Echauffourées de Téra : Le pire évité de justesse !

 

Ce que la majorité des Nigériens ignorent, c’est qu’on a de justesse, évité le pire, lors des échauffourées du samedi 27 novembre 2021 à Téra. L’imprudence de certains manifestants allaient provoquer l’implosion de la ville de Téra. C’est dire qu’il faut déplorer le danger que pourraient occasionner des manifestations non autorisées et non encadrées. Que dire également de l’infiltration dont se plaignent les manifestants qui feignent d’ignorer la présence des terroristes dangereux dans la région ?

Les événements de Téra défrayent la chronique. Sur les réseaux sociaux, chacun va de son commentaire. Mais que s’est-il réellement passé le samedi 27 novembre dernier ?

Des sources concordantes, le convoi militaire français provenant du Burkina Faso a stationné près de la ville de Téra au Niger dans la nuit du 26 au 27 novembre. Très tôt dans la matinée du 27 et alors qu’il venait de reprendre sa progression, le convoi a été bloqué dans la ville de Téra par un premier groupe de manifestants. « Des barricades ont été érigées afin d’empêcher le convoi de progresser vers Gao au Mali », apprend-on.

C’est justement contre toute attente, en ce sens que les français ne s’attendaient nullement au même scénario de Kaya au Burkina Faso. Incroyable mais vrai ! Des forces centrifuges ont manœuvré à Téra après Dosso. Les français étaient surpris à Téra au moment où ils ne s’attendaient pas du tout à un obstacle de ce genre au Niger.

Mais dans le feu de l’action, des manifestants ont cru de rééditer « l’exploit de Kaya au Faso » en bloquant et en vandalisant le convoi militaire français. C’est ainsi que les forces de sécurité nigériennes qui étaient sur place ont réussi à maintenir les premiers manifestants à distance du convoi au moyen de gaz lacrymogènes. Vers 10h30, après une relative accalmie, la tension est de nouveau montée d’un cran parmi les manifestants, entraînant des premiers tirs de sommation pour tenir à distance les éléments les plus violents qui tentaient de s’emparer de matériels en s’attaquant directement au convoi. « Plusieurs conducteurs civils ont été blessés et des véhicules ont été endommagés », selon la version des militaires français. Côté manifestants, d’aucuns prétendent que les français ont riposté en tirant à balles réelles sur les insurgés.

Ces échanges ont provoqué une escalade, amplifiée par l’afflux de nouveaux manifestants, dont « le nombre total s’est élevé à plus d’un millier », selon une source proche du dossier. Les forces de sécurité nigériennes et les militaires français se sont ainsi trouvés directement exposés à de violentes attaques, essuyant de nombreux jets de pierre.

Cette matinée de troubles très violents s’est terminée sur un lourd bilan, avec deux morts, 18 blessés dont 11 graves du côté des manifestants et 7 blessés chez les militaires et civils français. Deux manifestants blessés au cours des heurts ont d’ailleurs été pris en charge par Barkhane sur la base aérienne de Niamey. Il importe de préciser que c’est le 32ème convoi qui a été l’objet de cette politique. C’est depuis 2012 que les convois des militaires français passent par le Burkina et le Niger pour aller au Mali.

Le pire évité de justesse à Téra….

Ce triste et regrettable incident qui s’est soldé par la perte de vies humaines et plusieurs blessés aurait pu avoir des conséquences encore plus dramatiques si les renforts des forces de sécurité intérieures nigériennes n’étaient pas arrivés pour permettre la dispersion des manifestants. C’était une véritable guérilla urbaine d’une rare violence qui n’a rien de spontanée.

L’imprudence de certains manifestants allait provoquer l’implosion totale de la ville de Téra. C’est dire qu’il faut déplorer le danger que pourraient occasionner des manifestations non autorisées et non encadrées. En effet, le convoi français comportait des éléments inflammables et fortement explosifs, du carburant, bref tout ce qu’il faut pour un incendie pouvant entrainer la disparition de la ville de Téra. N’eut été l’intervention de la police et de la gendarmerie sur place, l’irréparable allait se produire.

C’est après coup qu’on a entendu certaines voix faisant cas de l’infiltration d’autres personnes parmi les manifestants. Le médecin après la mort ! Les initiateurs de l’insurrection de Téra ont-ils oublié que cette zone regorge de dangereux terroristes ? Comment dans un contexte d’insécurité aussi dégradé, des gens peuvent-ils manquer de bon sens pour engager la population à ce risque majeur où l’on a frôlé la mort de tous ?

Du point de vue règlementaire, l’on observe que cette manifestation n’est pas autorisée, ce qui expose ses initiateurs à des poursuites pénales au regard des dégâts qu’elle a occasionnés. Très malheureusement, c’est après coup qu’on voit certains leaders politiques verser des larmes de crocodile.

Nous pensons qu’il ne faut pas se tromper de combat et de cible. Quoi qu’on reproche aux français, l’on doit admettre que c’est eux qui ont décapité les organisations terroristes en neutralisant leurs leaders les plus redoutables. Ce qui les a affaiblis, c’est comme l’a si bien dit le Président de la République, vendredi dernier, quand il parlait de la coopération militaire et de notre relation avec la France.

Nul n’a besoin d’un dessin pour comprendre que les actes de désespoir posés à Téra s’inscrivent dans la logique d’affaiblir le régime en place. Un agenda politique anti républicain que quelques-uns ourdissent contre l’ordre constitutionnel. C’est assez curieux, comme l’a martelé le Président Bazoum, que ce soit les civils qui exigent le départ des français à la place des militaires.

Nous le rappelons sans cesse que les terroristes détruisent les Etats. C’est pourquoi, ils ne peuvent constituer d’alliés objectifs ou subjectifs de quelque cause politique que ce soit. Ce que nous avons à faire, c’est de soutenir les forces de défense et de sécurité et d’encourager le gouvernement à être davantage à leur écoute. Car nous avons des Forces compétentes et dévouées. Malheureusement, nous avons une frontière avec le Mali où l’Etat a cessé d’exister. Du coup, aucune force malienne n’est déployée à notre frontière avec ce pays. Malgré tout, nos FDS tiennent bon, et continueront à tenir bon. Elles ont besoin de savoir que nous sommes tous mobilisés à leurs côtés pour le triomphe des valeurs de la République, des valeurs humanistes.

La question sécuritaire ne doit pas être lue avec des lunettes de politiciens. C’est une cause nationale qui engage l’ensemble des enfants du pays. Il n’y a donc pas de dividende politique à tirer par un bord politique ou un autre. Arrêtons donc d’instrumentaliser cette question. Battons-nous avec le Chef suprême des Armées pour fermer à jamais la porte aux terroristes.

Tiemago Bizo

Niger Inter Hebdo N°44 du Mardi 23 Novembre 2021