Le débat démocratique au Niger, ceux qui l’animent et ceux qui l’abîment

Le recours à l’extrémisme violent dans le discours via les réseaux sociaux et médias par quelques-uns doit être pris très au sérieux. La démocratie consacre les libertés fondamentales aux citoyens mais celle-ci se démarque foncièrement de l’anarchie. Cette contribution d’Abdrahaman Zakaria dénonce le recours aux antivaleurs comme moyen d’expression en démocratie.

La démocratie entretient sa vitalité avec des opinions divergentes et des discussions constructives sur la gestion de la cité. C’est dans le débat démocratique sain que jaillissent dialectiquement les idées du progrès. Cependant, Il faut éviter les exagérations, car dans la démocratie il y’a aussi des contraintes. Ce que certains Nigériens refusent d’accepter parce qu’ils sont allergiques au progrès.

Tout manichéisme mis à part, au vu de leurs propos, écrits et comportements, il est loisible d’affirmer sans risque de se tromper que dans l’arène politique, ce n’est plus une question de majorité et d’opposition, c’est devenu une démarcation nette entre pro et anti-progrès du Niger. Heureusement, les premiers sont plus légitimes que les seconds, car le peuple est avec la vérité.

Dans le débat, comme dans toute société, la nôtre aussi a ses progressistes. Leurs contributions sont positives, car elles concourent à notre progrès social. Ils critiquent, proposent et innovent. Certains sont partisans, tandis que d’autres ne le sont pas, ils sont au pays et dans la diaspora. Ils ont depuis longtemps compris que pour être vivace la démocratie va au-delà des protestations et des élucubrations. Elle a aussi besoin des idées qui contribuent à la formation civique et politique du citoyen.

Ce sont ces idées qui manquent à des ‘’nombrilistes’’ devenus vétérans de la réclamation et de la vocifération. Ils incarnent l’immobilisme et on les retrouve dans les partis politiques, les syndicats et la société civile. L’égocentrisme et l’égoïsme motivent leurs interventions. Ils surgissent selon les évènements, pour bafouiller et fanfaronner. L’opinion n’a rien à apprendre d’eux en dehors du réchauffé qu’il lui serve pour lui donner la preuve de leur existence décadente. La témérité dans la futilité et la cupidité est leur identité.

Les imposteurs souillent aussi le débat, surtout certains concitoyens de la diaspora. Ils clament n’appartenir ni à la majorité ni à l’opposition. En réalité, dans leur « ni-ni » trompeur, ils flirtent avec l’opposition et utilisent les mêmes éléments de langage légers et grossiers. Ils se disent engagés, mais ils n’ont aucune histoire de courage et de sacrifice vérifiable dans les luttes syndicales et politiques ici au Niger. Ils font semblant d’avoir une culture de gauche, mais ils ne connaissent rien de la gauche, même pas ses différents courants politiques. Avec leurs réflexions confuses et diffuses, ils ont besoin du b.a.-ba de la formation idéologique.

Ils ont du mal à cacher leur opportunisme et ont l’outrecuidance de qualifier le peuple nigérien de « paresseux, lâche et incapable ». De l’extérieur, ils attendent un « dégagisme » : une confusion au Niger qui va dégager toute la classe politique actuelle et ça sera une occasion rêvée pour eux de rentrer au pays pour récupérer la situation. Ils ignorent que le peuple nigérien n’a pas de temps à accorder à des songe-creux marginaux. Il sait se déterminer, et il l’a prouvé.

Les plus zélés vont jusqu’à souhaiter un putsch au Niger. Ces apprentis subversifs doivent savoir que les militaires auxquels ils s’adressent ne sont pas incultes comme eux et excellent dans leurs domaines. Ils ont suivi le même cursus et ont damé le pion à beaucoup parmi eux. Ils ont le sens de la patrie, lisent et comprennent la quintessence de l’évolution du monde en général et celle du Niger en particulier. Ils sont en phase avec la république et la démocratie.

Quant aux jusqu’au-boutistes de la politique, ils font le culte de la violence. Ils sont de l’opposition, ses remorques et leurs meneurs aux raisonnements décousus et nauséeux. Leurs intentions s’assimilent au terrorisme ou à une guérilla urbaine. Ils revendiquent l’incivisme dans la démocratie et minent notre vivre ensemble. Leurs particularités remarquables sont la hargne et la haine. Pour s’en convaincre, il suffit de suivre leurs agissements dans leurs médias, sur les réseaux sociaux et dans la ville de Niamey qu’ils considèrent fallacieusement comme leur propriété privée.

Ils ont la triste réputation d’être des insulteurs et des diffamateurs patentés. Ils propagent des insanités et des incivilités sur les réseaux sociaux pour discréditer leurs concitoyens. Ils n’ont pas l’endurance de vivre l’expérience d’être à l’opposition. Ils veulent arriver au pouvoir en utilisant des raccourcis et réfléchissent comme si le pouvoir leur est inné et c’est à eux de l’exercer ad vitam æternam. Depuis que le MNSD s’est débarrassé d’eux, c’est le désarroi. C’est dommage que l’opposition soit réduite en une faction en décomposition. Leur jusqu’au-boutisme belliqueux et désespéré dans un pays paisible comme le nôtre est intolérable.

Animons notre démocratie dans la fraternité et le civisme. Divergeons et rivalisons de propositions et d’innovations. C’est de cela que le Niger a besoin.

Abdrahaman Zakaria