Insalubrité au marché Dollé de Niamey : Quand aliments et ordures se côtoient

C’est un truisme de dire que l’insalubrité constitue une véritable menace à la fois sur l’environnement et sur la santé, surtout lorsqu’elle affecte le bien-être à nous tous. Au niveau du marché Dollé de Niamey, c’est un dépotoir d’ordures qui côtoie les marchandises, y compris les aliments étalés par les commerçants pour la vente. La question est de savoir les raisons qui ont motivé l’installation par la mairie d’un aussi grand dépotoir d’ordures à quelques encablures d’un marché, avec tout le risque que cela entraîne sur l’environnement ainsi que sur la santé des populations au voisinage ?

Les dispositions en matière d’installation de marché dans un milieu tel que la ville de Niamey ne souffrent d’aucune ambiguïté, tout comme l’installation d’un quelconque dépotoir d’ordures est réglementée par des lois au Niger. Et c’est l’autorité municipale qui est tenue de les faire respecter, tout en donnant le bon exemple aux yeux des citoyens, afin que ceux-ci n’enfreignent pas la loi. La référence en matière de salubrité, c’est bien le code d’hygiène publique qui date de 1993.

Selon l’Ordonnance n°93-13 du 2 mars instituant un code d’hygiène publique au Niger, en son article 52, ‹‹ les marchés de plein air et les ventes ambulantes doivent être conçus de manière à permettre une protection efficace des denrées alimentaires contre les intempéries ainsi que les poussières, les mouches et autres vecteurs de maladies ››. Au marché Dollé de Niamey, difficile de faire une démarcation entre là où sont étalés les marchandises et le dépotoir d’ordures érigé par la mairie, puisque les deux milieux sont presque juxtaposés. La pollution de l’air causée par les tas d’immondices n’est plus à démontrer, car les commerçants eux-mêmes en parlent. À l’instar d’Idrissa, revendeur de choux et de concombres au marché Dollé, ‹‹ la faute, c’est à la mairie. Qu’est ce que vous voulez ? Nous étions au niveau de petit marché avant que la mairie nous  ramène ici ››.

Ce qui n’est pas faux, car ils sont nombreux ces commerçants déguerpis légitimes du marché Djemagué, près du ‹‹ petit marché ›› de Niamey à être réinstallés par la mairie sur ce site du marché Dollé. ‹‹ Le comble, c’est d’avoir quitté cette zone de confort pour nous installer dans un endroit mal entretenu, à côté d’un dépotoir public d’ordures ››, a lancé Abdoulaye dit Abdou, assis devant son étal d’oignons.

Sur la question, ce n’est pas Momo qui dirait le contraire. ‹‹ La pollution nous la vivons tous les jours malgré notre doléance auprès des responsables du marché ››, fait-il savoir avec un air triste devant son étalage de patates douces.

Les déchets au niveau du dépotoir sont au vu et au su de tous les passants, même les clients qui viennent s’approvisionner au marché ne peuvent s’empêcher de les voir. ‹‹ Le comble est qu’il arrive des moments où c’est la fumée des pneus brûlés qui nous envahissent tous ››, comme le signale Ibou qui fait le travail de Docker avec sa charrette.

Cette situation d’insalubrité nourrit les débats au sein du marché, car cela y va de l’hygiène publique.

Pour Ibrahima Aboubacar, sous-gérant de marché Dollé, ‹‹ la question de la proximité du dépotoir d’ordures avec le marché Dollé relève de la mairie, cela nous dépasse ››. Et d’ajouter, ‹‹ nous ne disposons d’aucun moyen pour les faire arrêter ››.

L’on comprend aisément pourquoi les autorités municipales sont directement pointées du doigt lorsqu’on évoque cette question de dépotoir situé à quelques encablures du marché Dollé. Puisque l’article 81 de l’Ordonnance n°93-13 du 2 mars instituant le code d’hygiène publique est sans ambages, ‹‹ les locaux et alentours des établissements industriels ou commerciaux doivent être maintenus salubres. L’élimination des déchets doit se faire selon la réglementation en vigueur et spécifique à chaque industrie ››. En l’espèce, la proximité du marché Dollé avec le dépotoir public n’est pas bien vue, car préjudiciable à la santé des personnes mais aussi des aliments vendus dans ce marché.

Voilà qui doit interpeller les autorités municipales avec la nécessité de remédier à cette anomalie, celle qui consiste à installer un marché à côté d’un dépotoir public d’ordures. On attend de voir.

Koami Agbetiafa