« …Cette rénovation sera l’une des plus importantes de ces décennies que la Chine va réaliser au Stade Général Seyni Kountché….», déclare Mr Daouda Adamou.
Nommé Directeur Général du Stade Général Seyni Kountché au Conseil des Ministres du 2 mars 2024, Mr Daouda Adamou est le plus jeune de tous ses prédécesseurs. Il devient le 13ème Directeur Général du Stade Kountché depuis 1988. Nanti de plusieurs diplômes supérieurs en sport, dont celui du STAPS, il a été manager du Centre Olympafrica de Niamey où il a reçu en fin février 2024, à Abidjan en Côte d’Ivoire, le trophée du meilleur manager d’Afrique d’Olympafrica. Il fut également Directeur de la Piscine Olympique d’Etat. Cultivé et très intelligent dans la planification des projets, c’est un homme rigoureux qui dirige désormais « ce joyau national ».
Dans un entretien exclusif qu’il a bien voulu accorder à Niger Inter Hebdo, plusieurs sujets de l’heure sont abordés dont la rénovation par la République populaire de Chine, du Stade Général Seyni Kountché (qui demeure une grande préoccupation pour les acteurs du ballon rond nigérien), des nouvelles mesures prises pour accéder désormais au Stade, de l’affaire dite « Rawda » qui a défrayé la chronique mais aussi de ses ambitions à la tête du Stade Kountché de Niamey.
Niger Inter Hebdo : Le 2 mars 2024, vous avez été porté à la tête d’un des établissements le plus complexe du monde sportif nigérien : le Stade Général Seyni Kountché de Niamey. Parlez-nous d’abord du contenu de votre cahier de charge ?
Daouda Adamou : Merci beaucoup au Journal Niger Inter Hebdo de cette opportunité qu’il m’offre de m’exprimer, quelques jours seulement après ma prise de fonction. Je tiens d’abord à remercier le ministre de la Jeunesse, de la Culture, des Arts et des Sports, le Colonel-Major Abdrahamane Amadou pour la confiance qu’il a bien voulu placer à ma personne pour diriger le Stade Général Seyni Kountché. Comme vous le savez, ce joyau national est confronté à d’énormes difficultés, raison pour laquelle la tutelle m’a confié cette mission pour relever le défi. L’institution est trop malade. Elle a besoin très rapidement de remède. S’agissant de mon cahier de charge, il faut carrément restaurer l’image de marque du stade. Il faut qu’il soit salubre. Il faut aussi motiver les employés car depuis plusieurs mois, le personnel a perdu tout goût au travail en raison des arriérés de salaire. Il faut le ramener au travail. Je les rassurer dans ce sens que c’est ensemble que nous allions redresser positivement ce bien commun. Nous allons aussi nous atteler à la réhabilitation de certaines installations restées à l’abandon pour la pratique d’activités sportives. C’est un gros challenge à relever, car notre Stade est vraiment malade. Pour être honnête avec vous, le chantier est vraiment énorme et costaud, car il y’a beaucoup de choses à refaire.
Niger Inter Hebdo : L’un de vos défis reste sans nul doute la rénovation du Stade Général Seyni Kountché lui-même et dont la Chine Populaire a promis sa réhabilitation par la voix de son Ambassadeur au Niger. Mais à quand le début des travaux ?
Daouda Adamou : Par rapport à ce dossier, je vous rassure qu’il est en bonne voie, en ce sens et comme vous venez de le dire, l’annonce a été faite par le représentant de la Diplomatie Chinoise au Niger et tout le monde est au courant. Actuellement, le ministère de tutelle et l’Ambassade de Chine travaillent d’arrache-pied pour que le document soit paraphé afin que dans un délai raisonnable, les travaux puissent démarrer. C’est un fruit de la coopération nigéro-chinoise. Je puis vous dire que cette rénovation sera l’une des plus importantes de ces décennies que la Chine va réaliser au niveau du Stade Général Seyni Kountché de Niamey, en injectant comme ils l’ont dit, quelques 15 milliards de francs CFA. Ce sont des travaux énormes qui seront réalisés pour que notre stade soit réhabilité et permettre à la CAF de lever la suspension qui pèse sur nous. Ainsi, nos différentes équipes nationales rejoueront sur leur propre pelouse et devant leur public impatient qui n’attend que ça.
Niger Inter Hebdo : Pensez-vous que d’ici 5 à 6 mois, les nigériens pourraient retrouver leur Mena national sur la pelouse du Stade Kountché?
Daouda Adamou : Je ne peux vous donner ni de date, ni de période. Toutefois, cette rénovation du Stade Général Seyni Kountché reste l’une des priorités du ministre de la Jeunesse, de la Culture, des Arts et des Sports, le Colonel-Major Abdrahamane Amadou. Ce projet lui tient énormément à cœur. Il est en train de se battre pour que ce projet voit le jour et ce, dans un bref délai.
Niger Inter Hebdo : Désormais, l’accès au Stade Général Seyni Kountché les après-midis sera contrôlé et même sécurisé. De quoi s’agit-il exactement ?
Daouda Adamou : Je suis venu avec un plan dit de redynamisation basé sur 5 axes. Et justement, ce que vous veniez d’évoquer fait partie de ces 5 priorités. Pour moi, pour que la sécurité soit garantie, pour que les biens et le personnel soient sécurisés, pour que la salubrité soit autour du stade, il faut alors filtrer les entrées. Et c’est dans cette logique que j’ai trouvé la stratégie de mettre des « check-point » au niveau des entrées et à l’intérieur, des patrouilles mobiles du Commissariat de la Police Nationale du stade feront des rounds pour contrôler toutes les entrées. Le stade sera donc ouvert uniquement à ceux qui en ont besoin. Fini cette pagaille qui a régné auparavant. Ceci doit cesser. Nous avons décidé de toutes ces mesures pour le bien-être des usagers. A partir de la fin du Ramadan, nous aurons à communiquer pleinement dans ce sens.
Niger Inter Hebdo : Avec ces nouvelles mesures, est-ce à dire que l’entrée au stade, surtout pour ceux qui pratiquent le parcours de santé, sera désormais payante ?
Daouda Adamou : C’est ça aussi le changement de mentalité. Il faut que les usagers contribuent. Nous allons instaurer une participation forfaitaire qui sera supportée par tout le monde. Mais le plus important est que, celui qui vient au stade participe à sa réfection, qu’il participe à sa sécurisation. Et un jour, il dira à ses enfants qu’il a lui-même participé à l’instauration de ce changement-là.
Niger Inter Hebdo : Récemment, une affaire a défrayé la chronique sur les réseaux sociaux à propos de la location du compteur Nigelec du stade par la Pâtisserie « Rawda » que certains qualifient de scandale. De quoi s’agit-il exactement?
Daouda Adamou : Pour être clair, le gérant de Rawda a toujours honoré ses engagements s’agissant de la location du compteur du Stade Kountché. Depuis qu’il s’est installé, il n’a jamais accusé un quelconque arriéré et il a toujours réglé sa quote-part avant même la date limite. C’est un faux débat. Actuellement, j’ai suspendu tous ceux qui sont sur le compteur Nigelec du stade qui font des activités lucratives dont certains à caractère commercial et je les tous instruis d’aller prendre leurs polices d’abonnements à part. Rawda aussi fait partie malgré sa régularité. J’ai décidé d’assainir cette institution. C’est une décision dure et difficile mais…salutaire. Rawda est l’un des partenaires le plus crédible. Il a toujours réglé à temps. Je vous garantis que tous les locataires ne sont plus sur la fourniture d’énergie électrique du stade. Nous ne faisons pas de recettes mais nous croulons sur une énorme charge dont je compte y mettre fin. Le stade a trop souffert par des impayés de certains compatriotes.
Niger Inter Hebdo : C’est dire que chaque locataire du stade Général Seyni Kountché a désormais son propre compteur Nigelec ?
Daouda Adamou : Vous savez, il y a deux sortes de locataires. Il y a ceux qui sont sur le compteur du stade avec un établissement commercial, donc à but lucratif. Ils cherchent de l’argent avec l’électricité du stade. Il y a aussi ceux qui sont dans les bureaux du stade, donc dans nos locaux. Eux, nous ne les avions pas touchés directement s’ils sont en règle par rapport au payement de la location du compteur. Mais ceux qui ont des activités à but lucratif, nous nous sommes séparés.
Niger Inter Hebdo : Vous êtes le plus jeune de tous les 12 Directeurs Généraux qui se sont succédé à la tête du Stade Général Seyni Kountché. L’on vous connait aussi par votre rigueur partout où vous êtes passé. Quelles sont vos ambitions pour ce joyau national ?
Daouda Adamou : Ma première ambition, que les gens viennent prendre des photos au stade. Et ces photos une fois prises, doivent être pour nous, des cartes postales. Cela veut dire quoi ? Cela veut dire que nous voulions que l’image du stade soit rétablie à travers ce grand homme d’Etat : Feu Général Seyni Kountché (Paix à son âme). Nous souhaitons l’immortaliser et lui rendre hommage. Que chaque nigérien ou chaque étranger qui vient au Stade Kountché voit à travers cette infrastructure, un patrimoine national. Vous savez aujourd’hui, il y a des édifices qui sont érigés et qui donnent l’image d’une personnalité ou d’un grand homme qui a valablement servi le pays. Alors, à notre niveau, nous voulions que le stade qui porte son nom depuis 1988, soit à son image pour toujours. Aujourd’hui même, un petit enfant, quand tu lui parles de feu Général Seyni Kountché, il voit l’incarnation de la dignité, de la souveraineté et du patriotisme. Donc, notre ambition est de faire connaitre ce stade. Et en le visitant, que vous ne soyez pas déçu. Nous allons le rendre plus attrayant, plus fréquentable, lui redonner toutes ces lettres de noblesse. C’est aussi un aspect de notre objectif. Nous allons, Incha Allah, soigner cette image, une image comme pour orner votre véranda ou votre chambre. Bref ! Lui redorer tout son blason. Voilà une des ambitions pour le Stade Général Seyni Kountché. Nous avons plusieurs projets à court, moyen et long terme pour le Stade Général Seyni Kountché qui reste quand même un bien précieux pour toute la jeunesse nigérienne.
Propos recueillis par Ousmane Keita