« Mon voeu le plus cher, c’est qu’à la fin de mon mandat, lorsque j’aurais quitté le pouvoir conformément
aux prescriptions de la Constitution, je laisse un Niger radicalement transformé, un Niger où les institutions
démocratiques seront plus fortes, un Niger où la lutte contre la corruption aura progressé, un Niger où les
inégalités auront reculé… ». C’est le président Issoufou Mahamadou qui s’est exprimé ainsi, à l’occasion
de son investiture pour un second mandat à la tête de l’Etat. C’est là tout un programme comme dirait le général De Gaulle ; un programme qui exige de lui à la fois équité, impartialité et respect scrupuleux de la loi.
Au regard de la dernière actualité, tout semble indiquer que le président Issoufou et son gouvernement sont déterminés à laisser la loi régler les cas de déviance dont se sont rendus coupables certaines personnes, qui, en raison de leur proximité avec le régime en place, se permettent de poser des actes condamnables. Evidemment, le président Issoufou ne peut pas lutter contre la corruption lorsque certains de ses proches ou alliés promeuvent la corruption et les infractions assimilées pour leur propre intérêt. Il ne peut laisser un Niger où les institutions démocratiques seront plus fortes si la séparation des 3 pouvoirs conventionnels n’est pas nette ou si l’un des pouvoirs empiète sur les attributions d’un autre pouvoir ou même si les institutions de l’Etat ne jouent pas effectivement leur partition.
On semble enregistrer quelques progrès certes timides dans la lutte contre la corruption. On a vu récemment que les pouvoirs de la Haute Autorité de lutte contre la corruption et les infractions assimilées (Halcia) ont été étendus en vue de lui permettre de jouer pleinement son rôle. Les résultats commencent à se faire voir notamment avec le dossier sur les contractuels de l’enseignement et les concours des finances et du Plan, et celui de la santé. Avec l’organisation de ce dernier concours émaillé de fraudes incroyables, beaucoup de cadres du Ministère de la Fonction publique et de la Réforme Administrative ont été mis sous les verrous. Le premier responsable de ce département, à l’époque des faits, a, lui, échappé. Momentanément. Car l’ex ministre Laouali
Chaibou, déjà entendu par la police judiciaire pour les besoins de l’enquête, verrait bientôt son immunité
levée et traduit certainement devant la Haute Cour de Justice.
Selon nos sources, le parquet, via le Ministère
de la Justice, aurait adressé la requête à l’Assemblée nationale aux fins de voir l’intéressé débarrassé de sa
carapace d’ancien membre du gouvernement et livrer à la justice. Ce sera certainement l’heure de vérité pour ce militant du PNDS. En attendant, il est présumé innocent jusqu’à ce que sa culpabilité soit prononcée au cours d’un procès équitable et public. Le parquet ne s’intéresse pas au seul ancien ministre de la Fonction publique. Un autre gros poisson serait dans ses filets : il s’agit du député Sidi Lamine ; un député de la majorité parlementaire. Notre confrère. L’Evénement a révélé récemment son aventure dans une affaire de trafic de drogue. Il serait demandé la levée de son immunité parlementaire pour qu’il s’explique sur ce présumé trafic de drogue dont il serait
au centre. Ces 2 demandes de levée d’immunité sonnent comme un signal fort dans la répression des actes délictueux posés par des individus de la haute hiérarchie politique. Ils sonnent aussi comme une volonté de faire droit aux principes de la bonne gouvernance afin que l’Etat de droit cesse d’être une vue de l’esprit dans notre pays.
Tiémogo Bizo