Trafic de drogue : Liberté provisoire pour le procureur de Dosso, sa greffière et consorts

 

Arrêtés en janvier 2021, le procureur de Dosso, la greffière et cinq autres personnes arrêtées dans une rocambolesque affaire de cannabis ont bénéficié de la liberté d’office. « C’est juste une exigence de la procédure qui autorise cette remise en liberté d’office », apprend-on.

Très surpris d’apprendre cette information au regard de la gravité de l’affaire pour laquelle toutes ces personnes ont été arrêtées, nous nous sommes vite renseignés auprès des sources proches du dossier qui nous ont confié « qu’il s’agit juste d’une étape de la procédure ».

En effet, apprend-on, « après 12 mois aux arrêts, soit 6 mois renouvelables une fois, les prévenus ne peuvent plus être maintenus en détention. Raison pour laquelle, a indiqué notre source, « la chambre criminelle de la Cour de Cassation a donné une suite favorable à la demande des avocats des prévenus pour leur mise en liberté d’office ».

A notre inquiétude de savoir si les magistrats du tribunal de Dosso (le procureur et la greffière) n’ont-ils pas bénéficié d’un traitement de faveur, un magistrat nous a confié : « Non ! Pas du tout. La justice a même été très sévère à l’égard de toutes leurs demandes de mise en liberté qui ont été systématiquement rejetées depuis un an. S’ils ont été libérés, c’est parce qu’ils sont arrivés au terme de leur détention légale qui est de six mois renouvelables une seule fois ».

Dans ce scandale, c’est un rappel, le pot aux roses a été découvert par le biais d’un trafiquant de drogue qui aurait dénoncé les mauvaises pratiques du procureur de Dosso. « Ce dernier agissait avec la complicité de sa greffière », apprend-on.

Cette dernière aurait le sale boulot de sortir la drogue (les briques de cannabis) au profit des clients du procureur. « La transaction se faisait le plus souvent la nuit au tribunal », nous a confié une source. Dans cette affaire, nos sources sont formelles, indiquant que « le procureur serait le cerveau du réseau de trafic de drogue à Dosso. Il ravitaillerait ses clients de Niamey et de partout ».

Nous écrivions qu’en son temps, seule une enquête sérieuse pourrait déterminer l’ampleur de ce réseau animé par quelqu’un qui est censé le combattre. Le procureur serait celui qui fixe son prix avec les dealers et autres personnes en quête de ce fruit défendu.

Le lecteur se demanderait d’où pourrait provenir cette drogue au centre de ce spécieux trafic. Très simple, ce serait de la drogue saisie par les services compétents. Au lieu de la détruire ou la mettre hors d’état de nuire à la sécurité nationale, le procureur aurait trouvé un malin plaisir à se servir lâchement.

Selon une autre source proche du dossier, la première rencontre entre le procureur et le trafiquant du nom de F.L par lequel les mauvaises pratiques de cet homme de droit sont connues, aurait eu lieu à Birni Ngaouré où le procureur aurait pris de l’argent en ordonnant à son partenaire de continuer à Dosso pour prendre le précieux produit avec la greffière.

Et c’est justement prise par les limiers de l’Office Central de Répression du Trafic Illicite des Stupéfiants (OCRTIS) dans cette mauvaise posture que la greffière serait passée aux aveux. C’est ainsi que le procureur, la greffière et compagnie se retrouvent derrière les barreaux pour s’expliquer avec des charges on ne peut plus accablantes à leur encontre.

Au regard de la gravité des faits et la qualité des prévenus, il y a lieu de s’inquiéter pour notre sécurité nationale et pour la santé des populations. Nous osons espérer que la loi sera appliquée sans complaisance à tous ceux dont la responsabilité est établie.

C’est le lieu de plaider pour que l’Etat mette à la disposition de la police nationale des moyens conséquents pour la lutte contre le trafic de drogue et les stupéfiants. Il faut également que les agents de la police soient à la hauteur de la tâche en ce sens que si un magistrat qui reçoit un traitement assez bien peut céder aux sirènes des trafiquants pour déshonorer sa robe, les policiers pourraient également glisser tant la tentation est grande. C’est pourquoi, la vigilance doit être de mise à tous les niveaux pour une lutte efficace contre le trafic de drogue. Le Niger est désormais à la fois pays de transit et de consommation de drogue, selon les experts. Il faudrait pour cela, une réelle volonté politique et des mesures spéciales pour freiner le trafic de drogue qui tire la gouvernance de notre pays vers le bas. Vivement pour une tolérance zéro au trafic de drogue au Niger !

Elh. M. Souleymane

Niger Inter Hebdo N°52 du mardi 25 janvier 2022