Quand on s’intéresse véritablement à lutter contre cette gangrène on se rend à l’évidence que la corruption n’a pas de couleur politique encore moins de terre d’élection. Il y a qu’ hier comme aujourd’hui elle sévit sur le pays : les individus s’enrichissent en appauvrissant l’Etat et par ricochet aggravant les conditions de vie déjà très insupportables de notre peuple. Commentaire.
En réponse à un internaute qui voudrait savoir qu’en est-il de l’opération Mai Boulala, le Président de la République a répondu en ces termes : « L’opération se poursuit. La corruption est une véritable plaie pour notre société. Des efforts sont faits. Le Niger est passé de la 134e à la 99e place dans le classement de Transparency International. » Cette réponse du Président Issoufou rappelle une autre. En effet, face à la presse en 2015, répondant à la question d’un confrère sur la lutte contre la corruption, le Président Issoufou a dit : « Je n’abandonne pas ce combat, mais je le fais avec plus de patience et d’intelligence.» En d’autres termes, face à la réalité, le Président s’est rendu compte à l’évidence du fossé entre la réalité et le rêve. Et depuis quelque temps plus d’un citoyen a l’impression que cet autre chantier du Président Issoufou qu’est la traque des gestionnaires indélicats est plombé. On ne peut que prendre acte du repli tactique du président si c’en est un. Mais ce qui inquiète des citoyens comme cet internaute, c’est surtout ces ‘’dossiers brûlants de la République’’ passés sous silence malgré la détermination annoncée du Président à combattre la corruption et infractions assimilées.
En effet des affaires très louches ont fait la manchette des journaux sous un silence assourdissant du ministère public. Et la dernière affaire dite ‘’Panama papers’’ vient de lever un coin du voile sur la rigueur dans les principes des uns et des autres. En effet, très vite les gens qui passent pour être rigoristes sur les réseaux sociaux ont vite céder aux affectes et autres sentiments grégaires. Un internaute désorienté nous demanda pourquoi ‘’les journalistes de l’opposition’’ voudraient-ils couvrir Rimbo ? Je lui ai répondu que la corruption c’est un serpent à plusieurs têtes, tu trouveras très peu de gens sincères pour bouter ce fléau.
Mais une des leçons du panama papers aux couleurs nationales, c’est que très vite des opportunistes ont procédé à un lynchage médiatique contre Moussa Aksar ignorant que ce dernier n’est qu’un maillon d’un puissant groupe de presse constitué dans le sillage du watergate. En effet, le Consortium des journalistes d’investigation a des épaules plus larges que celles d’Akasar. Réduire cette bataille à la modeste personne d’Aksar, c’est ignorer tout de la capacité de ce consortium.
Deuxième leçon : on peut aisément se faire une idée que ceux qui passent pour des chantres du journalisme d’investigation au Niger peuvent porter sans gêne la robe du procureur pour sévir sans scrupule contre un confrère. Et on comprend toute la pertinence de l’adage : « la nuit tous les chats sont gris ». Certains confrères récemment très remontés contre le régime en place ont dû recourir à l’usage du faux en profitant de cette affaire pour assouvir des desseins bassement primaires.
Troisième leçon : l’on a entendu sur une radio le secrétaire général de Transparency International section Niger dire que la lutte contre la corruption était jusqu’à une date récente un tabou. Et d’ajouter que c’est sous la 7ème République avec des opérations de charme du régime actuel et notamment du président de la République Issoufou Mahamadou que tout le monde au Niger en parle ouvertement. En effet, malgré les insuffisances constatées, la volonté affichée du PR et ses actions ont permis aux uns et aux autres de s’engager véritablement dans la lutte contre la corruption qui s’avère un phénomène assez délicat. Quand on s’intéresse véritablement à lutter contre cette gangrène on se rend à l’évidence que la corruption n’a pas de couleur politique encore moins de terre d’élection. Il y a qu’ hier comme aujourd’hui elle sévit sur le pays : les individus s’enrichissent en appauvrissant l’Etat et par ricochet aggravant les conditions de vie déjà très misérables et insupportables de notre peuple. L’on comprend l’approche très mesurée et laxiste des autorités sur le terrain de la lutte contre la corruption. Celle-ci est à prendre avec des pincettes au vu des imbrications du personnel politique de tout bord. Et c’est en cela que l’analyse de M. Maman Wada, Sécrétaire général de l’Association Nigérienne de Lutte contre la Corruption (ANLC) est pertinente lorsqu’il dit que dans sa dimension politique la lutte contre la corruption à des limites en ce sens qu’il s’agisse de sévir sur un allié ou un partisan, cela reviendrait à une sorte de harakiri politique. En effet, sur ce terrain le jusqu’auboutisme est synonyme du sacrifice ultime politiquement puisqu’il pourrait aboutir jusqu’à la perte du pouvoir d’Etat. L’on se souvient de l’affaire Zakai qui a failli précipiter la rupture d’alliance entre le PNDS et le LUMANA. De ce point de vue, on pourrait comprendre le président de République lorsqu’il dit : « « Je n’abandonne pas ce combat, mais je le fais avec plus de patience et d’intelligence.»
Mais comprendre ne signifie pas admettre ou cautionner. En effet du moment où le président Issoufou joue son dernier mandat, l’on se demande pourquoi cherche-t-il à prendre des risques mesurés ? N’est-ce dans cette optique que le président du PNDS M. Bazoum Mohamed avait annoncé avec fracas et empressement dans jeune Afrique que le second mandat du président Issoufou serait propice à la lutte contre la corruption ? Certes face à certaines réalités, il est plus aisé de dire que de faire. Cela est d’autant vrai que la corruption est un phénomène comme un serpent de mer. De temps en temps, on en parle au rythme de l’actualité. Mais en attendant le constat est clair : l’Etat s’appauvrit mais des individus s’enrichissent au détriment du peuple. Au regard de la complexité de la corruption, il s’avère que c’est un combat de tous contre tous.
A la vérité, il faudrait des actions citoyennes. Autant des cybers citoyens s’engagent à dégager les immondices dans la ville de Niamey, autant la putréfaction est réelle au niveau des mœurs. Il faut peut-être une union sacrée pour bouter la corruption. Avec la foi, on peut déplacer des montagnes, dit-on.
Elh. M. Souleymane