Les autorités algériennes ont annoncé une hausse record de leur budget militaire. En 2023, ce sera plus de 22 milliards de dollars qui vont être consacrés aux dépenses militaires, plus que les 9 milliards de dollars établis en 2021 pour le compte de 2022. Le projet de loi de finance portant cette hausse vient d’être adopté par l’Assemblée Nationale algérienne le mardi 22 novembre 2022.
Evidemment, tout ceci rime avec la guerre en Ukraine. Celle-ci, notons-le bien, a occasionné une hausse faramineuse des prix des hydrocarbures. Sachant que le pétrole est une véritable source d’approvisionnement en ressources pour financer n’importe quel programme, ce n’est donc pas surprenant que l’Algérie qui en est un important pays producteur et exportateur établisse une telle augmentation de son budget militaire. C’est sur la base d’un prix de référence du baril de pétrole à 60 dollars et un prix du marché à 70 dollars qu’elle a, d’ailleurs, élaboré son plus qu’impressionnant budget.
Après un séjour de plus de deux semaines de travail en Algérie, une délégation du fonds monétaire international (FMI) a indiqué que « la hausse des prix des hydrocarbures contribue à renforcer la reprise de l’économie algérienne suite au choc de la pandémie. Les recettes exceptionnelles provenant des hydrocarbures ont atténué les pressions sur les finances publiques et extérieures ».
L’une des raisons principales ayant motivé la hausse du budget de la défense algérienne est, selon certains observateurs, le besoin pressant qu’éprouve le pays à renouveler les équipements de son armée.
En effet, la guerre que mène le Kremlin à l’Ukraine a montré une certaine vétusté de l’armement russe. L’Algérie qui a comme premier fournisseur d’armes, la Russie, cherche, par l’augmentation de son budget militaire, à moderniser les équipements de l’Armée Nationale Populaire.
Selon le journaliste Akram Kharief interrogé par des confrères de Rfi, « ces équipements ont besoin de mises à jour et améliorations, surtout ceux qui ont été achetés lors du gros accord de 2007, avec la Russie. Il s’agit de la flotte d’avions de chasse, de sous-marins, d’équipements anti-aérien ».
Au-delà de la révision du matériel en usage au sein de ses forces armées, l’Algérie projette aussi de s’approvisionner en armements beaucoup plus à jour auprès de ses fournisseurs russes évidemment, mais aussi auprès de la Chine, de l’Allemagne, de l’Italie et, probablement, de la France.
Par ailleurs, force est de constater que cette hausse des dépenses militaires algériennes intervient dans un contexte d’insécurité grandissante à ses frontières avec le Niger et le Mali. Des groupes terroristes, en effet, écument les deux pays et l’Algérie entend bien jouer sa partition afin de les combattre.
Selon toujours Akram Kharief, « en collaborant avec les armées voisines, comme le Niger, je pense que l’Algérie s’achemine petit à petit à l’établissement d’une sorte d’aide permanente à l’armée nigérienne pour faire face au problème de terrorisme. Et par extension aussi, pour faire face au problème du jihadisme qui existe dans les autres régions du Sahel ».
En témoigne, cette visite des officiers supérieurs algériens à Niamey du lundi 24 au vendredi 28 Octobre 2022. Celle-ci entre dans le cadre du renforcement de la coopération militaire Nigéro-Algérienne, ont indiqué des sources proches des Forces Armées Nigériennes (FAN).
La délégation des officiers supérieurs algériens était conduite par le Colonel Salim MERAISSIA de la Direction des Fabrications Militaire. Tout un programme !
Composée d’ingénieurs et d’experts dans les domaines de l’armement et des équipements militaires, elle a été reçue à l’Etat-major des Armées du Niger où elle a eu une séance de travail avant de visiter certaines structures des FAN, notamment la Direction Centrale de l’Intendance Militaire (DCIM) et la Direction Centrale du Matériel (DCMAT).
Le renforcement de la coopération militaire entre l’Algérie et le Niger témoigne des bonnes relations qu’entretiennent les deux pays sur tous les plans.
Il faut noter que le Niger jouit d’une certaine admiration de la part de nombreux partenaires sur le plan de la défense. Plusieurs pays ont installé des bases militaires sur son sol. Pendant qu’il est en train de renouer avec une certaine accalmie, dans d’autres pays du Sahel confrontés au même problème de terrorisme, la situation sécuritaire demeure davantage plus que préoccupante.
Bassirou Baki