Conduite de la transition au Niger : Restons Zen !

La transition nigérienne avance, certes à petits pas, mais surtout pas grâce à certains de ses animateurs. D’aucuns travaillent plus pour leur propre agenda politique et même pécuniaire. Le premier de ceux-ci est le premier des ministres du gouvernement de la transition. Ali Mahamane Lamine Zeine, loin de s’attaquer à l’agenda de la transition, semble être plus attelé à organiser son « retour ».

L’enfant « prodige » de feu Tandja Mamadou comme il est présenté se convainc chaque jour un peu plus d’être le seul parmi les « héritiers » de leur mentor à reconstruire la maison du patriarche. Une revanche sur l’histoire qui tient au cœur de quelques nostalgiques. Sa nomination aux fonctions du Premier ministre par le Chef de l’Etat a fini par le convaincre.

Il s’est empressé de s’entourer des personnages dont le lien avec Tandja Mamadou est aussi perplexe que leur véritable rôle dans la « refondation » de l’héritage de celui-ci.

Après le « succès » de l’épisode de la commémoration du décès de l’ancien chantre du Tazartché et la diffusion au sein de l’opinion de l’idée de sa réincarnation en la personne d’Ali Mahamane Lamine Zeine, ce dernier poursuit son rêve, celui de se faire couronner chef des « héritiers illégitimes » de Tandja Mamadou. C’est la poursuite de cet objectif qui motive le Premier ministre à  agir : il est devenu sa raison de vivre.

La transition ? Il n’en a cure ! Voilà qui explique son peu d’intérêt pour la réussite de la transition. Du reste, comment espérer autre chose de la part d’un personnage qui n’arrive toujours pas à digérer l’échec du Tazartché, une entreprise en laquelle il a placé tous ses espoirs politiques ?

Il ne se voyait guère exister sur le terrain politique sans la protection tutélaire de celui à qui il doit tout en politique. L’homme semble incapable de voler de ses propres ailes ou même de s’en croire capable. Après la chute de Tandja, il était du nombre de ceux qui n’ont pas pu faire face à l’adversité politique et ont fait le choix de se mettre en retrait. Tellement en retrait au point d’être incapable d’émettre des avis sur la marche du pays. Peut-être, était-il dans un coma profond ?

Seul un état comateux pouvait expliquer l’amnésie dont fait montre le Premier ministre depuis sa prise de fonction. Ali Mahamane Lamine ne s’est point gêné de clamer que le Niger a suspendu sa marche à la date du 18 février 2010. Marche qu’il a reprise après le retour de l’enfant prodige dans l’immeuble du ministère des finances que le nouveau locataire a dû faire apparaitre en l’espace d’une semaine. Le magicien !

Même sexagénaire, Ali Zeine semble chercher désespérément un parrain. Cette quête l’a conduit à convoquer la mémoire d’un mort pour espérer convaincre ses « frères », eux qui ont fait leurs preuves avec les fortunes que l’on connait de lui confier les clés de la « maison de leur père » à celui qui tente jusqu’ici de se frayer un chemin. Pathétique ! Mais il y croit le pauvre; les griots autour de lui ne cessent de l’en convaincre. Et tel un puisatier, il s’enfonce sous terre en clamant qu’il avance.

Oumou Gado