Direction générale de la police nationale : Oumarou Moussa, un homme de poigne aux commandes !

Au Conseil des ministres du mercredi 29 juin 2022, Monsieur Oumarou Moussa, commissaire Général de police, est nommé Directeur Général de la Police nationale (DGPN). Précédemment Directeur général adjoint (DGA), il remplace Monsieur Souley Boubacar qui va bientôt faire valoir ses droits à la retraite, apprend-on. Le profil du nouveau DGPN, un grand limier devant l’éternel.

Si cette nomination n’a pas suscité de polémique, c’est surtout du fait que le Commissaire Oumarou Moussa a fait ses preuves avec une carrière normale dans cette corporation. En le confirmant comme DGPN, le président Bazoum a bien voulu consolider les acquis d’une équipe qui gagne.

Cet ancien militaire de la classe 1981 (Sous-lieutenant des sapeurs-pompiers de l’ENPC d’Alger) a une riche carrière dans la police nationale, tant au plan national qu’international. Il a presque gravi tous les échelons dans la police nationale aux niveaux départemental, régional et national.

Une ascension fulgurante à la police

Oumarou Moussa est un ancien militaire reversé à la police.Formé dans les Ecoles de police du Sénégal et de Côte d’Ivoire, tour à tour, il est passé adjoint au chef de service de la police judiciaire (PJ) à Niamey en 1986, Commissaire de police de Boukoki (Niamey) en 1987, puis de Gaya (Dosso) en 1988, Tibiri (Maradi) en 1989, Chef de service des affaires criminelles à la Direction centrale de la police judiciaire (Niamey) en 1990, Chef de sécurité du Premier ministre (1990-1991), Directeur central de la police judiciaire en 1995, Commissaire de l’air de l’aéroport international de Niamey en 1996,Directeur départemental de la police de Dosso en 2000, de Zinder en 2002, de Tillabery en 2003, Directeur général adjoint de la police nationale depuis 2011. Il a servi à l’international au Tchad et au Congo. Ce parcours atypique est auréolé par plusieurs reconnaissances nationales et internationales : chevalier de l’ordre de mérite du Niger en 2001, chevalier de l’ordre national du Niger en 2003, médaille de l’ONU pour le maintien de la paix en RD Congo (Monuc) en 2004, puis au Tchad et en Centrafrique en 2008 ( Minurcat), Officier de l’ordre national du Niger en 2012, médaille d’honneur du Royaume d’Espagne en 2015, médaille de la vaillance de la police du Niger en 2017 et commandeur de l’ordre national du Niger en 2021.

 

Ses atouts….

Le premier atout du DGPN Oumarou Moussa est d’abord son expérience, sa connaissance des hommes et du terrain à l’échelle nationale. Avec un parcours éloquent, il avait bien géré avec efficacité et des résultats inédits, des pans entiers et décisifs au sein de la police nationale. « Sa force repose sur son principe de conduite en tant que Chef et patron des policiers. Ce n’est pas le genre de chefs poltrons qui jettent en pâture leurs agents envoyés en mission », nous a confié un commissaire de police, contacté par nos soins.

Son second atout, il est un spécialiste des investigations. Ses quatre passages à la Direction de la police judiciaire (PJ) en disent long sur sa rigueur dans le travail. C’est d’ailleurs le seul qui a fréquenté l’Ecole de la police judiciaire de Paris. En 1985, sous feu Seyni kountché, ce limier avait traqué les trafiquants de 11kg d’or qu’ils ont volé au Burkina Faso, puis acheminé via un vol d’Air Afrique Ouaga-Niamey. Kountché, très monté par cette honte de voir des nigériens volé l’or du pays de Thomas Sankara a offert à Oumarou Moussa cinq (5) millions comme gratification. Les malfrats avaient écopé de 5 ans de prison ferme.

Depuis 2011, Oumarou Moussa a la charge du recrutement. Chaque année, c’est entre 1000 à 2000 élèves à recruter, mais il met au défi tout parent qui a donné de l’argent pour recruter son enfant !

« Ses détracteurs ne le lâchent pas parce qu’il est dur en sanction. L’on le sait bien, chaque fois qu’il s’agit de prendre des décisions rigoureuses, pour ne pas dire impopulaires, il le fait dans l’intérêt de tous. Il est certes dur en sanction, mais il a toujours visé l’objectivité, la neutralité et le mérite », a lâché un autre officier de police qui connait bien le nouveau patron de la police nationale.

Et d’ajouter : « Il est l’un des rares chefs non seulement à la police mais aussi dans ce pays qui a su maintenir l’objectivité la plus objective. Et pour mieux comprendre cela, et en guise d’illustration, son propre fils avait intégré la police en 2009, imaginez avec quel grade ? En tant que gardien de la paix.  Et a obtenu son concours professionnel en 2014, fini sa formation en tant qu’inspecteur de police depuis 2016. Et depuis cette date, son propre fils, vient de rater son 3ème concours professionnel (un autre chef allait faire admettre son fils), et mieux encore, de 2007 à nos jours, le fils est sur le même poste, sans aucune affectation, d’avril 2016 à nos jours. Et imaginez, quel est ce service ? Est-ce un service juteux ? Mais non, un service à l’instar des coquilles vides, un service sec, le service enquête, enquête administrative et de moralité. Là, où il n’y a aucune indemnité spéciale, aucun privilège ou avantage. Combien sont-ils les chefs qui pourront faire ça comme lui ? Je doute, car on ne peut pas le regarder dans les yeux et le lui reprocher », a témoigné cet officier loquace.

A en croire, ce témoignage, le DGPN Oumarou Moussa pourrait inverser la tendance pour une police citoyenne, conformément à la gouvernance vertueuse prônée par le Président Bazoum. Le choix de cet homme réputé être pragmatique et rigoureux est pertinent dans le contexte actuel. Le nouvel homme fort de la police nationale tient à l’ordre et la discipline comme à la prunelle de ses yeux. En attendant également sa retraite, Oumarou Moussa est pleinement conscient de la nécessité de préparer la relève. « Je suis là juste un temps et passer le témoin à la postérité. Au soir de ma carrière, je tiens à rester digne et ainsi garder la ligne », nous a confié cet homme de poigne, désormais aux commandes de la Police nationale.

Elh. M. Souleymane

Niger Inter Hebdo N°70 du mardi 5  juin 2022