Carte nationale d’identité biométrique : Le Niger reste à la traine

Une carte d’identité est un document officiel qui permet à une personne physique de prouver son identité et sa nationalité. Elle permet l’entrée dans certains pays sans avoir à acquérir un passeport. Elle est d’une grande utilité dans tous les actes de la vie courante (paiement par chèque, examens et concours, ouverture d’un compte bancaire, transactions financières, etc.)

De nos jours, ce document comporte, dans la plupart des pays, des éléments de la biométrie pour en assurer la sureté et inspirer la confiance et la crédibilité auprès des autorités des pays où se rendent nos concitoyens.

Toutefois, le Niger reste en marge de cette avancée en dépit qu’il soit confronté aux mêmes soucis sécuritaires que ses voisins.

L’Afrique de l’Ouest est en effet l’une des régions les plus mobiles d’Afrique. La migration intra-régionale représente une grande partie de ses mouvements transfrontaliers et est largement reconnue comme un élément clé de la croissance économique et de la stabilité de la région.

La nécessité de faciliter la circulation des voyageurs de bonne foi, de limiter le passage illégal aux frontières et de s’attaquer aux problèmes qui en découlent en matière de sécurité, revêt donc une importance accrue pour tous les Etats.

En outre, l’environnement sécuritaire au Sahel laisse peu de place à un laxisme ou la complaisance dans la nécessité d’identifier les citoyens avec un maximum de précisions. Elle permet également à son titulaire de justifier de son identité dans les conditions définies par les textes en vigueur et de faciliter pour les services compétents, l’exercice de leurs missions de recherche et de contrôle de l’identité des personnes.

Pour répondre à ce besoin, la CEDEAO et ses Etats membres ont décidé de créer une carte d’identité nationale biométrique à utiliser comme document de voyage à l’intérieur de la région, au lieu du Certificat de voyage de la CEDEAO qui arrêtera d’être produit. L’introduction de la carte a ensuite été adoptée par les Etats membres lors de la réunion de ses Chefs d’Etats à Abuja, au Nigéria, fin 2014.

Ce qui a conduit plusieurs Etats africains et de la sous-région à faire la migration vers cet élément d’identification. Seul notre pays semble trainer le pas…

La barrière financière ?

Elle semble ne pas être d’envergure, si on se réfère aux expériences des pays aux réalités semblables aux nôtres. Au Bénin, la délivrance de cette carte s’est faite contre paiement de 6.000f au trésor public et 5.000f en Côte d’Ivoire. Le Mali a décidé de sa gratuité pour la première délivrance.

Aussi, le contrat signé entre le gouvernement ivoirien et la société belge Semlex se chiffre à 460 milliards de francs CFA pour une durée de 12 ans !

Un usage « multifonctions »

Les nouvelles cartes répondant aux spécificités décidées en 2014 par la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) pour ses quinze Etats membres, afin de faciliter la libre circulation des personnes et améliorer la sécurité dans cette zone en proie à de croissantes attaques djihadistes, peuvent avoir un usage « multifonctions » grâce aux données inscrites dans la puce électronique.

Au Bénin, elles ont été arrimées à la réforme de l’état civil. Ainsi, le citoyen obtient, en aval de la délivrance de cette carte, un extrait de naissance sécurisé. Au vu de l’importance d’un tel document et par souci de renforcer la sécurité, surtout en ce temps de grands défis en matière de sécurité, la nécessité s’impose pour le  Niger de migrer vers la carte nationale d’identité biométrique.

 

Oumou Gado