Beaucoup l’ont crié haut et fort. Hama Amadou a bénéficié d’une évacuation sanitaire sur Paris, en France, le 7 avril 2021, sur demande de son avocat et ce n’est pas pour rester en exil. Seulement, voilà plus de deux mois que ça dure. Après plusieurs demandes de dérogation, Hama Amadou appelle de tous ses vœux les grâces présidentielles pour un éventuel retour paisible au pays ne serait-ce que sous résidence surveillance en lieu et place de la prison de Filingué, apprend-on.
Sa dernière demande de trois mois de prolongation serait refusée par le procureur en ce sens qui doit revenir dans sa cellule pour en faire une nouvelle demande. C’est cela le règlement, nous a confié une source.
Le prolongement de son séjour en France est-il en lien avec certaines supputations qui circulent dans la ville de Niamey et sur les réseaux sociaux comme quoi il aurait eu un échange téléphonique avec le Président Mohamed Bazoum alors que celui-ci était en visite à Paris dans le cadre du sommet sur le financement de l’économie africaine ? Bazoum lui aurait accordé son accord de principe pour qu’il reste en Europe autant de temps qu’il veut jusqu’au recouvrement plein et entier de sa santé ?
D’ores et déjà, d’aucuns disent qu’une telle communication n’aurait jamais eu lieu au point où l’Autorité morale du Moden Fa Lumana puisse faire la demande d’une telle largesse de la part du Président de la République. Une véritable ‘’Zakat’’ de début de mandat qui pourrait s’interpréter en une violation de la Constitution et du principe de la séparation des pouvoirs.
Il n’est pas aisé qu’un Chef d’Etat intervienne dans une affaire pendante en justice sans que cela ne soulève de vagues. Quoiqu’ici nous sommes sous les tropiques où tout peut se jouer entre hommes politiques au dessus de la Constitution et du peuple, au dessus des lois de la République mais au nom de la démocratie. Les citoyens lambda n’ont que leurs yeux pour pleurer en intelligence avec les organisations de la société civile qui, elles, sont réduites à vociférer et les hommes de médias aux crieurs publics.
Les citoyens ne voient jamais rien venir, ils sont mis, seulement, devant les faits accomplis. Les militants du Moden Fa Lumana qui, peut-être, sont les auteurs de ces rumeurs sur le prétendu tête-à-tête entre le Président Mohamed Bazoum et Hama Amadou, chercheraient-ils à accorder les violons entre leur Autorité Morale et la classe politique au pouvoir ? Ce qui serait une bonne chose au nom de la sérénité politique et sociale.
Cependant, cela est-il possible sans tordre le coup à la justice ? De toutes les façons, il faut craindre que les militants de l’opposition soient les premiers à crier à la violation de la Constitution, à crier à une justice aux ordres et que, bien auparavant, toutes les arrestations n’étaient qu’au nom de la politique non pas pour faire justice aux citoyens qui ont perdu les leurs, leurs domiciles et autres biens suites aux émeutes du 23 février 2021.
Ce qui ferait retomber notre démocratie plus bas que terre, plus bas que le fond de la Mer Morte. La voie, la meilleure, à notre humble avis, c’est d’accepter que justice soit faite. Si culpabilité il y a, que les coupables soient châtiés et si l’innocence a été prouvée, que la liberté soit accordée, sans interférence aucune.
Tout le monde a été témoin qu’il y a eu mort d’hommes suite aux émeutes du 23 février 2021, tout le monde a été témoin que des domiciles, des centres commerciaux et des véhicules ont été incendiés ou mis à sac. Tout le monde a été témoin que des personnalités publiques ont été molestées et brutalisées. Tout le monde a été témoin que des biens publics ont été dégradés.
Tous ceux qui furent arrêtés en lien avec ces émeutes, doivent-ils être, seulement, relâchés au nom de la politique et de la démocratie sans que justice soit faite aux citoyens qui ont perdu commerce et membres de familles ? Et l’Etat dans tout ça ? C’est une personne morale qui a, aussi, beaucoup perdu ce jour-là.
Il est vrai que tout peut se faire pardonner, c’est aussi ça la grandeur et le pays a beaucoup à y gagner, mais, il est impérieux que les responsabilités soient fixées pour que ça serve de leçon pour les jeunes générations. On ne peut tout juger à l’aune de la politique.
L’on se souvient, avant, pendant et après les élections, en voulant jouer son baroud d’honneur, l’autorité morale de Lumana FA, a fait montre de témérité. Il a cru bon de jouer le tout pour le tout dans l’optique de se remettre en selle. Machiavel a dit que ‘’la soif de dominer les hommes est la dernière passion qui s’éteint dans le cœur de l’homme’’. En animal politique, Hama Amadou a osé agir pour remettre les compteurs à zéro. Et comme chacun le sait, le célèbre fugitif n’est pas allé en prison par témérité. Il a misé sur la capacité de ses camarades et alliés à inverser la situation pour que sa cause soit entendue. A la fin du processus électoral, Hama Amadou se retrouve comme un mouton de sacrifice. Très déçu par ses amis politiques, il a actionné son stratagème à savoir prétexter un état presque de vie à trépas pour bénéficier d’un avion médicalisé qui finira par être un exil doré. Aujourd’hui, plus d’un citoyen se demande à quand le retour de Hama Amadou à Filingué ? Ce qui en dit long sur la reddition du pourfendeur N°I du Président Bazoum. L’homme qui a fait le serment d’empêcher par tous les moyens au destin de Bazoum de se réaliser. Aux dernières nouvelles et à en croire les éléments de langage de ses partisans, nul doute que Hama Amadou a le moral dans les chaussettes. Après avoir bénéficié de plusieurs reports, Hama Amadou se trouve dans un dilemme cornélien : faut-il revenir à la case prison au moment où ses alliés et partisans sont dans une logique de positionnement ? C’est pourquoi, il appelle de tous ses vœux les grâces présidentielles pour un éventuel retour paisible au pays ne serait-ce que sous résidence surveillée en lieu et place de la prison de Filingué, apprend-on.
Bassirou Baki Edir