nigérien.

Niger Inter : Le président Issoufou vient de participer au sommet du G7. Cela à donner à redire pour certains pour dénigrer la prouesse diplomatique du président Issoufou. Avez-vous un commentaire à ce sujet ?

Inoussa Saouna : L’attitude que venez de décrire rentre dans la droite ligne du dénigrement des actions du président Issoufou par quelques-uns depuis six ans. Pourtant c’est le président qui a réussi sur beaucoup de plans pour notre pays malgré les attaques et calomnies d’une rare violence. Et cela a commencé depuis 2013 lorsqu’un des alliés principaux du président Issoufou a décidé de se démarquer du pouvoir en utilisant les arguments qu’ils ont utilisé à l’époque pour justifier leur départ. Depuis lors eux et leurs alliés de tout bord se sont mis dans cette logique de dénigrement et d’insultes qui leur empêche de ne rien voir de positif dans la conduite du pays. Aujourd’hui n’en déplaise à leur machination le Niger est l’un des pays les plus respecté en Afrique convié partout à travers le monde pour parler non pas au nom du Niger mais au nom de la sous-région. Aujourd’hui le Niger inspire respect des autres et la voix du Niger compte non seulement auprès des grandes puissances du monde mais aussi au niveau des autres pays qui pensent que la voix du Niger peut porter leurs voix. Je ne peux que saluer le courage du président Issoufou qui malgré l’adversité a toujours su œuvrer pour faire avancer le pays à travers le monde. Nous sommes un pays aujourd’hui totalement sorti de l’isolement dont certains l’ont confiné et ils ne sont pas contents de la prouesse de cet homme qui ne veut que le bien pour son pays. Le président Issoufou qu’on le veuille ou non a une envergure internationale incontestable et on doit savoir capitaliser cela pour avancer. Il faut savoir s’ouvrir au monde.

Je conseille vivement aux adversaires d’Issoufou car ils doivent sortir chercher des alliés à travers le monde pour le bien du Niger. L’isolationnisme n’a fait du bien à aucun pays.

Réalisée par Elh. Mahamadou Souleymane