En Afrique, quand un vieillard meurt, c’est une bibliothèque qui brûle, disait en substance le sage Amadou Hampathé Bâ. Le vieillard n’est pas forcément celui qui a un grand âge. Le vieillard c’est beaucoup plus le sage auprès de qui on apprend. Sans doute, Chaibou Dan Inna, enseignant chercheur à l’université Abdou Moumouni de Niamey, faisait partie des sages donc des vieillards. Il était donc une bibliothèque. C’est cette bibliothèque qui vient de brûler.
Né en 1952 à Filingué, Chaibou Dan Inna a fait ses études supérieures à l’université de Niamey, puis en Côte d’Ivoire et en France. Il fut secrétaire général des ministères chargés de l’enseignement supérieur, de l’éducation nationale et du développement social. Il a été ministre des enseignements professionnel et technique dans le gouvernement du Premier ministre Brigi Rafini.
Récemment encore, il était membre du groupe d’experts sur le nouvel hymne national.
Il était un universitaire connu pour sa rigueur intellectuelle. Des milliers de nos enseignants de français lui doivent beaucoup pour avoir été leur encadreur avec un sens élevé de devoir.
On lui connaît des qualités de courtoisie, de pondération, d’engagement à la cause nationale et de conviction.
Il laisse derrière lui une documentation dense. Il était auteur de nombreux ouvrages et articles comme la « bibliographie de la littérature nigérienne » en collaboration avec un autre féru des lettres en l’occurrence Jean Dominique Penel, « une vie de cent carats », une pièce de théâtre engagée pour magnifier le rôle joué par le capitaine Thomas Sankara, « Yazi Dogo et l’art du théâtre populaire au Niger «, en hommage au célèbre acteur du théâtre nigérien Yazi Dogo, entre autres.
Chaibou Dan Inna restera dans la mémoire collective à travers ses œuvres littéraires. Un vrai trésor.
Tiemogo Bizo