« La bonne politique consiste à servir votre peuple de sorte que votre nom soit éternellement dans la mémoire des gens », déclare Pr Djibo Hamani
Historien, M. Djibo Hamani a aujourd’hui le grade de professeur émérite. Très sobre et rigoureux à la fois, le professeur Djibo Hamani est auteur d’une fructueuse production intellectuelle sur l’histoire générale de l’Afrique et du Niger en particulier. Très attaché également aux valeurs, nous lui avons rendu visite chez lui où il a bien voulu nous accorder dans sa somptueuse bibliothèque cet entretien à bâtons rompus. Propos d’un sage à cogiter absolument !
Niger Inter : Le Niger continue d’être classé dernier par le PNUD en termes d’Indice de développement humain (IDH). Comment expliquez-vous cette situation ?
Pr Djibo Hamani : Ce verdict-là qui date de très nombreuses années n’est qu’un constat clair et évident de l’échec de la classe politique nigérienne. Mais pour moi l’origine de ce constat d’échec sans appel date du début des indépendances. En effet, lorsque le Niger a accédé à la liberté, il a hérité de la colonisation d’une organisation administrative, économique, institutionnelle, éducative etc. Le colonisateur avait organisé notre pays en fonction de ses intérêts exclusivement, et c’est le propre de toutes les colonisations européennes. Par conséquent lorsque nous sommes devenus indépendants (et devenir indépendant cela signifie sortir du giron du colonialisme) il fallait faire un retour sur soi et se demander qu’est-ce que nous pouvons garder du colonisateur, qu’est-ce qu’il fallait rejeter, et comment bâtir une nation moderne, solide, en partant de ses valeurs propres, religieuses, culturelles, institutionnelles appuyées sur ses potentialités naturelles et humaines. Ce questionnement préalable n’a pas été fait. En ce sens on peut dire sans risque de se tromper que tous les régimes qui se sont succédés de 1960 à nos jours sont d’abord les enfants du colonisateur avant d’être ceux du peuple nigérien. Ils se sont tous comportés comme les continuateurs du système colonial, opérant en décrochage avec le pays réel. Cette faute monumentale ne pouvait aboutir qu’à des échecs. Quels que soient les efforts qu’on déploiera, il n’y aura pas de succès tant qu’il n’y a pas rupture avec la vision coloniale de notre devenir. Je me contenterai de deux exemples parmi d’autres. Le premier c’est le cas de l’environnement international. Lorsque les Français étaient arrivés ici nous avions trois (3) pôles de relations importants : le Nigeria, l’Afrique du Nord et en particulier la Libye jusqu’à l’Egypte et troisièmement le Ghana. C’étaient les trois pôles où les Nigériens allaient acheter et vendre. La colonisation française a eu comme résultat de nous couper du Ghana, de la Libye et d’essayer sans beaucoup de succès de nous couper du Nigeria. Le Ghana et le Nigeria, colonies anglaises utilisant la livre sterling, n’arrangeaient pas les intérêts français et vous constaterez que la création du chemin de fer du Dahomey (Bénin) était due à la volonté française d’empêcher l’arachide de la région de Magaria, Matameye et Maradi de passer par le Nigeria. Le chemin de fer était arrivé jusqu’aux portes du Niger (NDLR : via le Nigeria) mais l’arachide du Niger devait passer par Dosso, Gaya et aller sur Parakou pour prendre le chemin de fer. Le deuxième exemple que je prends c’est celui de l’éducation. Le colonisateur a imposé son système dans un pays qui connaissait l’école depuis le VIIIè ou IXè siècle, mille ans avant la colonisation ! Ce qui est logique pour un colonisateur devient une faute impardonnable pour qui se libère du colonialisme. Si vous ajoutez aux fondamentaux les erreurs de parcours que nous vivons comme l’invasion des veines et des artères de l’Etat par une pléthore de gens qui ne peuvent que nous mener à la catastrophe…
Niger Inter : A bien vous comprendre tant qu’il n’y aura pas rupture avec l’ordre colonial le changement tant attendu n’est pas pour demain ?
Pr Djibo Hamani : Cela a été dit par d’autres depuis les années 1960. Malheureusement les régimes néocoloniaux civils et militaires qui se sont succédés en Afrique ne pouvaient faire le pas décisif. En Asie, les dirigeants politiques ont assumé leurs responsabilités historiques. Le Cambodge, le Laos, le Vietnam, pourtant anciennes colonies françaises, ont opéré cette rupture que je qualifierais d’ « existentielle ».Ces pays apparaissent aujourd’hui comme des pays développés par rapport aux nôtres. La rupture d’avec le système éducatif colonial est plus que nécessaire ! Sans un système éducatif véritablement « national » le fossé entre gouvernants et gouvernés subsistera et s’élargira jusqu’à l’avènement de nouveaux Boko Haram encore plus radicaux. Il faut arrêter d’avoir des programmes scolaires ou universitaires « régionaux » ou « francophones » : les réalités de notre pays ne sont ni celles du Congo, ni celles des USA ou de la France. Il faut penser, dans l’élaboration des programmes scolaires ou de développement à ce qui soude nos régions et renforce leur complémentarité. L’histoire du Niger nous montre qu’il y avait plus de cohésion entre les régions de ce pays avant la colonisation que maintenant parce qu’il y avait des régions qui produisaient et des régions qui consommaient à l’intérieur du Niger. Ce qui n’est plus le cas aujourd’hui. Quant à notre fameuse « sous-région » c’est, à mon avis, d’abord les pays qui nous entourent qu’ils soient « francophones, arabophones ou « anglophones ». Il faut arrêter cette politique de l’autruche qui refuse cette réalité depuis plus d’un demi-siècle et pénalise notre peuple.
Niger Inter : Le phénomène de la corruption est une réalité dans notre pays et ce, tous les régimes qui se sont succédés n’ont pas réussi à le stopper significativement malgré des initiatives comme la HALCIA ou la ligne verte sous la 7ème République. Quelle analyse faites-vous sur ce fléau au Niger?
Pr Djibo Hamani : Je dirais que la corruption est un phénomène lié à la nature même de l’homme. On la rencontre partout, malgré l’effort des religions, depuis que l’homme vit en communauté. Elle sévit aux USA, en France, en Chine bref partout vous pouvez trouver des niveaux de corruption, mais la corruption supportable par un pays c’est celle qui n’entrave pas le développement, qui ne corrompt pas des secteurs entiers de la société. C’est un fait la corruption au Niger a pris des proportions considérables. Les régimes qui se sont succédés trainaient tous cette tare. Même à l’intérieur du régime de Kountché il y avait la corruption. A l’époque de Tandja il y avait la corruption ; à l’époque d’Ali Saibou il y avait la corruption. Ce qui s’est passé c’est qu’avec la conférence nationale, la parole certes a été libérée mais tous les appétits et toutes les déviances ont été également libérés. Des délinquants sont devenus des guides éclairés. La corruption au niveau actuel ne peut pas permettre au pays de sortir de la gangue de la misère. En tant que pays musulman le Niger devrait, face à ce phénomène de corruption, appliquer la loi la plus sévère qui soit. Mais dans ce pays quelqu’un qui a profité du détournement de l’argent destiné à sauver des vies humaines, la santé des femmes et des enfants, devient une vedette, dont on chante les louanges. Les gens qui volent l’argent des maternités, les vivres destinés aux indigents en période de famine, ces gens sont des criminels et on doit leur appliquer la loi la plus sévère. S’il faut leur couper la tête il faut le faire pour que demain quelqu’un ne fasse pas comme eux. Ces criminels aujourd’hui sont à l’Assemblée nationale, des repris de justice, des voyous professionnels sont dans les partis politiques, il y en aurait même à l’intérieur du gouvernement et dans la haute administration. Dans ces conditions il impossible de progresser, il est impossible de sortir le pays de la misère. Il faut savoir frapper et pour frapper il faut frapper comme l’avait fait Kountché au début de son régime c’est-à-dire frapper les gens qui sont à côté de vous-même s’ils commettent des fautes. Même si c’est des parents il faut sévir. Le Coran le dit clairement que ce soit votre père, votre proche ou vous-même la loi doit être appliquée. Et l’islam nous enseigne que Dieu peut aider un dirigeant non musulman mais juste, mais il n’aidera jamais un dirigeant musulman injuste.
Niger Inter : on est arrivé aujourd’hui à un stade où l’Etat n’arrive même pas à organiser des concours d’entrée à la fonction publique sans fraudes. Selon vous est-ce une crise de valeurs que vit notre pays ?
Pr Djibo Hamani : C’est la classe politique coupée du pays qui n’a plus de repère moral, le peuple est sain. J’ai entendu récemment les agents des impôts dire qu’ils sont d’accord avec les mesures envisagées par le ministre des finances mais encore faudra-t-il qu’au niveau du gouvernement lorsqu’ils décident d’un redressement fiscal qu’on n’intervienne pas pour les empêcher d’agir. Autre exemple, lorsque les douaniers avaient pris des gens avec neuf (9) milliards il fallait confisquer totalement cet argent. Très malheureusement cet argent a été remis à ces trafiquants. Vous savez, au Nigeria, ce qui fut à la base de boko haram c’est entre autres l’injustice criarde, l’achat des consciences, la pauvreté et la corruption de la classe dirigeante.. Vous êtes pauvres et vous voyez des gens s’acheter des avions parce qu’ils occupent des fonctions officielles alors qu’ils ont commencé au niveau zéro. A propos des concours dans un pays comme la France, l’Allemagne tout de suite en cas de fraudes de cette dimension, un ministre donne sa démission même si ce sont ses subordonnés qui ont par ailleurs commis la faute. Mais chez nous on n’a vu aucun ministre démissionner malgré tous les scandales.
Niger Inter : Dans la liste des mauvaises pratiques il y a eu même un député dans le trafic de drogue en passe d’être mis en accusation par l’Assemblée nationale. Comment expliquez-vous qu’une telle forfaiture puisse se produire à l’Assemblée nationale ?
Pr Djibo Hamani : Il n’y a rien d’étonnant à ce que cela se passe et je crois que c’est même l’arbre qui cache la forêt. Je pense même que le trafic de drogue au Niger est d’une dimension beaucoup plus importante que le cas de ce pauvre député qui s’est fait prendre. Il y a peut-être des gens plus importants que lui qu’on n’a pas réussi à prendre. Il faut se souvenir que depuis longtemps avant même les rebellions dites ‘’islamiques’’ au Mali, on parlait de collusion entre généraux et hommes politiques maliens et des trafiquants de drogue. On se souvient également du fameux avion d’origine sud-américaine transportant la drogue et qui a été brulé à l’occasion d’une panne. Donc il n’y a rien d’étonnant à ce que ce phénomène touche le Niger ; ou bien que des Maliens ou des Bissau-guinéens qui sont impliqués fassent une translation vers le Niger. De toutes les façons le trafic de drogue est avéré au Niger. Et des hommes politiques sont impliqués dans le trafic de drogue. Et si les trafiquants de drogue deviennent des hommes politiques cela n’a rien d’étonnant. Même en Italie, en Amérique latine et dans certains pays africains dont la Guinée Bissau on sait bien que la jonction est faite entre trafiquants de drogue et hommes politiques. La drogue rapporte beaucoup d’argent. Vous conviendrez avec moi qu’aujourd’hui pour être député il faut avoir de l’argent, nécessaire pour acheter les voix et même pour être candidat au sein du parti. Et ce sont les chefs des partis politiques qui trouvent l’argent pour faire fonctionner le parti ou mener des campagnes. Ceux qui ne sont pas riches ou financés de l’étranger empruntent parfois les voies les plus nauséabondes en se bouchant le nez. Et l’argent de drogue est le plus facile. Mais si le trafiquant de drogue vous donne de l’argent d’abord il s’arrange pour avoir sur vous de quoi vous tenir et vous êtes obligé d’obéir. Et si la tendance continue comme ça ne soyez pas étonnés que demain à l’Assemblée nationale les trafiquants de drogue fassent la loi et les lois !
Niger Inter : En substance quelles solutions pour lutter efficacement contre la corruption dans notre pays ?
Pr Djibo Hamani : Pour lutter contre la corruption c’est à la fois simple et compliqué. C’est simple parce que nous avons des lois qui frappent les délits quels qu’ils soient ; pourquoi c’est compliqué ? parce que trop souvent ce sont les gens chargées d’appliquer ces lois qui sont impliquées et ils ne peuvent pas frapper parce que pour lutter efficacement contre la corruption il faut que le pays commence par les mettre en prison. Si ça continue comme ça moi ce que je crains c’est la pagaille c’est-à-dire que, le jour où tous ces jeunes formés, sans emploi, sans perspective dans un pays qui ne produit pas, qui ne crée pas des emplois, qui est marqué par l’insolence des corrompus, ces gens, un jour fatigués vont d’abord chercher à émigrer vers les pays européens qui se barricadent. Quelle voie reste alors ouverte ? Celle de la révolte armée !
Niger Inter : Le weekend dernier à l’Assemblée nationale il y a eu un procès de l’école nigérienne à travers l’interpellation du premier ministre représenté par le ministre des enseignements secondaires. Qu’avez-vous retenu de ce débat ?
Pr Djibo Hamani : Cette école est un problème en elle-même. Quand vous employez les gens vous avez l’obligation légale et morale de leur donner leur dû, de les payer. Et surtout quand c’est un budget c’est-à-dire que cela est prévu ; il faut donc payer les gens. Quand vous promettez la bourse aux étudiants il faut leur donner la bourse. Si vous ne pouvez pas ne promettez pas. Mais contrairement à ce que pensent nos ministres, députés, syndicalistes, étudiants et parents d’élèves le problème fondamental de l’école n’est pas là. Le problème de notre école c’est que c’est une école étrangère. Ce n’est pas une école nigérienne. Je le dis également à propos de notre université je dis que cette université n’est pas une université nigérienne. On peut l’implanter n’importe où ce sera son milieu parce que, dans une université nigérienne la première chose c’est de savoir en quoi elle peut servir le pays ? Le programme doit d’abord partir de notre pays selon nos besoins. Si nous avons besoin de produire du bon mil, du bon haricot ou de la bonne pomme de terre alors il faut former correctement les gens à satisfaire nos besoins en priorité. Le savoir exogène viendra après. Je le dis ici l’école telle qu’est faite elle est mauvaise quoi qu’en pensent les responsables de cette école. De même les syndicalistes doivent aussi comprendre que ce n’est pas seulement une question de salaires ou de bourses car on pourrait payer tous les salaires et les bourses, si les programmes ne sont pas en adéquation avec la réalité, la culture du pays, l’histoire du pays, la civilisation du pays, les objectifs d’avenir du pays, la réalité, le sol et le climat, elle est vouée à l’échec. Par exemple le petit européen déjà à l’école primaire il pense à ce qu’il va faire. On voit des petits enfants faire des merveilles parce que déjà leur système leur a permis d’avoir des objectifs et de se projeter dans le futur. Ici par contre finir l’université signifie très souvent aller au chômage. L’université doit former des gens avec des perspectives en adéquation avec les réalités, les perspectives du pays. Mais le problème de fond c’est le système éducatif qui est en cause. Il faut commencer par là tout en luttant pour avoir les salaires ou bourses.
Niger Inter : Le président de la République Issoufou Mahamadou vient de réaliser un de ses vœux à savoir la formation d’un gouvernement d’union nationale. Quelle est votre opinion sur l’arrivée du MNSD Nassara à la majorité présidentielle ?
Pr Djibo Hamani : Moi contrairement à beaucoup de gens je n’ai jamais été contre la formule du gouvernement d’union nationale. La preuve c’est que s’il y a un danger tout le monde se rassemble. Donc le gouvernement d’union nationale je ne suis pas contre l’important est que tous ceux qui sont dans ce gouvernement obéissent à leur fibre nationaliste, patriotique, pour qu’il ait un programme commun. Pour réaliser dans le pays ce dont le pays a besoin, établir la justice au plan individuel et collectif, souder le peuple en bannissant le régionalisme, le tribalisme et le système connu au Niger sous le nom de Parents Amis et Connaissances, frapper les corrompus et les corrupteurs, écarter les médiocres et récompenser le mérite. A ce prix et seulement à ce prix on peut accepter l’idée d’un gouvernement d’union nationale pour SAUVER un pays en détresse. Pour moi, avec ou sans opposition, la démocratie n’existe pas au Niger. Pour moi la démocratie ne se réduit pas à la libération de la parole, la liberté d’association. Certes quel que soit le système il faudrait que les gens aient la liberté d’expression et d’association mais ça c’est la liberté pas la démocratie. Au Niger les gens confondent la libération de la parole à la démocratie. J’ai entendu Bernie Sanders le challenger démocrate d’Hillary Clinton à la convention du parti dire qu’aux Etats-Unis 0,1% des Américains possèdent plus de 90% des richesses du pays et c’est eux qui déterminent la politique américaine. J’ai également entendu un ex-conseiller d’Obama qui disait qu’aux USA il y a 400 personnes qui décident de la politique américaine. Il y a les principes démocratiques édictés mais la réalité est autre chose. L’on se souvient quand François Hollande cherchait le pouvoir il avait promis de se démarquer des riches mais finalement il a fini par faire la politique des riches et les socialistes ne se reconnaissent plus en lui. La démocratie c’est un objectif désirable mais dans la réalité il n’y aucun Etat véritablement démocratique au sens de démos (le peuple) et cratos (le pouvoir) c’est à dire le pouvoir du peuple par le peuple ça n’existe nulle part. Donc pour moi la bonne politique au Niger c’est un programme dont l’objectif premier est de nourrir la population. Deuxièmement sécuriser la population et troisièmement libérer la population des craintes et l’instruire. Si vous donnez à manger, l’instruction, la santé et la sécurité aux gens vous avez réalisé la démocratie tout le reste n’est que ce qu’on peut appeler la superstructure mais la structure c’est ce que je viens de décrire. La grande politique consiste à faire quelque chose où votre nom restera éternellement dans la mémoire des gens.
Pour moi, tous les partis qui ont exercé le pouvoir au Niger se valent. Ils ont échoué. Ils n’ont jamais remis en cause le système. Aujourd’hui le triste record de ces gens-là c’est que tout est importé au Niger il n’y a aucune industrie nigérienne digne de ce nom. Même l’héritage du régime de Diori Hamani dans ce domaine a été bradé. Faisons en sorte qu’il y ait floraison des produits made in Niger comme on voit par exemple les produits burkinabè, nigérians, kényans ou émirati. Comparez le Niger au Rwanda de Kagame sans ressources minières !
Niger Inter : Les députés commerçants ont failli modifier l’article 52 de la constitution de la 7ème République qui leur empêche d’accéder aux marchés publics n’eut été la détermination de certains députés qui les ont ramené à la raison. Quel commentaire vous inspire cette actualité ?
Pr Djibo Hamani : Ce comportement n’a rien d’étonnant. C’est les temps ambiants qui favorisent cela. Quand des trafiquants de toute sorte sont à l’Assemblée, des gens peu honorables devenus ministres, c’est vous dire que l’ambiance nationale n’est pas bonne. Il y a cette corruption généralisée et cette absence de sanction contre les gens qui violent la loi. Donc ce n’est qu’un répit, ces députés commerçants ont fait une tentative. Ils reviendront à la charge dès qu’ils trouveront une autre occasion. Ils se sont rétractés pour le moment parce qu’ils ont vu le tollé de protestation contre leur projet. Ils sont aux aguets ils attendent d’autres opportunités pour revenir à la charge. L’argent corrompt. Quand vous chercher l’argent pour l’argent vous êtes un corrompu effectif ou potentiel. Et c’est ce qui se passe aujourd’hui au Niger la corruption par l’argent. Il faut faire attention. Il y a des gens qui accumulent sans même savoir pourquoi. Et c’est cela qui caractérise notre pays aujourd’hui. Et ce n’est pas seulement au niveau des députés, cela se constate au niveau des associations, de la société civile. Demain si ça n’a pas encore commencé vous allez voir des gens financés de l’extérieur, manifester en faveur de l’homosexualité parce que simplement il y a de l’argent corrupteur venu de l’extérieur. Pour un pays musulman, c’est le comble ! Je pense que le peuple nigérien est encore sain, préservé par les valeurs islamiques. Son élite formée dans cette école de Jules Ferry qui a proclamé : « Nous voulons une école débarrassée de Dieu » doit se réveiller pour éviter une catastrophe au pays en redécouvrant les valeurs fondamentales qui l’ont façonné au fil des siècles et des millénaires.
Réalisée par Elh. Mahamadou Souleymane