Conférence des cadres du 25 février 2022 : Un état de la nation sans complaisance

 

Le vendredi 25 février 2022, le Président de la République, Mohamed Bazoum a présidé au centre international des conférences Mahatma Gandhi une conférence des cadres qui a réuni les responsables des forces de défense et de sécurité, les autorités administratives, les chefs coutumiers et religieux, des acteurs politiques et de la société civile.

Préoccupation majeure du moment avec les discours savamment entretenus autour du projet de redéploiement des forces Takuba et Barkhane au Niger dans le cadre de la lutte contre le terrorisme et le banditisme transfrontalier, la question sécuritaire a été principalement le point autour duquel toute la conférence a été animée.

La conférence des cadres a, à cet effet, permis au Président de la République à lever le voile sur des sujets mal maitrisés par certains concitoyens comme les relations de notre pays avec certaines puissances occidentales et les pays voisins.

Dans l’intervention du chef de l’Etat, on retient que le Niger a été de 1964 à la fin des années 1980, un havre de paix dans lequel, nos soldats faisaient toute leur carrière sans tirer le moindre coup de feu contre qui que ce soit parce qu’il n’avait pas d’ennemi qui menaçait sa sécurité à l’époque.

Cependant, depuis 2011, quand l’Etat libyen a été démantelé, avec la profusion d’armes de guerre sur lesquelles ont fait main basse plusieurs groupes armés, la sécurité de nos pays a commencé par être véritablement menacée.

Des groupes terroristes ont pris pied dans le nord Mali et ont même failli atteindre la capitale de ce pays n’eut été l’intervention de la force française Serval.

Le terrorisme étant ce qu’il est, quoique démantelé suite à cette intervention, il a été capable de se reconstituer et se métastaser vers les pays voisins du Mali comme le Niger et le Burkina Faso, jusqu’à menacer les pays du golfe de Guinée (Benin, Togo, Ghana et Côte d’Ivoire).

« J’ai à faire à des ennemis dont la caractéristique n’est pas de s’en prendre à notre armée, mais à nos populations », a déploré le Chef de l’Etat parlant des groupes terroristes de la zone des 3 frontières. « Nous n’avons pas les moyens de garder tous nos villages malgré tous nos efforts. Ils pillent partout, ils ont des gens qui les soutiennent » notamment des ressortissants des pays du Moyen orient et même du Proche orient. Le Président de la République a rappelé qu’à leur accession au pouvoir en 2011, l’armée nigérienne a peu d’effectifs et était sous équipée. Il n’y avait pas pour chaque soldat une arme. Maintenant, ce n’est plus le cas « car nous avons mis l’accent sur l’achat des équipements militaires, l’augmentation des effectifs et, maintenant, chaque soldat dispose, au moins, d’une arme », a-t-il laissé entendre. « Nous avons une armée que nous avons mieux équipée, nous avons noué des partenariats avec des pays amis qui ont assuré une bonne formation à nos soldats, nous avons, sous les conseils des responsables de nos forces de défense et de sécurité privilégié la formation des forces spéciales », s’est-il félicité. Selon le Président de la République, c’est pour cette raison que « vous avez des belges, des canadiens, des français, des américains sur notre territoire », ils sont là pour former nos soldats.

 « Aujourd’hui, je peux vous dire que nos soldats sont performants », a-t-il souligné. Grâce à cela, « nous contrôlons notre pays. Nous n’avons pas des millions des refugiés parce que, quelque soit l’heure de la nuit, quand on dit que des voleurs sont venus à Maradi, à Gabi, à Dan Kano ou à je ne sais où encore, nos soldats se lèvent, les poursuivent et les rattrapent le plus souvent », a indiqué le Chef de l’Etat. Il a précisé en conséquence que « nous avons hérité d’une institution militaire bien construite sur laquelle nous nous appuyons aujourd’hui ». Pour le président Bazoum, c’est grâce à l’assistance de nos partenaires que nos forces de défense et de sécurité disposent aujourd’hui d’équipements et d’infrastructures qu’elles n’auraient jamais eus. Les différents partenariats que le Niger a noué surtout avec les pays occidentaux lui ont permis d’améliorer les capacités de son armée si bien qu’elle est capable de tenir et contrôler la totalité de notre territoire.

« Nous n’avons aucun complexe à recourir à l’aide des alliés car cela n’entame en rien notre souveraineté. Et si accepter l’aide c’est perdre sa souveraineté, alors souveraineté pour souveraineté refusons les routes, les aides budgétaires, les écoles, les dispensaires, les bourses d’études que nos partenaires nous donnent en aide. Est-ce sérieux d’accepter tout cela et de dire que nous ne voulons pas d’aide sécuritaire ? », a martelé le Chef de l’Etat. Il a, en outre, souligné que « nous ne sommes guidés que par l’intérêt de notre pays le Niger et nous ferons tout ce qui est en notre pouvoir pour sauvegarder cet intérêt. Nous ne sommes soumis à personne, c’est pourquoi nous achetons nos équipements militaires où nous voulons notamment en Turquie et en Russie.» Très confiant sur les capacités de nos forces de défense et de sécurité, il a indiqué que « si je suis allé à Baroua, c’est parce que je ne cours aucune forme de risque, parce que j’ai des forces qui me protègent et c’est ma confiance dans ces forces qui fait que je peux aller à Baroua, je peux aller plus loin que Baroua ».

Il a, à cette occasion, annoncé qu’il ne ménagera aucun effort « pour défendre l’intégrité territoriale du Niger » tout en privilégiant « le dialogue avec toutes les couches socioprofessionnelles du pays pour que la paix et la stabilité continue de régner dans le Niger ».  La paix et la stabilité au nom desquelles, Le régime de la Renaissance du Niger a su instaurer, depuis 2011, une tradition de gouvernance inclusive qui prend en compte toutes les couches de populations de notre pays de telle sorte que nul ne peut se sentir marginalisé.

« En tant que président de la République, a-t-il laissé entendre, c’est mon devoir constitutionnel d’assurer la sécurité de tous les nigériens et je ferai tout ce qui est en mon pouvoir pour m’acquitter de ce devoir ». Dans son speech, il a, aussi, annoncé avoir libéré, au nom de la paix, des éléments de Boko Haram. Il a indiqué avoir dépêché des émissaires dans les Etats de Sokoto et de Birnin Kebbi au Nigeria pour discuter avec certains terroristes et leurs proches.

Il a, personnellement, « parlé avec certains ». « J’en ai reçu d’autres. Neuf chefs terroristes que j’ai identifiés ». Suite à certains conseils, il a libéré des terroristes de la prison de Koutoukalé qu’il a « discrètement reçus au palais de la présidence de la République. Parce que je cherche la paix ». Comme quoi, le Président Bazoum fait de la recherche de la paix pour le Niger un véritable crédo.

Bassirou Baki Edir

Niger Inter Hebdo N°57 du Mardi 28 Février 2022