Les autorités militaires du Niger et du Nigéria semblent tourner le dos à la désinvolture pour s’engager résolument vers un pragmatisme dans le domaine de la coopération sécuritaire. En témoigne la visite du chef d’état-major des forces armées nigérianes à Niamey et les différentes rencontres de travail que sa délégation et lui ont eu avec leurs homologues nigériens.
Une image inédite ; inimaginable il y a quelques mois ; celle du Général de Brigade Moussa Salao Barmou et du général-major Christopher Musa. Les deux sont respectivement chef d’état-major des armées nigériennes et nigérianes. Le torchon a, en effet, longtemps brulé entre les deux, suite à la prise du pouvoir au Niger par le CNSP. S’en sont suivis plusieurs épisodes dont le plus marquant a été celui de la menace d’une intervention militaire de la CEDEAO, dirigée par le Nigéria contre le Niger. Les deux généraux que l’opinion a découverts côte à côte la semaine passée à Niamey, étaient donc les principaux protagonistes de cette escalade qui, fort heureusement, a pris court sans effusion de sang.
Le Nigéria et le Niger demeurent deux États voisins et frères, a rappelé le chef d’état-major des Armées du Niger, le Général de Brigade Moussa Salaou Barmou malgré la période de turbulences connue suite à la décision de la CEDEAO de mener une intervention militaire au Niger, consécutivement aux événements du 26 Juillet 2023. « Les deux pays partagent une frontière commune longue d’environ 1500km et ont des populations qui partagent les mêmes réalités et les mêmes défis ». Ils sont également liés, a-t-il poursuivi dans « tous les aspects à savoir sociaux, culturels, économiques, énergétique et sécuritaires ».
A l’occasion de cette rencontre d’échanges, le chef d’état-major des Armées du Niger, le Général de Brigade Moussa Salaou Barmou a précisé qu’en dépit des divergences qui ont pu exister entre les deux Etats, « le contexte géopolitique et sécuritaire mondial et sous régional actuel nous impose encore plus, un raffermissement de nos rapports sur tous les plans ».
Les défis, surtout sécuritaires sont donc multiples et multiformes. « La nature des conflits et la capacité de résilience des groupes associés aux activités malsaines imposent aux États, la recherche de solutions pérennes et une adaptation continue aux menaces actuelles et futures », a précisé le Général de Brigade Moussa Salaou Barmou.
D’où la nécessité, selon lui, d’avoir une lecture globale des enjeux sécuritaires pour non seulement faire face efficacement à la conjoncture sécuritaire actuelle mais aussi pour anticiper les grands défis à venir.
Ces propos et la présence du Général Christopher Musa à Niamey traduisent un état d’esprit nouveau dans les relations entre les deux pays. Celui-ci est de très loin différent de ce qui avait prévalu les mois suivant les évènements du 26 juillet 2023 au Niger. L’heure est au pragmatisme, dira-t-on. Cette doctrine qui impose aux humains de faire abstraction de toute autre considération idéologique pour ne tenir compte que de la réalité. Et celle-ci est sans appel : le Niger et le Nigéria, deux entités de création coloniale, ne peuvent rêver d’une paix, d’un développement l’un sans tenir compte de l’autre. Le niveau d’imbrication des populations et de l’économie le long des 1500 km de la frontière entre les deux pays.
Cette réalité, les dirigeants des deux pays ne l’ignorent point. Ils viennent d’en administrer la preuve avec le rétablissement des relations sécuritaires, n’en déplaisent à ceux qui ne rêvent que de l’isolement de nos pays et l’entretien des rapports belliqueux avec nos voisins.
Oumou Gado