Lycée Dan Baskoré de Maradi

Mariage au LDB de Maradi : Fait divers ou phénomène de déviance ?

Le jeudi dernier, le prétendu mariage entre deux élèves en classe de Première avec comme témoins deux de leurs camarades, au Lycée Dan Baskoré de Maradi a fait le buzz sur les réseaux sociaux. L’administration de cet établissement a exclu les 4 élèves comme mesure conservatoire. Fait divers ou déviance sociale ?

« Sur décision du Conseil de discipline tenu ce jeudi 27 mai 2021, les élèves dont les noms suivent sont définitivement exclus du LDB pour acte d’indiscipline grave… », selon le communiqué rendu publique par le Proviseur du Lycée en question en citant le nom des exclus, tout en mettant en garde ceux qui tenteraient de poser des actes de même nature.

C’est ainsi que cette information a inondé les réseaux sociaux où chacun va de son commentaire. D’aucuns estiment que c’est juste un jeu entre élèves qui voudraient faire le buzz en ces temps de challenge comme Tik Tok et trouvent par conséquent, la sanction assez sévère. D’autres, par contre, considèrent que c’est un jeu de mauvais goût, visant à banaliser le mariage, une valeur essentielle de la société.

Plusieurs sources ont rapporté qu’un cas similaire se serait passé à Diffa entre élèves où le marabout qui a tenté de valider le mariage aurait été arrêté. Certains analystes expliquent ce qui est arrivé à Maradi comme une démission de l’autorité parentale et considèrent que si on n’y prend garde, la dépravation des mœurs risque de s’aggraver dans les milieux scolaires. Pour s’enquérir de la situation, le vendredi dernier dans la soirée, apprend-on, le Gouverneur de la région de Maradi, Monsieur Zakari Oumarou a tenu une réunion avec l’administration du  Lycée Dan Baskoré.

Phénomène de déviance ?

Selon Wikipédia, « la déviance est une notion de sociologie désignant des comportements non conformes aux normes sociales (au sens restreint). Dans les sphères normatives de la société, la déviance peut être punie par la loi, par des sanctions sociales (contrôle social informel) ou vue comme un trouble psychologique ou comportemental ».

Contacté par nos soins, Oustaz Mahamane Souradji Laouali, un disciple du célèbre prédicateur Cheikh Fadalou Tassiou de Maradi nous a confirmé les faits et estime qu’il importe que les autorités prennent très au sérieux cette affaire qui pourrait avoir des conséquences fâcheuses sur l’école et la société nigérienne en général.

Selon lui, contrairement à ce qui a été distillé sur les réseaux sociaux, le jeune plaisantin de marié a juste acheté du chocolat, il n’y a donc pas eu de cola, ni de fatiha comme cela a été dit. C’est aussi archifaux quand on dit que les parents de la jeune fille étaient dans le coma après avoir été informés que leur fille s’est mariée à l’école avec comme témoins ses camarades de classe.

Pour Oustaz Mahamane Souradji Laouali, « Le mariage n’est pas un amusement. Le prophète Mohamed (PSL) nous dit que l’une des conditions du mariage exige la présence des ‘’walis’’ (représentants de l’époux et de l’épouse. Le rôle du wali, c’est qu’en cas de problème, il est censé résoudre ou contribuer à le résoudre. Le Prophète (PSL) a dit : « Pas de mariage sans tuteur matrimonial. » (Rapporté, entre autres, par Ahmed et Abû Dâwûd et qualifié d’authentique par al Alabâni).

Dans un autre hadith rapporté par tous les auteurs des Sunân et qualifié d’authentique par al Albâni, le Prophète (PSL) a dit : « Toute femme qui se marie sans la permission de son tuteur matrimonial, son mariage est nul, son mariage est nul, son mariage est nul. »

C’est dire qu’il n’est donc pas permis à la femme de se marier sans la permission de son Wali et il ne lui est pas permis de lui cacher son mariage. Aussi, il n’est pas permis à « une femme musulmane d’entretenir une relation amoureuse avec un homme hors du cadre du mariage légal, même s’ils sont tous les deux déterminés à se marier », a martelé le prédicateur.

Pour Oustaz Mahamane Souradji Laouali : « Le problème des élèves du LDB c’est un problème de wali. Le père de la fille ou son proche parent sont mieux indiqués à représenter leur fille, pas un simple camarade de classe. Les élèves ont commis une faute grave, notamment en communiquant dans leur extravagance la date du mariage sur les réseaux sociaux et en tentant de célébrer ce mariage à la date prévue ».

A la question de savoir si ce n’est pas l’enseignant qui a rapporté à l’administration ce « prétendu mariage » qui a aggravé un simple fait divers comme le soutient, dans un audio, une dame proche de la présumée jeune mariée ? Oustaz Mahamane Souradji Laouali pense que l’enseignant n’a fait que son devoir en alertant l’administration. Et selon lui, l’investigation a permis de rétablir les faits. Et le comble, rapporte Oustaz Mahamane Souradji, « lorsqu’on a demandé où est la jeune mariée, la fille n’a pas hésité à se présenter ».

De la validité du mariage…

A propos de la validité de ce « mariage », Oustaz Mahamane Souradji considère que « c’est juste une plaisanterie entre élèves qu’il faut prendre au sérieux au regard de son caractère iconoclaste, tendant à saper les fondements du mariage ». Oustaz Mahamane Souradji Laouali considère aussi que la décision du conseil de discipline a été sage, même si ce dernier n’est pas habilité à exclure les élèves. « Cette décision pourrait décourager d’éventuels contrevenants » a-t-il indiqué, avant d’appeler de tous ses vœux, les autorités à prendre des mesures pour le retour de l’ordre et la discipline à l’école au moment où le Président de la République, Mohamed Bazoum fait de l’école, une priorité de sa gouvernance.

Et que dire du droit des parents ? Il y a lieu d’attirer l’attention des enfants sur le droit qu’ont leurs parents sur eux. Selon l’éthique musulmane, les enfants doivent obéir à leurs parents tant que ce qu’ils leur ordonnent ne conduit pas à la désobéissance du Créateur. « Le combat dans le sentier d’Allâh vient après l’obéissance aux parents. Même si des fois, il est plus recommandé de s’acquitter de l’obéissance aux parents que du jihadfî s-sabilillâh », peut-on lire sur le site www.sajidine.com à propos des droits des parents et des devoirs des enfants.

Selon islamweb.net rapportant une fatwa sur un cas similaire : « Il n’est pas permis à cette fille de mettre en colère ses parents en se mariant à leur insu et sans leur consentement et en leur cachant son mariage car il s’agit d’une forme d’ingratitude filiale (‘Uqûq) et il est bien connu que cette dernière fait partie des péchés majeurs ». Qu’Allah nous en préserve !

Elh. M. Souleymane