Une fois encore, la preuve que les guerres ne sont jamais propres vient de nous être donnée. Les populations de Tiawa viennent d’en faire l’amère expérience. Dans la nuit du 5 au 6 janvier 2024, plusieurs d’entre elles, toutes des civiles, ont été tuées par inadvertance, suite à des frappes par un vecteur aérien. Une façon de plus dramatique d’aborder l’année nouvelle pour ces populations en proie à l’insécurité.
Le village de Tiawa où s’est produit le drame est situé dans le Sud-Ouest du Niger, dans la région de Tillabéri, près de la frontière du Burkina Faso.
D’après diverses sources, plusieurs dizaines de personnes ont été tuées suite à l’explosion des bombes qui leur ont été larguées par un vecteur aérien pendant qu’il faisait nuit. C’était entre le 5 et 6 janvier 2024, alors que beaucoup étaient ensommeillés.
Des vidéos de certains habitants, tentant d’éteindre le feu provoqué par les explosions avec des moyens de bord, et plusieurs « témoignages-audios » qui circulent abondamment sur la toile, prouvent à quel point les populations locales ont été attristées.
Selon des sources proches de l’armée nigérienne, le drame est intervenu après qu’un drone ait bombardé à deux reprises, un quartier se trouvant à la périphérie du village de Tiawa. Une patrouille militaire en ratissage dans la zone, le samedi 6 janvier 2024, a découvert l’étendue du désastre. Des maisons détruites, des corps sans vie et des villageois en état de choc.
Des blessés, nombreux ont été pris en charge et évacués par les éléments de la patrouille.
Dans un communiqué rendu public quelques heures plus tard, les autorités militaires en place à Niamey ont déploré de « nombreuses victimes civiles après qu’un drone ait effectué des frappes à Tiawa dans la région de Tillabéri ».
Selon les autorités, « les frappes de drone de l’armée nigérienne ont été conduites en riposte à une attaque terroriste conduite par des individus armés, attaque qui a fait plusieurs victimes civiles non loin de Tiawa près de la frontière du pays avec le Burkina Faso ».
Le communiqué du Conseil National pour la Sauvegarde de la Patrie (CNSP) et le Gouvernement souligne qu’un bombardement a été mené dans le cadre d’une « opération conjointe avec les forces armées du Burkina Faso avec pour but de répondre énergiquement à une attaque menée par des individus armés ».
Mis en déroute, les hommes armés se seraient dirigés vers la zone où est situé le village de Tiawa. Le drone qui a largué à deux reprises des explosifs a, probablement, confondu les populations locales aux terroristes en fuite.
Ils étaient une vingtaine d’individus armés à bord de motos qui, d’après le communiqué des autorités militaires nigériennes, auraient projeté une attaque visant une position des FDS se trouvant à proximité de Tiawa.
Plusieurs sources non officielles indiquent que le bombardement aurait fait une cinquantaine de morts, mais aucun chiffre quant au nombre de blessés. Le communiqué officiel des autorités militaires ne précise pas également le nombre de victimes civiles. Elles ne font état ni du nombre de morts, ni de celui des blessés. Pareil pour l’étendue des dommages subis dans le camp des terroristes, aucun chiffre n’est avancé par les militaires.
Tiawa, petite localité de renom pour être située dans une zone où des sites d’orpaillage clandestin font légion, se trouve en pleine zone des 3 frontières. Des individus armés y mènent régulièrement des attaques dont le nombre de victimes se compte en grand nombre. L’insécurité dans ladite zone a forcé de nombreux habitants à se déplacer vers des localités plus clémentes sur le plan sécuritaire.
Le drame qui s’est produit à Tiawa défraie tellement la chronique qu’il met en arrière plan les victoires éclatantes que les Forces Armées Nigériennes (FAN) sont en train de remporter sur plusieurs théâtres d’opérations de lutte contre le terrorisme.
Il défraie également la chronique qu’on parle peu du cycliste qui a perdu la vie le 5 janvier 2024 aux environs de 15 heures, près de Tchobol Befi, un petit village situé à 5 Km au Nord de Ouro Guéladjo et à 45 km à l’Ouest de Say. Le cycliste a sauté sur un Engin Explosif Improvisé (EEI) près de la petite localité et est mort sur le champ.
Ouro Djeladjo, chef-lieu de Commune Rurale de même nom, est situé à une trentaine de kilomètres de Niamey à vol d’oiseau.
Plusieurs cas d’explosion d’EEI s’étant produits dans la commune ont été rapportés ces derniers temps. En rappel, celui qui a taillé en pièces le véhicule dans lequel circulaient des Gardes Nationaux sur l’axe Kobadjé-Dandiré, le 20 novembre 2023. Heureusement pour ces derniers, plus de peur que de mal. Aucune victime n’a été déplorée, seul le véhicule a été endommagé.
Bassirou Baki