La Commission Nationale des Droits Humains(CNDH), a rendu public, vendredi dernier, un communiqué de presse. Il ressort dans ce communiqué que conformément à sa mission constitutionnelle de « veiller à la promotion et à l’effectivité des droits et des libertés » sur toute l’étendue du territoire national, et en application des dispositions des articles 19, 20 et 21 de la Loi Organique 2012-44 du 24 aout 2012, la CNDH a effectué du 17 au 25 mai 2015 à Diffa une mission afin de s’enquérir de l’évolution de la situation humanitaire et sécuritaire née des attaques du groupe terroriste Boko-Haram.
Selon le communiqué, la mission a mené le 28 mai 2015, des investigations au niveau des locaux de la cellule antiterroriste à Niamey où étaient détenus les 7 chefs de village mis en cause pour complicité d’association de malfaiteurs en lien avec une entreprise terroriste ; et a enquêté du 15 au 18 juin 2015 à la Maison d’Arrêt de Kollo et à l’Hôpital National de Niamey pour déterminer les circonstances du décès du nommé Boulama MADAYE, Chef du Village de Dagaya II. « Il résulte de cette investigation que le nommé Boulama MADAYE n’a nullement subi des actes de tortures ou de sévices corporels et autres traitements inhumains ou dégradants. Il est à noter également que : quatre cas (4) de méningite ont été déclarés dont deux (2) décès à la prison ; 430 doses de vaccins ont été achetées ; 357 détenus Boko Haram ont été vaccinés sur une population carcérale totale de 632 détenus », souligne le communiqué de la CNDH.
Sur le plan alimentaire, la région de Diffa connait depuis bientôt trois (03) ans une crise alimentaire récurrente liée aux inondations dans la vallée de la Komadougou Yobé et au déficit pluviométrique dans les zones dunaires. À cette situation est venue s’ajouter l’insécurité consécutive aux attaques de BokoHaram, entrainant un déplacement massif des populations et du bétail aggravant davantage la situation alimentaire et pastorale déjà préoccupante. Ce déplacement a également eu des conséquences sur la scolarisation des enfants, l’accès aux soins de santé et sur l’environnement. Selon les informations recueillies à la date du 23 mai 2015 par la CNDH, ce sont 42 îles qui ont été touchées dans le Département de Bosso avec 13.330 déplacés internes, accueillis sur le site de Yébi et 74 îles touchées à N’guigmi avec 16.307 déplacés internes et installés sur le site de Kimégana. En ce qui concerne la situation des habitants des îles du Tchad et du Nigéria ayant transité par le Niger, il a été dénombré 16.392 personnes dont 418 Nigériens, trois (3) Tchadiens, deux (2) Sénégalais, 143 Maliens et 15.826 Nigérians. Il est à noter qu’un autre site abritant des refugiés est installé à Sayam forage avec un effectif d’environ un (1) millier de personnes. Selon la CNDH, en plus des efforts fournis par le Gouvernement, les acteurs humanitaires se sont déployés afin d’apporter aide et assistance à ces populations, en dépit des difficultés liées au contexte sécuritaire.
L’instauration de la mesure de l’état d’urgence et ses corollaires notamment le couvre-feu et l’interdiction de la circulation des engins à deux (02) roues ont permis de réduire la capacité de nuisance de Boko Haram ainsi que le phénomène de l’insécurité résiduelle. Toutefois, certains acteurs ont déploré l’interdiction absolue de la commercialisation du poisson et du poivron, principales sources de revenus de la région dont le poivron à lui seul génère plusieurs milliards de FCFA par an.
Au Plan Sécuritaire, selon le communiqué, comparativement à la première mission de la CNDH, effectuée en mars dernier, la situation sécuritaire s’est nettement améliorée et demeure sous contrôle. Au nombre des mesures prises par les autorités régionales, pour ramener le calme et la quiétude sociale dans la région, l’on peut citer la restriction de la liberté d’aller et venir de 20H à 5H du matin ; l’interdiction de circuler sur tout engin (Moto) à deux (02) roues sur l’ensemble du territoire de la Région de Diffa ; l’interdiction de la pêche et de la commercialisation du poivron ; et la réglementation de l’approvisionnement en hydro carbures.
Du processus électoral en cours, la CNDH se félicite du démarrage du recensement en vue des élections générales que le Niger s’apprête à organiser en 2016. Elle indique que l’établissement d’un fichier électoral fiable doit être un signe annonciateur de la tenue d’élections crédibles, honnêtes, transparentes et démocratiques. La CNDH souligne qu’elle aura un regard observateur alerte et vigilant tout au long du processus, c’est-à-dire avant, pendant et après les élections.
Enfin, la CNDH indique avoir appris avec stupéfaction les dernières attaques perpétrées par Boko Haram dans les villages de Lamana et Oulouwa dans la Commune Rurale de Geskérou, dans la région de Diffa, et qui se sont soldées par une quarantaine de morts, plusieurs blessés, des dégâts matériels importants et des vivres emportés. Aussi, la CNDH présente-t-elle ses condoléances émues aux familles endeuillées et souhaite un prompt rétablissement aux blessés. Selon la CNDH, cette attaque démontre à suffisance la nécessité que chaque citoyen se transforme en sentinelle de la République pour soutenir les FDS dans leur noble et exaltante mission de sécurisation des populations et de leurs biens.
Oumarou Moussa(onep)
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