Ce mardi 22 septembre 2020, Hama Amadou a animé une conférence de presse à l’Hôtel Africa Hall de Niamey. Investi par le Congrès d’une aile de Lumana FA tenu le weekend dernier à Dosso, c’est un Hama Amadou requinqué qui se retrouve face à la presse. En substance, nos confrères conviés de façon sélective à cette activité ont eu droit à une communication catastrophique et suicidaire de la part d’un leader politique qui voudrait se remettre en selle.
‘’Si ma candidature n’est pas retenue par la Cour Constitutionnelle, ce qui est arrivé au Mali va arriver au Niger’’, a-t-il sèchement répondu à un confrère. Un véritable baroud d’honneur d’un politicien en conflit avec la loi.
Près à parler de tout et de rien, nos confrères l’ont aidé dans son jeu favori à savoir tenir un discours dans le sens d’ameuter ses affidés. En effet, du fait que sa page se tourne inexorablement, il ne compte que sur les antivaleurs ou une rupture démocratique pour assouvir sa soif de dominer les hommes. Il a parlé de son programme où il estime pouvoir faire le bonheur des femmes et de la jeunesse.
Comme le ridicule ne tue pas, le pourfendeur de l’école nigérienne qui sommeille en lui a osé faire de la démagogie sur ce terrain en feignant d’ignorer que les Nigériens ont oubliés comment il a brisé l’avenir des générations de scolaires nigériens en sabordant l’école. N’est-ce pas lui qui disait à SEM Mamadou Tandja que le Niger n’a pas besoin d’université mais plutôt des écoles professionnelles qui forment des cadres moyens. Mais hier, comme pour dire qu’il a changé, il réalise que l’école nigérienne en l’état ne peut jamais assurer la relève.
En parlant de l’économie nigérienne qu’il peint tout en noir, Hama Amadou a oublié son scénario catastrophique après sa rupture d’alliance. N’est-ce pas lui qui a prophétisé que le régime ne pourra même assurer le paiement des salaires ? N’a-t-il pas voulu faire obstruction au recrutement des diplômés à la fonction quand il était président du parlement ?
A propos de la justice, il a fait un discours des plus populistes comme si les nigériens sont amnésiques de sa gestion des affaires. Mais on le comprend aisément comme il est dans un exercice de communication politique notamment avec le sentiment d’être candidat malgré les défis à relever au regard de sa situation pas du tout en phase avec le code électoral nigérien.
L’on se souvient de sa posture au Congrès du parti Amin Amen de Ladan Tchiana. Pour lui, il n’y a pas de démocratie au Niger, il n’y a pas d’Etat de droit et par conséquent il appelle à s’inspirer du cas malien pour renverser le régime en place avant les prochaines élections. Un discours politicien très vite décrypté par ceux qui comprennent les dynamiques politiques au Niger. Il a très vite déchanté lorsque ses alliés de la CAP 20-21 l’ont convaincu que le combat se fera dans et par les urnes.
Les Nigériens ont suivi hier un homme qui a voulu surtout parler de lui-même. Et les sages le disent, c’est malséant de parler de soi-même comme l’a fait Hama Amadou. Il voudrait changer l’image de l’ex premier ministre et son rapport scandaleux avec le pouvoir connu de tous.
Le discours d’hier de Hama Amadou pose le véritable problème d’objectivité quand il s’agit de raconter sa propre histoire aux autres. Les téléspectateurs ont eu chacun à se faire une idée sur la version des faits d’un homme qui voit la mort partout venant de ses adversaires. Le poison libyen a disparu et toute cette paranoïa sur la mort se révèle être de la chimère d’un homme face à ses propres contradictions.
Nous comprenons bien le désir de Hama Amadou de se remettre en selle malgré l’incertitude qui entoure sa candidature et son état de santé visiblement critique. Le récit de sa vie par lui-même met bien en évidence l’adage qui dit que l’on n’est jamais mieux servi que par soi-même. Encore faut-il retenir la leçon de Chinua Achebe lorsqu’il écrit : « Tant que les lions n’auront pas leurs propres historiens, les histoires de chasse ne peuvent que chanter la gloire du chasseur ».
Le baroud d’honneur de Hama Amadou
Après plusieurs années d’exil, on le croyait assagi, réaliste et humble, mais Hama Amadou alias ‘’tawey baba’’ reste toujours égal à lui-même : ‘’pyromane, mais lâche’’, comme l’écrivait un confrère au moment de la gloriole du tout puissant Premier ministre de Tandja.
Depuis son exil doré parisien, il rêve toujours d’insurrection, du renversement par la force du régime démocratiquement élu du président Issoufou Mahamadou, appelant en son temps, la société civile, les scolaires, les partis politiques et autres couches de la société à la mobilisation générale pour en finir une fois pour toutes avec les institutions de la République que le peuple nigérien s’est librement choisi. En prenant des risques mesurés dans sa zone de confort, il entend utiliser des moutons de panurge pour braver la justice nigérienne et l’autorité de l’Etat.
L’abonné absent des luttes démocratiques
Dans sa tentative de mettre le feu dans la maison Niger, il n’a pas hésité à brandir le spectre “ de la réédition d’un Tazartché par la fraude électorale et les manipulations du fichier des élections” alors même que le président Issoufou a promis de quitter le pouvoir à la fin de son second et dernier mandat. Il n’hésite pas aussi à vouloir dresser les nigériens les uns contre les autres, à parler d’épuration au sein de la justice, de l’armée, de la police, et de toutes les forces de la puissance publique. Il n’hésite pas aussi à qualifier le régime actuel, de “dictature, de paranoïaque et fou”. Il a vendu des idées aussi saugrenues que Issoufou va donner le pouvoir à Salou Djibo, à son fils, à Ouhoumoudou et bien d’autres chimères pour amuser la galerie.
Sur son parti, le FA Lumana, il ne lâche rien, il en est le père, le timonier “fondateur et leader” incontestable et le dirige d’une main de fer. Il est donc hors de question de parler de sa succession. Il est et demeure le président et candidat à vie. “…je reste et demeure son fondateur et son leader, bénéficiant de la confiance et l’estime de tous ses militants”, a-t-il indiqué à qui veut l’entendre, promettant de continuer à veiller scrupuleusement, ‘’comme je l’ai toujours fait, à son unité, et à sa sauvegarde face aux esprits malins”. Les élections présidentielles de 2021, il en est candidat, “Personne sur terre ne saurait l’empêcher ou il sera lui-même empêché.”
Sauf qu’il faut prendre très au sérieux Noma Oumarou. Hier au moment où Hama Amadou verse dans son quitte ou double, Noma informait l’opinion publique que le Congrès du 19 septembre qu’il a convoqué n’a pas pour ordre du jour l’investiture d’un candidat. Noma Oumarou a dit que ce n’est pas un meeting qui investit un candidat de Lumana FA mais bel et bien un Congrès tenu en bonne et due forme. Autant dire qu’avant l’étape de la Cour Constitutionnelle l’imbroglio judiciaire à Lumana FA reste entier. Et la ‘’personnalité morale’’ de Lumana FA a bien des soucis à se faire !
Tiemago Bizo