Migration : Le Niger joue un « vilain tour » à l’Europe

Le Chef d’État, le général Abdourahamane Tiani a abrogé la loi n° 2015-36 du 26 mai 2015 criminalisant toutes les activités liées à la migration irrégulière. Une loi qui prévoyait des poursuites pénales contre toute personne qui aura facilité l’accueil, l’hébergement, le transport de migrants étrangers ou toute autre facilité leur permettant la poursuite de leur aventure l’Europe.  Cette loi qui, désormais n’est plus en vigueur, a été adoptée à la demande de l’Union Européenne qui, depuis lors, fait du Niger la plaque tournante de sa lutte contre l’immigration vers le nord, en particulier la Libye et l’Algérie et vers les pays d’Europe.

Par cette abrogation, le Niger vient ainsi d’appuyer là où ça fait très mal, surtout pour l’UE. En froid avec l’Union européenne dépuis les événements du 26 juillet 2023, le Chef d’État nigérien Abdourahamane Tiani a ainsi remué le couteau dans la plaie en abrogeant cette loi que les défenseurs des droits de l’homme qualifiaient d’ailleurs d’inhumaine.

Le texte avait été adopté à la demande expresse de Bruxelles, pour tenter de maîtriser les flux migratoires toujours plus conséquents aux portes de l’Europe.

L’Europe est confrontée depuis plusieurs années à des vagues migratoires venues d’Afrique. Le phénomène s’est encore accentué avec la déstabilisation de la Libye en 2011, dans le sillage de l’opération de l’Otan contre le dirigeant Mouammar Kadhafi. La Première ministre italienne, Giorgia Meloni, l’avait d’ailleurs récemment rappelé, rejetant en partie la faute sur la France, qui avait ardemment soutenu cette opération militaire.

Certains migrants originaires du Cameroun ou du Nigeria transitent par le Niger, qui est devenu une plaque tournante de ces trafics en vertu de sa longue frontière avec la Libye. Fin 2022, les forces nigériennes avaient d’ailleurs arrêté un Libyen soupçonné d’avoir fait passer une soixante de migrants par semaine pendant sept ans.

Ces crises migratoires handicapent aussi certains pays du Maghreb qui voient arriver à leurs portes d’importants flux de population subsaharienne. Le Président tunisien, Kaïs Saïed, avait d’ailleurs créé la polémique, fustigeant des « hordes de migrants clandestins » qui perpétuaient, selon lui, « des violences et des crimes » dans le pays. Des propos qui avaient provoqué l’indignation de l’Union africaine.

Oumou Gado