C’est un véritable camouflet asséné au Syndicat National des Agents des Douanes (SNAD) par le Conseil d’Etat dans l’affaire qui l’oppose au Ministère des Finances relative aux Concours de recrutement des spécialistes à la douane. On se rappelle encore des derniers sit-in des admissibles au ministère des finances, ainsi que de ces sorties musclées par presses interposées toujours entre ces derniers et le syndicat national des agents des douanes (SNAD). Après la sentence du Conseil d’Etat, l’on se demande qu’est-ce qui explique tant de laxisme de la part du ministre des finances pour mettre ces jeunes spécialistes dans leurs droits ?
Par Arrêt N° 31/2020/CONT du 08 Avril 2020, le Conseil d’Etat a débouté le SNAD dans sa volonté d’empêcher aux jeunes méritants de faire carrière dans ce secteur stratégique qu’est la Douane. Ce n’est pas la première fois que ce syndicat fait parler de lui quand il s’agit aux enfants des pauvres d’intégrer ce prestigieux corps. En réalité, ce concours a pour but de moderniser la Douane nigérienne, comme recommandé par l’Organisation Mondiale des Douanes ( OMD ) à toutes les administrations douanières du monde. Cette initiative n’a pas été accueillie par le syndicat national des agents des douanes et certains de ses militants qui voudraient apparemment le maintien du statuquo et d’une administration archaïque pour couvrir leurs seuls intérêts au détriment de celui du Niger . Ce serait allé à contre-courant du progrès. Pourtant, Messieurs du SNAD, on ne refuse pas le progrès, dit-on.
Il importe de préciser que cette affaire était pendante devant le Conseil d’État depuis le mois de juillet 2019 sur requête du syndicat national des agents des douanes qui demanda l’annulation de ces concours, ce qui amène le ministre des finances à suspendre le processus d’intégration pour attendre la décision du juge et plonge dès lors les candidats admissibles dans une attente de plus d’une année.
Finalement, la décision tant attendue est tombée le 08 Avril 2020 pour trancher le litige et mettre fin à ce tiraillement qui n’a que trop duré. Par Arrêt N° 31/2020/CONT du 08 Avril 2020, la requête du syndicat des douaniers est déclarée irrecevable par le juge administratif, décision qui vient définitivement mettre un terme à tout débat au sujet de ces concours. En substance, le juge administratif déclare le recours du SNAD irrecevable en ce sens qu’il apparait que ce syndicat ‘’ne justifie d’aucun intérêt pour attaquer les arrêtés litigieux’’.
Pourquoi le ministre des finances traine-t-il les pieds ?
Toutefois, malgré la décision du juge rendue en faveur de ces jeunes, ces derniers semblent ne pas être au bout de leur peine malgré tant de sacrifices consentis par eux depuis septembre 2018, date d’ouverture de ces concours. En effet, ces jeunes déjà très éprouvés, estiment que le ministre des finances Mamadou Diop ne fait pas assez pour les mettre dans leurs droits. Pourquoi le ministre des finances hésite-t-il à signer leurs Arrêtés définitifs d’admission malgré la décision rendue par le juge après plus d’un mois ?
Qu’est ce qui justifie cette attitude laxiste du ministre Mamadou Diop ? Le ministre des Finances craint-il finalement le ‘’tout puissant’’ syndicat des douaniers en affichant cette posture complaisante ?
Pourtant nous sommes dans un Etat de droit où le gouvernement doit être plus enclin à protéger les plus faibles face à l’arbitraire. La justice de notre pays, dernier rempart contre l’arbitraire est plus que jamais déterminée à protéger les droits des citoyens. L’on a encore en mémoire le récent revers du Syndicat des Magistrats du Niger (SAMAN) dans sa volonté d’empêcher aux jeunes diplômés de concourir de façon équitable à la fonction de magistrat. La Cour Constitutionnelle a empêché cette forfaiture de prospérer.
C’est dans le même élan que le SNAD qui est en passe de perpétuer des mauvaises pratiques dans les Concours de Douanes vient d’être débouté par le Conseil d’Etat dans sa posture d’empêcher à la corporation des Douanes de suivre le rythme du monde en acceptant son intégration par les jeunes méritants et qualifiés. C’est bien rétrograde pour le SNAD et le SAMAN contre lesquels l’histoire retiendra ces hauts faits à l’encontre de la jeune nigérienne.
A notre humble avis, le ministre des Finances doit se démarquer à jamais de cette forfaiture en créant les conditions d’intégration et de formation de ces jeunes spécialistes qui vont très certainement faire la gloire de la Douane nigérienne. Le président de la République, SEM Issoufou aime bien dire que le pays n’a pas besoin d’hommes forts mais des institutions fortes. Encore faut-il se demander comment avoir des institutions fortes lorsque les décisions celles-ci souffrent du laxisme de quelques-uns pour leur mise en œuvre ?
Mieux vaut tard que jamais, dit-on. Au regard de tout ce qui se raconte à tort ou à raison sur la non-performance de la Douane nigérienne par rapport aux autres pays, il urge que le ministre des finances donne cette chance à cette corporation de se moderniser pour le grand bien de notre pays. Les jeunes admissibles issus des différentes spécialités ne demandent qu’à être mis dans leurs droits pour servir la nation.
Elh. M. Souleymane