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Institution du fichier FPGE : La traque des terroristes à col blanc

Au delà des bandits porte-flingues et autres poseurs d’engins explosifs, le terrorisme est aussi cette intelligentsia à col blanc qui est dans l’ingénierie de la conception de la Communication sur cet effroi mouvement. C’est pour cette raison que le Gouvernement du Niger a décidé désormais de ratisser large pour élargir la base des acteurs poursuivis et recherchés pour fait de terrorisme.

Une ordonnance portant création d’un fichier de personnes, groupes de personnes ou entités dans les actes terroristes ou toutes autres infractions portant atteinte aux intérêts stratégiques et ou fondamentaux et de nature à troubler gravement la tranquillité et la sécurité publique, en abrégé FPGE a été prise dans ce sens depuis le 27 août dernier.

L’ordonnance 2024-43 du 27 août va ainsi constituer un ensemble de fichiers informatisés des personnes et entités qui ont des actions concourant dans le terrorisme, c’est-à-dire les terroristes sur le terrain aussi bien que les personnels d’accompagnement. En somme, tous ceux dont l’action consiste d’une manière ou d’une autre à faire la promotion du terrorisme.

Désormais, la vitrine du terrorisme fait partie de la clientèle de la justice. Ce sont tous ces acteurs qui, sous le prétexte de la liberté d’expression, sont devenus les chroniqueurs du terrorisme. ce sont ceux-là qui mettent en relief les performances des éléments terroristes, dressent des bilans amplifiés pour donner plus de force et d’intensité à l’action terroriste. Toute cette vitrine où se joue l’ingénierie de la communication, ces terroristes à col blanc, sont désormais concernés par la lutte contre le terrorisme. Leurs noms, les faits qui leurs sont associés et leurs activités vont tenir aux côtés des membres classiques des katibas.

Un comité national sera mis en place. Il sera chargé de l’inscription de tous ces acteurs concernés, personnes, groupes de personnes ou entités. Ils sont nombreux au Niger qui, dans la lancée de la lutte politique, ont basculé dans une collusion notoire avec les terroristes. Une situation qui était déjà sous-jacente depuis des années mais qui allait s’amplifier avec le renversement du régime de Bazoum Mohamed par l’armée, le 26 juillet 2023. En son temps déjà, l’ancien Président de la République Issoufou Mahamadou a déclaré qu’il n’y a aucune différence entre le terroriste et celui qui soutient une action terroriste.

Après le putsch du 26 juillet, une majorité des proches et soutiens de Bazoum Mohamed, qui ont réussi à passer de l’autre côté de la frontière, ont pratiquement pris fait et cause avec les terroristes qui sévissent dans la région des trois frontières à l’ouest du Niger et aussi les éléments Boko Haram à l’extrême est du Niger.

Conséquences de l’inscription au fichier FPGE

Les acteurs inscrits sur le fichier FPGE sont tous des clients de la justice. Mais selon les faits qui seront retenus contre eux, ils peuvent être classés en trois catégories. La première catégorie est constituée des acteurs qui révèlent de la compétence du pôle judiciaire spécialisé en matière de lutte contre le terrorisme et la criminalité transfrontalière organisée. Une deuxième catégorie sera constituée des clients des tribunaux ordinaires et la troisième catégorie pour des infractions qui relèvent de la compétence du tribunal militaire.

L’inscription au fichier est immédiatement suivie des mesures administratives. Il s’agit du gel des avoirs financiers, de l’interdiction de voyage et de la déchéance provisoire et définitive de la nationalité nigérienne.

En d’autres termes, les inscrits au fichier au titre de l’ordonnance vont automatiquement être frappés par les mesures administratives, gel des avoirs et déchéance provisoire de la nationalité. Le jugement définitif devant le tribunal de compétence va confirmer définitivement les mesures, assorties bien sûr d’une peine de prison ou procéder à leur levée si les faits ne sont pas constitués.

Depuis son intervention, cette ordonnance a diversement été appréciée. Si certains ont jugé très opportun cette mesure qui vient compléter l’arsenal des mesures de lutte contre le terrorisme qui affecte gravement la sécurité des populations, certains activistes de la société civile ont vu par là, une régression ou du moins une menace sur les droits humains.

Toutefois, il faut dire que c’est la gravité de la menace terroriste et surtout la proportion des populations qui en sont victimes qui justifie certaines mesures d’urgence. Le Niger est loin d’être le premier à s’être doté d’un dispositif de ce genre. La police internationale Interpol dispose déjà d’une notice comportant tous les renseignements, sur les personnes poursuivies pour des faits en lien avec le terrorisme. Le conseil de sécurité des Nations Unies procède aussi à un récapitulatif des personnes et entités visées par des sanctions.

Les plus grandes démocraties ne sont pas en reste. Les Etats-Unis d’Amérique ont une liste noire des personnes, des entités et Etats auteurs ou complices du terrorisme. Il n’y a pas longtemps, l’activiste Kemi Seba a été déchu de sa nationalité française. Même les français de souches n’échappent pas à la mesure. En effet, les français qui ont rejoint en Syrie ou en Afghanistan les réseaux terroristes sont régulièrement déchus de la nationalité française.

Le Niger, avec l’ordonnance 2024-43, entre de façon totale dans la lutte contre les personnels du terrorisme, les éléments armés sur le terrain, et tout ce personnel à col blanc, cadres ou Experts qui sont dans l’ingénierie du management et de la communication terroriste.

Ibrahim Elhadji dit Hima