“Les acteurs qui continuent à croire que le peuple est avec eux dans leur entreprise, sont obnubilés par la situation de 2005, qui n’a rien à voir avec celle d’aujourd’hui », déclare Kalla ANKOURAO
Kalla ANKOURAO est Secrétaire Général Adjoint du Comité Exécutif du PNDS Tarayya. Dans cet entretien, il fait le bilan du 7ème Congrès du PNDS et donne son opinion sur l’actualité nationale.
Niger Inter : Le PNDS Tarayya vient de tenir son 7ème Congrès sans accroc. Quel est votre sentiment après cette prouesse ?
KALLA ANKOURAO : C’est un sentiment de totale satisfaction et de fierté que je ressens. Nous devons cette réussite d’abord à l’engagement des militants qui ne manquent aucune occasion de manifester leur attachement au parti, ensuite au Comité d’organisation qui a fait preuve d’un savoir-faire incontestable et enfin à la direction du parti qui a toujours bénéficié d’une confiance inébranlable de la part des militants. Cette confiance nous a conféré et nous confère encore des responsabilités particulières. Nous n’avions pas le droit de décevoir les camarades et Dieu merci, le pari a été gagné et le parti est sorti de ces assises plus que jamais renforcé. Vous avez été témoin de l’ambiance festive qui a prévalu, les séances étaient marquées par la convivialité habituelle et les résultats atteints ont été impressionnants. Le PNDS a prouvé encore une fois qu’il demeure le parti de l’unité et de la cohésion.
Niger Inter : Pourtant depuis un an vos pourfendeurs ont programmé des déchirures pour le PNDS. Que répondez-vous ?
KALLA ANKOURAO : Vous vous souvenez de l’atmosphère qui a prévalu à la veille du 6ème Congrès en 2013 ; les mêmes milieux avaient entrepris une campagne d’intoxication, allant jusqu’à programmer l’éclatement de notre parti. Ils ont encore cette fois ci décidé de répandre les mêmes fausses rumeurs. C’est devenu leur sport favori. Ils ne rêvent que du jour où le PNDS disparaitrait de l’environnement politique nigérien, pour mourir de plaisir. Je ne connais pas beaucoup de pays au monde où subsiste un tel niveau de haine et de radicalisme. Mais grâce à Dieu, notre parti demeure à l’abri des présages que lui promettent ses adversaires. Les scénarios suggérant les déchirements auxquels il serait voué sont restés sans lendemain. C’est encore la cohésion et la logique qui ont prévalu au 7ème Congrès, comme lors des précédents.
Niger Inter : A l’épreuve des faits, le PNDS vient de consolider son unité et sa cohésion. Comment expliquez-vous ce succès.
KALLA ANKOURAO : Ceux qui ont été témoins de l’évolution de notre parti depuis 1991 savent qu’il ne pouvait en être autrement. Si nous avons supporté de rester à l’opposition pendant vingt (20) ans, ce que du reste beaucoup de partis n’auraient jamais pu envisager, c’est parce que notre parti a été bâti sur la base de certains principes et de certaines valeurs dont la cohésion, la discipline et le sacrifice. En plus de ces principes et valeurs, nous pouvons compter aujourd’hui sur les résultats de la gouvernance du Président Issoufou Mahamadou, en particulier les importantes réalisations à son actif depuis sept (7) ans. Compte tenu de tous ces avantages, on ne peut qu’envisager un renforcement du PNDS et c’est tant mieux pour notre pays.
Niger Inter : Quelles sont les principales résolutions de votre Congrès pour les combats futurs ?
KALLA ANKOURAO : Je dois d’abord rappeler la douzaine de motions adoptées par le Congrès, tendant pour l’essentiel à réaffirmer le soutien des 4.000 délégués et observateurs à la politique mise en œuvre par le Président de la République et le gouvernement et leur engagement à poursuivre et renforcer ce soutien. Ces motions concernent prioritairement les domaines de l’action diplomatique du Président de la République qui se solde par des succès indéniables, l’éducation dans sa globalité avec un début de mise en œuvre de réformes courageuses pour l’amélioration de la qualité de l’enseignement au Niger, les questions de l’unité nationale et de l’Etat de droit, mis à rude épreuve ces derniers mois, ainsi que le processus électoral. Relativement aux textes fondamentaux du parti, le Congrès a adopté la création de huit nouveaux secrétariats en tenant compte des priorités du programme de renaissance et pour mieux repartir le travail au sein du Comité Exécutif ; ce qui a d’ailleurs permis l’accès à l’instance de direction à certains militants qui ont adhéré récemment au parti.
Quant aux résolutions, elles sont relatives à la relance du travail d’implantation du parti ; à la poursuite du renouvellement des structures du parti, à savoir les Coordinations, Sections, Secteurs et Districts, l’objectif étant d’achever le processus fin décembre 2018. Certaines résolutions insistent sur le renforcement de l’unité d’action au sein de la majorité Présidentielle composée de la MRN et l’APR notamment.
Niger Inter : Le pays fait face à une épreuve avec le dernier développement de la contestation de la loi de finances 2018 par des Organisations de la société civile. Que répondez-vous à ceux qui reprochent à votre régime de ne pas être disposé au dialogue ?
KALLA ANKOURAO : Je constate que cette revendication d’une frange bien connue de la société civile a encore des adeptes dans le milieu des medias. Vous savez très bien que cette loi de Finances a été approuvée par une majorité écrasante de députés. Vous savez que les groupes sociaux et religieux les plus significatifs ont eu des larges échanges avec des représentants du gouvernement et du parlement et qu’à la suite de ces échanges, ils n’émettent plus de réserves par rapport à cette loi ; vous savez également que des centaines de milliers de citoyens ont manifesté les Week-end des 4 et 11 Mars 2018 sur l’ensemble du Territoire pour marquer leur soutien à cette loi qui, en réalité, n’est rien d’autre que la traduction chiffrée du programme de renaissance, sur la base duquel le Président Issoufou a été élu à une écrasante majorité. A partir de ce moment, n’est-il pas incongru de rencontrer des groupuscules sans légitimité pour poser le principe d’une remise en cause, même partielle de cette loi ? Evidemment, sauf élément nouveau, nous n’avons aucune raison de faire droit à une telle revendication. Les acteurs qui continuent à croire que le peuple est avec eux dans leur entreprise, sont omnibilés par la situation de 2005, qui n’a rien avoir avec celle d’aujourd’hui. A vrai dire, ces gens-là ne sont nullement préoccupés par les conditions de vie des couches défavorisées. Ils veulent tout simplement que le gouvernement manque les moyens de sa politique, ce qui contribuerait, pensent-ils, à créer les conditions d’un aboutissement de leur projet insurrectionnel.
Malheureusement nous sommes loin du pourrissement dont ils rêvent. Les paiements des salaires restent réguliers depuis sept ans, l’inflation est l’une des plus faibles de la sous-région, la population jouit d’une sécurité quasi-totale hormis les frontières Nord-Ouest et Sud Est, le spectre des famines n’est plus qu’un lointain souvenir, l’école est débarrassée des années blanches, les investissements ne faiblissent pas, la diplomatie connait des résultats remarquables. Malgré toute cette embellie, cette frange de la société civile demeure convaincue que le mécontentement est tellement important qu’il suffit d’organiser une petite manifestation pour « dégager » le pouvoir en place. Intolérante, elle s’enrage face à tout son de cloche différent. Ainsi, les Partenaires Techniques et Financiers sont vilipendés pour leur appréciation positive des réformes engagées par le gouvernement dans le cadre de la loi de Finances, le corps diplomatique est critiqué pour son appréciation objective de la situation socio politique dans notre pays, des Présidents des Pays amis, sont couverts de toute sorte d’insulte pour peu qu’ils osent affirmer que la gouvernance actuelle au Niger est un modèle de démocratie. Autant dire que nous avons à faire à des illuminés. Alors négocier quoi et avec qui ?
Niger Inter : une forte attente des Nigériens de votre régime c’est la réduction du train de vie de l’Etat ce qui cadre aussi avec la lutte de la société civile. Entrevoyez-vous agir dans ce sens dans les semaines ou mois prochains ?
KALLA ANKOURAO : Je ne sais pas si réellement la réduction du train de vie de l’Etat constitue une attente des nigériens : réduire les salaires ? Diminuer les moyens des services ? Affaiblir des institutions emblématiques de la République comme l’Assemblée Nationale ? Restreindre et donc affaiblir notre diplomatie à un moment où nous en avons le plus besoin pour notre développement, notre sécurité et notre indépendance ? Voyez-vous le choix me parait cornélien si en plus on doit prendre en compte la nécessité de préserver les intérêts du pays. Nous avons accepté avec une déconcertante légèreté, que le FMI et la Banque Mondiale nous imposent le Programme d’ajustement Structurel (PAS) durant les décennies 80 et 90 ; avec une panoplie de mesures d’austérité et de diminution du train de vie de l’Etat. Les travailleurs avaient combattu le PAS partout dans le monde et face au désastre qui s’en est suivi, on s’est rendu compte que c’était des mauvaises options. Et même les institutions qui en avaient fait leur cheval de bataille ont reconnu par la suite qu’elles s’étaient trompées. Au fond, moi je considère qu’il s’agit d’un gadget dont la seule vertu est l’effet d’annonce. Or, ce n’est pas de ça qu’on a besoin aujourd’hui. C’est d’un projet stratégique de restructuration de notre économie pour la rendre plus résiliente, quels que soient les chocs. Notre choix n’est pas celui de l’austérité, mais celui d’une répartition de plus en plus équitable des richesses.
Niger Inter : Après 7 ans d’exercice du pouvoir quels sont les hauts et les bas de votre gouvernance ?
KALLA ANKOURAO :Vous savez, il nous est arrivé maintes fois d’entendre des confidences de certains de nos adversaires, les plus lucides évidemment, qui reconnaissent le caractère inédit des réalisations faites en sept (7) ans par le régime du Président Issoufou Mahamadou, particulièrement dans la capitale où vivent la plupart d’entre eux. Mais leur appartenance à l’opposition justifie leur position d’aveuglement, juste destinée à garantir leur suivie politique. Je ne vais pas ici énumérer tout ce qui a été réalisé depuis l’avènement du PNDS et ses alliés au pouvoir, mais je peux affirmer que l’essentiel du programme de renaissance a été respecté. Cependant je pense que nous avons manqué de vigilance dans le cadre du suivi du niveau des investissements sur fonds propres, offrant l’occasion de dérapage et induisant une dette intérieure importante que nous sommes en train de gérer. Nous avons également conscience que les résultats du Programme de lutte contre la corruption, si appréciables qu’ils soient, restent aujourd’hui, à tort ou à raison, en deçà de l’attente de l’opinion en général.
Niger Inter : Quel est votre dernier mot ?
KALLA ANKOURAO : Avec le succès que notre Congrès a connu, nous mesurons le poids des responsabilités qui nous incombent : la confiance des militants vis-à -vis de la Direction du Parti est totale. Ils attendent en retour une victoire incontestable en 2021. L’analyse qui a été faite de la situation dans les Fédérations et les Sections du parti indique que nous disposons d’importantes marges de croissance, et, comme l’a rappelé le Président du CEN, le Camarade Bazoum, il nous suffira de faire preuve d’engagement et de savoir-faire pour assurer au parti son rythme habituel de progression. Qui plus est, nous disposons d’un bon bilan, qui est un atout majeur, au même titre que notre cohésion et notre discipline.
Propos recullis par Elh. M. Souleymane