Après le verdict de la Cour de justice de la CEDEAO : Mahamane Ousmane reprend son siège de député national

La clôture de la première session ordinaire de l’Assemblée nationale, au titre de l’année 2022, dite session des lois, s’est achevée le vendredi dernier à l’hémicycle du parlement. C’est le moment qu’a choisi, Mahamane Ousmane, ancien président de la République et candidat malheureux au second tour de la présidentielle du 21 février 2021 pour reprendre ou disons, « occuper » son siège de député qu’il a laissé vacant depuis l’installation de la présente législature.

Ce retour de Mahamane Ousmane parmi ses collègues à l’hémicycle de l’Assemblée nationale intervient quelques semaines après le verdict de la Cour de justice de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) dans le différend qui l’oppose à l’Etat du Niger, relativement à la victoire de son challenger, Mohamed Bazoum, élu président de la République du Niger à l’issue de la présidentielle passée. Il contestait ainsi cette victoire, ce qui l’a conduit à déposer un recours devant la Cour constitutionnelle qui est la plus haute juridiction nigérienne en matière électorale.

Débouté par le juge électoral, le président du RDR Tchanji et candidat malheureux à cette élection, décida alors, après l’épuisement de toutes ses voies de recours au plan national, de saisir la justice communautaire pour violation de ses droits. A travers cette saisine, Mahamane Ousmane espérait de la justice de la CEDEAO, la condamnation de l’Etat du Niger pour violation de ses droits, ce qui, pour ses partisans, sonnera comme une remise en cause de la victoire de son challenger, Mohamed Bazoum.

Mais l’issue du procès a été en sa défaveur. La Cour a estimé que l’essentiel des griefs qu’Ousmane a porté devant elle ne constituait pas une violation de ses droits, à l’exception de l’interruption temporaire de la connexion Internet, décidée par l’Etat, juste après la proclamation des résultats définitifs du second tour de la présidentielle. Une interruption d’Internet que l’Etat du Niger a justifié par souci de préserver la quiétude sociale au moment où des acteurs politiques appelaient leurs militants à troubler l’ordre public.

Se revendiquant toujours démocrate et légaliste, puis soucieux du respect des Institutions républicaines, Mahamane Ousmane, après le verdict de la justice de la CEDEAO, a déclaré à l’opinion, dans un message qu’il a livré, « avoir pris acte de cette décision ». Une annonce qui sonne comme une fin du contentieux électoral que le candidat malheureux a trainé pendant plus d’une année, depuis la proclamation des résultats définitifs du second tour de la présidentielle.

En reprenant aujourd’hui son siège à l’Assemblée nationale, Mahamane Ousmane tourne ainsi le dos aux électorales passées et reconnait ainsi la légitimité du président de la République, Mohamed Bazoum et de toutes les Institutions de la Républiques, issues des échéances électorales de 2020-2021.

Toutefois, son parti, le RDR Tchanji et ses élus nationaux demeurent à l’opposition, bien que Ousmane n’est pas le chef de file de l’opposition politique nigérienne, un statut qui revient au président du Moden fa Lumana, Tahirou Saidou dit Park 20.

Aujourd’hui, la question que d’aucun se posent est surtout celle du rôle que Mahamane Ousmane aura à jouer au sein de cette opposition politique désagrégée avec le départ, non seulement du parti MPN Kiishin qui a rejoint la majorité au pouvoir, mais aussi de l’allégeance en sourdine de certains de ses cadres au président de la République Mohamed Bazoum. A cette situation vient s’ajouter des querelles intestines et luttes de positionnement qui se déroulent au sein de l’opposition.

En tout état de cause, cette posture de Mahamane Ousmane est saluée, car elle participe à plus d’un titre à la culture démocratique, tout en s’inscrivant dans la dynamique d’une décrispation au sein de classe politique nigérienne. Il ne reste plus rien qu’à Mahamane Ousmane de reconnaitre publiquement la victoire de Mohamed Bazoum. Une façon de mieux tirer les conséquences de sa posture en boycottant les institutions de la République.

Oumar Issoufa

Niger Inter Hebdo N°70 du mardi 5 juin 2022