Le ministre de la Communication et des Relations avec les Institutions, Mahamadou Zada

Scandale TAANADI-SOPAMIN : Une épée de Damoclès au-dessus de la tête du ministre Hama Zada ?

Quel rôle aurait joué le ministre de la Communication et des Relations avec les Institutions, Mahamadou Zada, alors Directeur général de la Société du Patrimoine des Mines du Niger (SOPAMIN) dans l’AFFAIRE TAANADI-SOPAMIN ? C’est la question que se pose plus d’un citoyen après le buzz qu’ont suscité la correspondance du Directeur général de Taanadi (une coopérative qui fait de la micro-finance) et un écrit de Kaocen Maiga sur les réseaux sociaux, traitant la SOPAMIN de « vache à lait de Hama Zada ». Des charges pèseraient-elles contre ce membre du gouvernement au moment où le Chef de l’Etat, Mohamed Bazoum, entend instaurer une gouvernance vertueuse ? La question mérite d’être posée.

Le weekend dernier, la correspondance en date du 6 Avril 2021 du Directeur général de TAANADI au Directeur général de la SOPAMIN a eu un effet viral sur les réseaux sociaux, tant elle est partagée dans tous les sens.

A travers cette correspondance dont l’objet est « PROPOSITION DE RÈGLEMENT DES DAT », on peut lire : « Suite à notre rencontre du mardi 30 mars 2021, nous venons par la présente vous faire la proposition en vue de régulariser notre situation dans vos livres. Nous rappelons que cette proposition rentre dans un cadre global de discussions avec nos différents partenaires et se base sur les situations de recouvrement de TAANADI », écrivait le Directeur général de cette coopérative au Directeur général de la SOPAMIN.

Dans cette AFFAIRE TAANADI-SOPAMIN, plus de trois (3) milliards de FCFA de la SAPAMIN pour un DAT (Dépôt à terme) seraient en cause.

Cette importante somme ne serait pas retrouvée dans les livres de la coopérative TAANADI, ce qui a fait couler beaucoup d’encre et de salive. Comment justement une somme aussi importante a été confiée à une coopérative de micro-finance par Hama Zada quand on se rappelle des déboires de Dame Réki Djermakoye de ASUSU. SA avec la même SOPAMIN ?

Contacté par nos soins, l’acteur de la société civile Elh Idi Abdou s’insurge en ces termes : « Le scandale TAANADI/SOPAMIN confirme la légèreté qui caractérise la gestion des deniers publics dans notre pays. Une légèreté telle que n’importe qui peut gruger l’État. Sinon comment comprendre qu’une société d’État puisse effectuer des dépôts d’un montant global de trois (3) milliards de francs CFA auprès de TAANADI SA sans que l’on s’assure de la crédibilité et de la fiabilité du système financier en question », nous a-t-il confié.

En son temps, l’on se souvient aussi que dans une correspondance, la Direction générale de la SOPAMIN, assurée par Hama Zada, informait l’opinion publique des mesures prises à l’encontre de ASUSU. SA : « Le même jour, nous avons écrit à ASUSU pour lui notifier qu’après avoir constaté que les voies régulières de recouvrement de nos fonds n’ont pas abouti, nous nous trouvons dans l‘obligation de recourir aux mesures nécessaires et légales pour l’amener à s’exécuter et ce, dans le respect strict de nos droits et de ses obligations. Nous avons mis en ampliations nos tutelles technique et financière ainsi que notre avocat ».

A propos de TAANADI, l’activiste Elh. Idi Abdou considère que la crédibilité de cette coopérative de micro-finance était remise en cause depuis belles lurettes. « Et voilà en 2019, les dirigeants de TAANADI placés sous mandat de dépôt suite à une plainte du Projet « filets sociaux « , c’est toujours le contribuable nigérien qui en pâtit de ces dépôts pour le moins hasardeux. Le gouvernement en général et le ministère des finances en particulier sont interpellés s’agissant des agissements qui semblent caractériser le fonctionnement de ce genre de systèmes financiers », a-t-il martelé.

Certes, le DG et le Directeur d’exploitation de TAANADI seraient aux arrêts, apprend-on, mais les citoyens se posent mille et une questions sur cette rocambolesque affaire où selon les mauvaises langues, plus de trois milliards de FCFA de la SOPAMIN seraient hypothéqués.

Et si d’aventure les allégations de l’activiste Kaocen Maiga sur la gestion de Hama Zada à la SOPAMIN s’avèrent fondées, alors, il y a lieu de revisiter cette gestion au-delà du scandale TAANADI. On le sait bien, Kaocen Maiga est un ex-agent de la SOPAMIN qui aurait également commis des impairs avec la même société. Sa version des faits pourrait être entachée de ressentiment, mais avouons que ses propos sont suffisamment graves pour que Hama Zada lui-même se lave.

Pour sa part, Elh. Idi Abdou pense qu’il faut un traitement rigoureux à cette affaire : « Rien ne saurait expliquer ce qui s’est passé et toutes les dispositions doivent être prises afin que l’État soit rentré dans ses droits. Le traitement judiciaire de cette affaire doit être exemplaire tel qu’il en dissuadera tous ses esprits malsains qui font de l’État une source d’enrichissement illicite. Les biens publics sont sacrés, il appartient à la justice de les rendre effectivement sacrés », s’est-il indigné.

La présomption d’innocence est la règle mais dans la nouvelle dynamique de la gouvernance du Niger, il urge de tirer au clair la gestion de la SOPAMIN par le Sieur Hama Zada. D’aucuns se demandent du moment où cette affaire avait été révélée avant les dernières élections, par quelle osmose Hama Zada a été coopté par son parti et accepté pour être dans le gouvernement par les plus hautes autorités du pays ? Ce qui jure d’avec le principe mis en avant par le Président de la République Mohamed Bazoum qui voudrait que « les cadres soient nommés sur la base de leur compétence et moralité ».

L’affaire TAANADI comme l’affaire Ibou Karadjé constituent sans conteste une sorte de ballon d’essai pour jauger l’engagement du Chef de l’Etat à lutter contre la corruption et l’impunité.

Elh. M. Souleymane

Niger Inter Hebdo N°33