Le constat est sans équivoque : le président Issoufou n’a pas tardé à joindre l’acte à la parole. Quelques jours seulement après sa prestation de serment en tant que président de la République réélu, Issoufou met les petits plats dans les grands en envoyant des inspecteurs d’Etat dans les Ministères. En rappel, les inspecteurs d’Etat dépendent directement du président de la République. C’est lui qui les envoie en mission. Les rapports d’inspection d’Etat sont déposés sur sa table.
Cette décision du président Issoufou n’a pas manqué de créer un branle-bas de combat dans certains cas. Il y a de quoi car les inspecteurs auront 2 mois, à partir du 20 avril dernier, pour éplucher les dossiers des 5 années de gestion allant de 2011 à 2015.
L’objectif est de s’assurer que les procédures de gestion des deniers publics ont été rigoureusement observées au sein des Ministères. Il n’y a pas que la gestion financière et matérielle qui intéressera les « fouineurs » d’Etat. On apprend, en effet, que l’autre pendant de leur mission est de contrôler le dispositif organisationnel des Ministères, et éventuellement détecter les goulots d’étranglement.
A côté du feu vert que Issoufou a donné à la Haute Autorité de Lutte contre la corruption et les infractions assimilées (Halcia) d’investiguer sur la régularité des concours d’entrée à la fonction publique, comme ceux des agents de santé ou des finances, les inspections d’Etat lâchées dans les Ministères sont une preuve supplémentaire de ce que les lignes commencent à bouger en matière de lutte contre la malgouvernance. La Halcia a eu, en effet, carte blanche de la part du président Issoufou pour déposer son rapport auprès du procureur de la République sans demander le visa de quelque autorité que ce soit.
Avant les Ministères, ce sont les services rattachés à la Présidence de la République et à la Primature qui ont fait l’objet de contrôles par l’Inspection des Finances, cette fois-ci, pour la période couvrant le premier mandat du président Issoufou. Dans la même dynamique, on apprend que les responsables de ces services rattachés sont obligés de faire régulièrement, à la fin de chaque trimestre, le point des ressources qu’ils engagent dans le cadre de leurs activités.
Cette situation a fait dire à un observateur qu’apparemment rien ne sera plus comme avant. Les indélicats seront sans doute appelés à rendre gorge. Issoufou a besoin de résultats. Il a aussi besoin de laisser son empreinte dans l’Histoire, celle d’un dirigeant modèle qui inspirera les générations futures. C’est pourquoi, apprend-on, il a instruit les ministres, dans le cadre des nominations aux emplois supérieurs de l’Etat, de faire le choix de la compétence plutôt que celui de l’esprit partitocrate.
Karimou Maigari (Le Républicain No2074 du 28 Avril 2016)