Nous avions partagé avec vous récemment, chers lecteurs, l’information de la parution de l’ouvrage “L’Afrique peut-elle s’unir? De l’inspecteur d’Etat Guingarey Banakoye. Une œuvre qui retrace son profil mais aussi et surtout la délicate fonction de contrôleur financier qu’il fut à la Communauté des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEAO). Bien connu sur la scène nationale, ce ‘’Vérificateur national’’ à la ‘’rigueur chroniquement maladive’’ selon ses pourfendeurs a bien voulu ( avec parcimonie) se confier à Niger Inter.
« Toute procédure de lutte contre le fléau de la corruption doit se retrouver dans un rapport d’enquête administrative », déclare Guingarey Banakoye.
Niger Inter : Vous venez de publier votre livre “L’Afrique peut-elle s’unir? Ce livre trace votre parcours à la Communauté des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEAO). En substance quel message avez-vous voulu transmettre à la postérité ?
- Guingarey Banakoye: Le livre est complet en lui-même. Cependant, la construction des ensembles économiques exige des qualités importantes incompatibles avec un mercantilisme quelconque et un laisser-aller complet dans la gestion en général. L’exemple de l’Union douanière de l’Afrique de l’Ouest (UDAO) et de l’Union douanière et économique de l’Afrique de l’Ouest (UDEAO) ancêtres de la CEAO devaient inciter à plus de prudence et de maitrise de soi. Le sort de toutes ces populations sans ressources au nom desquelles on parle aurait dû refréner l’élan des gaspilleurs sans scrupules, déjà grassement rémunérés sur les cotisations prélevées sur les maigres ressources des Etats.
Niger Inter : En lisant votre livre on se rend compte que le rôle du contrôleur financier ou inspecteur est une véritable gageure. Quel a été votre secret de surmonter les difficultés et obstacles d’un éternel incompris ?
- Guingarey Banakoye: Le contrôleur financier que j’étais ne voulait pas se rendre complice de forfaits éventuels, dont certains auraient servi à créer des banques ou à entretenir un trafic d’or et des pierres précieuses dans certains Etats de l’Afrique Centrale. Un secret ne se dévoile pas, même s’il existe. En la circonstance, le seul secret reste et demeure la simple loyauté dans l’application de la réglementation communautaire.
Niger Inter : Sous la 7ème République, les plus hautes autorités avaient exprimé une réelle volonté de lutter contre la corruption même si aujourd’hui la machine semble plombée. Pour avoir travaillé comme inspecteur d’Etat comment selon vous lutter efficacement contre ce fléau qu’est la corruption ?
- Guingarey Banakoye: Les Inspecteurs Généraux d’Etat comme dit l’article 22, alinéa 2 du Décret 97 -272/PRN du 18 juillet 1997 ne relèvent que du Président de la République et agissent comme ses délégués directs. Leurs rapports, avait déjà énoncé par l’article 18 du même décret, ont un caractère confidentiel. Il est interdit à leurs auteurs (des rapports) ainsi qu’aux personnes auxquelles ils sont communiqués d’en divulguer tout ou partie du contenu. La violation de cette interdiction constitue, pour les agents publics une faute contre l’obligation de discrétion personnelle ».
En conséquence de ce qui précède, toute procédure de lutte contre le fléau de la corruption doit se retrouver dans un rapport d’enquête administrative.
Propos recueillis par Elh. M. Souleymane